Miss T, nounou influenceuse (Tome 1)

Chapitre 1

J'ai les mains moites. Je transpire comme un camionneur texan. Pourquoi Texan ? Je ne sais pas. Les clichés ? Sans doute. 

Mais pour revenir à moi, il faut savoir que ce n'est pas de ma faute si je laisse échapper autant de liquide. Je suis en face de l'homme le plus terrifiant et sexy qu'il m'a été donné de voir dans ma vie. C'est vrai que les mannequins Instagram sont beaux, mais pour la plupart leur beauté irréelle s'arrêtait là. Cet homme était une photo Insta dans la vraie vie.

- Je suis heureux de vous recevoir, Mlle Taiwo. Je m'appelle Hiro Araki. Asseyez-vous.

Je me pose sur le fauteuil en face du sien. Il s'adosse complètement et croise ses jambes de manière élégante.

- Enchantée.

- Je sais que normalement, ça ne demande pas beaucoup d'énergie pour garder des enfants, mais ma fille est une personne vraiment sensible et a été déjà traumatisée par plusieurs de ses anciennes nounous. Elle supporte mal la présence de gouvernante.

Je hoche la tête pour faire comprendre que je suivais la discussion. Je me demande ce qu'elles avaient fait ces femmes pour traumatiser un enfant à ce point.

- Vous devriez faire en sorte qu'elle se réhabitue au contact humain et lui tenir compagnie en mon absence. Il me semble que vous n'avez aucune activité en ce moment.

- Oui, je fais une pause dans mes études afin de travailler.

Il fronce un peu les sourcils. Je n'aurai pas dû le dire de cette manière ? Pardonnez-moi, monsieur, de ne pas être boursière et de ne pas avoir de soutien conséquent venant de mes parents. 

Au final, il ne semble pas le prendre à cœur et se lève pour prendre un petit tas de feuilles sur la table avec un stylo qu'il pose devant moi.

- Lisez et voyez si cela vous convient. Vous pourriez commencer dès demain.

Je parcours doucement les lignes prenant mon temps pour ne pas être surprise dans le futur par une clause que je n'aurai pas vu. Je retiens les points importants comme :

- Je dois garder sa fille chaque jour.

- Dormir ici en son absence pour ne pas la laisser seule dans toute la maison.

et - bien sûr, - je rejette un petit coup d'œil à mon salaire à quatre chiffres.

A la fin, je suis satisfaite. Les demandes sont toutes normales. J'appose ma signature à la fin du document et il en fait de même. A peine nous avons fini qu'il se lève et me raccompagne à la porte.

- Bien vous pourrez commencer dès demain. C'est aussi demain que vous recevrez une copie du contrat.

- Merci, M. Hiro. A nous revoir demain.

A peine je disparais de sa vue et me retrouve dans le vieux tas de ferraille qui me sert de voiture que j'éclate de bonheur. J'avais vraiment besoin de ce travail. Ou plutôt de l'argent de ce travail. Pas que je sois une "Material girl", même dans ce cas ce ne serait pas grave. 

Mais je viens de perdre le plus grand sponsor de mes études universitaires : mon père. Il n'est pas mort, mais gravement malade et l'argent qu'il m'envoyait est utilisé pour payer ses frais d'hôpitaux. Les médecins ont dit que c'est assez grave parce qu'il a entretenu l'infection pendant longtemps et qu'il lui faudrait minimum un an pour s'en sortir. Il n'est pas au courant que son argent sert à présent à la soigner au lieu de scolariser sa fille. Il s'en voudra pendant longtemps. Je me suis arrangée avec ma mère pour qu'il n'en sache rien. 

Mais de mon côté, ça commençait à devenir sec alors je me suis plainte chez ma coloc'. Au début, je pensais qu'elle me proposerait des bailles louches (la connaissant, elle aurait été capable). Que n'est ni, elle m'a recommandée auprès de sa tante qui a une agence de babysitting. Comme cette dernière me connaissait déjà et qu'elle avait plutôt une bonne opinion de moi, elle m'a envoyé vers cette affaire.

Et quelle affaire ! Hiro Araki, un riche mania japonais, installé à Suncity depuis peu. Très connu pour son physique de rêve, mais aussi pour son divorce très médiatisé et aussi agité qu'une novelas. Il cherchait une nounou pour sa fille après en avoir renvoyé une énième. 

Le montant conséquent de ce service, même après avoir retiré le pourcentage de la commission de l'agence de babysitting, a fait briller mes yeux. Et voilà comment je me suis retrouvée embauchée chez l'une des personnes les plus riches et les plus convoités de cette ville.