La Terre promise - San

CHAPITRE 9

— Je vous ai vue tout à l'heure, et même les jours d'avant, vous êtes impressionnante. Vous vous débrouillez bien à cheval, vous participez activement à la vie de votre tribu, et vous tuez des bisons à partir d'une simple flèche, continua-t-il.

— Il suffit de bien viser pour les bisons. Après en ce qui concerne la vie au camp je n'ai pas trop le choix, nous ne sommes plus que treize à vivre tous ensemble. Nous étions près d'une cinquantaine. Et pour le cheval... disons que je rêve de travailler avec eux. Que lorsque je serai adulte je sois apte à succéder à celui qui m'apprend tout sur eux.

— Tout vous semble tellement simple, fit-il d'une voix calme.

— Je pourrais vous retourner cette phrase.

— Pourtant ça ne l'est pas.

— Ça ne l'est pas pour moi non plus.

Nous continuions de parler jusqu'à ce que le soleil commençât à disparaître. Lorsque ce fut le cas, l'homme m'aida à attacher le bison de telle sorte que nos deux chevaux pussent le tirer vers mon campement.

Nous y arrivions quand la lune apparut, que les étoiles étaient déjà dans le ciel et qu'un feu était tout juste terminé.

— Je vous conseille de ne pas aller plus loin si vous ne voulez pas être vu de mon chef ou de quiconque. Vous vous doutez bien qu'ils en ont tous après vous, et qu'ils n'auraient aucun scrupule à vous tuer.

— Et votre bison ?

— Je vais en parler à mon frère.

— Vous avez un frère ?

— Oui, plus âgé que moi.

— Très bien. Bon, de toute façon je dois retourner près de ma troupe. Ils ne doivent pas savoir que je suis descendu dans les plaines pour vous parler. Parce que maintenant vous savez que nous sommes ici.

— Vous allez faire quoi ?

— Pour ma part, tout faire pour que vous n'ayez pas à subir ça.

Il termina sur cette phrase et me fit un petit sourire avant de se remettre sur le dos de son cheval pendant que je détachai le bison qui en tomba.

— Passez une excellente nuit.

— Vous aussi.

Il repartit au petit galop pendant que j'essayai d'analyser rapidement la situation ; je venais de passer la journée avec un homme qui faisait partie du camp ennemi visant à tuer tout le monde pour conquérir l'Amérique, et cet homme m'avait prévenue que son colonel voulait descendre sur notre terre pour tous nous massacrer, pourtant lui ne voulait pas ça. Tout était confus dans ma tête.

Devais-je le croire ?