Chapitre 8

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Le froid devient de plus en plus mordant, mais au lieu de rester tranquillement dans mon plumard, je vais accompagner mademoiselle dans son activité du jour. On est samedi et elle n'a pas cours, mais une activité  qui rassemble quelques gosses de riches. Je sais que je ne devrais pas le dire ni le penser de cette manière parce que ça donne l'impression que j'ai un problème avec eux. Mais quand je pense au fait que ça coupe mon glorieux sommeil, bien sûr que j'ai un problème avec eux.

Tout ce pourquoi je peux être heureuse est que la voiture a un système de chauffage vraiment efficace. Je n'ai pas à trop me les geler non plus. Je discute aussi avec le chauffeur dans le calme de l'espace alors que Momoi a le nez dans son portable et ne nous prête aucune attention cette fois. 

Lorsque nous arrivons dans le conservatoire, oui parce que mademoiselle fait de la danse classique, je veux descendre pour l'accompagner à l'intérieur, mais elle m'arrête.

- Ne viens pas.

- Je suis censé te surveiller.

- M'accompagner, pas me surveiller. Tu n'es pas mon chien. Je n'ai pas besoin de gardes. Je saurais bien me débrouiller toute seule.

Elle sort sans rien dire de plus. J'hésite vraiment sur le fait que je devrais la suivre avant d'être découragé par notre accompagnateur.

- Une de ses nounous a été renvoyée parce qu'elle a fait un scandale dans le conservatoire quand la demoiselle a fait croire qu'elle ne la connaissait pas et que c'était juste une personne qui voulait lui faire du mal. On a prouvé son innocence plus tard, mais parce qu'elle ne mettait pas la demoiselle de bonne humeur, on lui a interdit de revenir.

Ma salive eut du mal à passer. Je sais que cette fille a eu beaucoup de problème avec ses nounous, mais je me demande à ce niveau quelle est la mouche qui la pique pour qu'elle fasse ce genre de chose.

Le temps avance doucement et je pense que je m'ennuie. Le chauffeur est mignon et gentil, mais il semble aussi fatigué et je ne veux pas trop le prendre dans mes discussion. Je prends mon téléphone et me concentre sur mes réseaux. Je vérifie les nouvelles de mon groupe préféré et autres. Puis je vois que je ne suis pas la seule qui suit en ligne et qu'une certaine partie de mes fans sont en train de lorgner mon profil. Alors j'envoie un message :

"Live karaoké ?"

Je ne tarde pas à recevoir des messages positifs. Puis je me rends compte que je ne suis pas seule dans la voiture et je me demande si je ne devrais pas descendre pour laisser à Pascal l'espace pour se reposer. Je me tente quand même à lui poser la question. 

- Pascal ?

- Oui ?

- Est-ce que ça dérange si je fais un live maintenant ?

- Tu te filmes ?

- Oui, c'est ce que je faisais en dehors des cours, mais ça ne permet pas de vivre quand on est pas un grand nom.

- Ca ne me dérange pas.

- Je vais chanter. Tu as l'air fatigué et je ne veux pas te déranger.

- Au contraire, ça va m'aider parce que je ne peux pas me permettre de dormir pendant le service. La demoiselle peut revenir n'importe quand et elle détesterait me trouver en train de glander comme elle aime le dire.

Il rit et moi je suis un peu inquiète de savoir qu'une personne remplie de fatigue est celle qui va nous conduire. Mais j'ai entendu dire que les rotations sont une chose normale dans le manoir et ça se fait souvent pour que certains prennent des repos. Ca devrait bientôt arriver pour lui.

Je me hâte d'activer la caméra de mon téléphone et je me mets en direct et leur demande de me donner des chansons. 

- Shot glass of tears de Jungkook ? C'est ma préférée de l'album Golden donc on va commencer par elle. 

Je chante la chanson en lisant les commentaires pour choisir la prochaine chanson après celle-ci. Mais ça ne veut pas dire que je ne fais pas d'efforts dans ce que je suis en train de faire. Quand je fais tomber la dernière note, j'entends la voix de Pascal.

- Wahou ! Je ne pensais pas que tu allais me donner un tel spectacle. Je pensais vraiment que tu ne chantais que pour le fun.

Je ris un peu.

- Quand j'étais plus jeune, je chantais à la chorale de mon église. J'aimais vraiment ça.

- Tu as arrêté ? Pourquoi ? 

- Pour certaines raisons personnelles. Des doutes, je pense. Mais rien qui ne peut être guéri.

Je lui souris puis je remets mes yeux sur le fil de commentaires qui demande à qui je parle.

- C'est un ami que je viens de me faire. 

Je dis ça, mais je ne tourne jamais la caméra en sa direction. Je ne sais pas s'il aimerait être exposé comme ça par moi. Puis je me demande s'il n'y a pas un certain fandom pour son patron qui le connait comme étant le chauffeur de sa fille, je n'ai vraiment pas envie de me faire poursuivre par des fous et des folles.

Mon attention est repris par le direct et je chante jusqu'à ce que je sente Pascal me bouger sur le côté et je comprends que la petite princesse revient de son aventure. Je m'excuse rapidement et je coupe le direct aussitôt. Elle monte sans rien dire et se vautre dans son siège. 

La voiture est sur la route depuis quelques minutes et je remarque que nous ne prenons pas les itinéraires habituelles.

- On va où ? 

Je demande à pascal aussi vite que je le remarque.

- Tu ne regardes même pas mon programme correctement ? Intervient Momoi avec un petit son de mépris.

Je me souviens qu'il arrive qu'en ce beau jour, elle rende visite au travail de son papa quand celui-ci n'est pas dans des affaires qu'il considéreraient comme étant urgentes.

- Bien sûr que je le lis. Je viens juste de me souvenir qu'il arrive que tu y ailles quelques fois. Ce n'est pas comme si tu y allais chaque jour.

Elle ne dit rien et j'espère qu'elle n'est pas fâchée. Je devrais apprendre à fermer ma bouche. 

Nous arrivons et cette fois j'ai le droit de la suivre entre les murs de l'entreprise. Les gens jettent un coup d'œil curieux ou compatissant en ma direction avant de se détourner et de revenir à leurs occupations. Nous montons seules dans un ascenseur et arrivons au dernier étage. Dès qu'elle pose le pied sur le parquet, elle court en direction de son père qui est au téléphone, mais qui la prend dans ses bras dès qu'il la voit en continuant de discuter. 

Moi, je me tiens debout comme une conne parce que je ne sais pas trop si je suis censée me mettre ou rester là telle la conne que je suis. Mon supplice touche à sa fin quand on m'indique un divan dans le coin. Je me mets et je pense que ça va être une très longue après-midi pour moi. Je pense que je tiens la chandelle entre les deux. Elle fait ses devoirs et lui parle de temps en temps. Quand c'est compliqué, elle demande des explications, mais ne veut jamais que je l'aide alors que je connais certaines choses sur lesquelles elle pose des questions.

Son père me demande de ne pas insister quand elle ne veut pas d'aide parce que sa fille peut être vraiment têtue et je ne me fais pas prier. Je ne pense pas que le fait qu'elle risque de ne pas avoir toute la note finale me dérange tant que ça. Mes propres études sont en pause et cela fait longtemps que j'ai déplacé son niveau. 

Cependant, je ne peux m'empêcher de me sentir heureuse que malgré son caractère elle ait au moins une personne à qui elle fait confiance et que ce soit son père. J'ai moi-même beaucoup d'estime pour mon papa et pour tout ce qu'il a fait pour moi. Il a souvent été le seul à croire en mes capacités et à ce que je pouvais réaliser dans ma vie. C'est pour cela que je veux briller plus que les étoiles, pour qu'il puisse me voir encore plus grand que je ne le suis, pour que le monde puisse observer la fierté que mon père a élevé. 

- C'est le moment de renter, Taiwo. 

Quand la voix de mon patron me réveille de mes rêveries, je me rends compte que nous avons bien avancé dans la journée et que le soleil est déjà en train de se coucher. Je les suis en silence.

Miss T, nounou influenceuse (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant