Chapitre 4

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Je fixe l'homme qui est arrivé de manière impromptu. Je suis si surprise que je mets du temps à comprendre qu'il m'a parlé.

- Oui, c'est bien moi. Vous êtes ?

Il redresse ses lunettes penchées sur son nez rougi par l'effort.

- Je suis le secrétaire de M. Hiro. Je suis venu vous apporter une copie de votre contrat et vous montrer où vous devez vous installer.

Mes sourcils se froncent. 

- Ce n'est pas le travail de la gouvernante ?

Le pauvre a l'air embarrassé et se gratte nerveusement la peau de la main visible sous son costume.

- En temps normal oui, mais elle a déjà tant à faire ces derniers jours. Il a préféré ne pas la déranger avec ça.

- Je comprends.

Même si je ne sais pas en quoi elle peut être si occupée, je ne vais pas le demander parce que ce ne sont pas mes affaires. 

Nous nous déplaçons jusqu'à un petit salon et il sort de sa bandoulière un tas de papiers reliés les uns aux autres avant de les trier pour en ressortir ce que je pense être mon contrat de travail avant de me le tendre.

- Voici votre exemplaire. Vous pouvez le relire pour voir si c'est bien le document que vous aviez signé.

Je fais ce qu'il recommande parce que je n'ai pas envie d'avoir des surprises inutiles et désagréables. A mon bonheur, rien n'a changé et je pose ma signature sur cet exemplaire du contrat avant de signer un document de confirmation que je lui rends.

- Merci, Monsieur ?

- Paul.

- Merci, M. Paul.

- Ce n'est rien. Je ne fais que mon travail. Maintenant suivez-moi, s'il vous plait. Je vais vous indiquer votre lieu de résidence pour, je l'espère, vos prochains mois parmi nous.

Je ne relève pas sa remarque et me contente de le suivre dans le dédale de couloirs. C'est dans ce genre de situation que tu ne peux qu'être heureuse d'avoir une excellente mémoire parce que c'est assez long.

Mais des frissons me traverse le corps à chaque pas. Ce n'est pas pour être superstitieuse, mais je pense que ces portraits sur le mur me regardent. Il y a différente personne à chaque pas.

- Ce sont différents membres de la famille Hiro.

Je sursaute un peu quand je me rends compte que Paul me parle de nouveau.

- Désolée, j'ai été distraite.

Sans m'en rendre compte, j'avais ralenti le pas et mes yeux se concentraient plus à observer les peintures qu'à suivre mon guide.

- Ne vous en faites pas, ça fait toujours ça le premier jour.
- Comme si quelqu'un vous regardait dans l'ombre ? Demandé-je.
- Oui. Même s'il est probable maintenant que quelqu'un vous regarde réellement dans l'ombre.
- Pardon ? C'est hanté ? Je me dépêche de demander parce qu'on ne sait jamais si dans les prochains jours je devrais passer mes nuits à combattre les fantômes au lieu de dormir comme toute personne normale.
- Pas du tout. Répond-t-il, amusé. Je parlais de la gouvernante. Même quand elle est pressée, occupée, cette femme a le pouvoir d'apparaitre n'importe où entre les murs de la maison.

Je ne sais pas s'il tente de me rassurer, mais je ne vais pas le vexer en lui disant qu'il est médiocre à ça. Il n'y a rien que je déteste le plus comme les trucs surnaturels. J'ai une haine en particulier contre les fantômes et autres spectres.

- Je sens que je vais être heureuse de la croiser.

Nous finissons là nos commentaires et nous nous remettons à marcher.

- Normalement il serait logique de vous héberger dans l'aile des domestiques, mais le patron a déjà changé cette pratique trois nounous avant vous. Il préfère maintenant que les nounous de sa fille aient une chambre juste à côté de celle de la demoiselle.
- Je vois. Plus facile de m'appeler...comme un genre d'esclavage des temps modernes.
- Oui, en effet. Acquiesce-t-il joyeusement avant de prendre le temps de réaliser. Pas du tout ! Mais qu'est-ce qui vous fait penser à ça ?

J'avoue que je ne peux pas m'empêcher de rire. Il est tellement dépassé.

- C'était une blague.
- J'espère.

Je pense que je viens de foirer. Il me regarde comme si j'étais maintenant bonne pour l'asile.

Nous sommes dans un magnifique couloir. Ça se voit que c'est souvent nettoyé ici et qu'il y a de la vie. Je remarque de loin une porte remplie de post-it. Mais je ne m'approche pas plus parce qu'elle est un peu éloignée de la porte devant laquelle Paul s'arrête.

- Voici votre chambre, mademoiselle. Voici votre clé.

Il me la donne et je la mets à l'intérieur avant de la pousser pour jeter un rapide coup d'œil qui me laisse absolument ravie. Cette chambre fait la taille de notre appartement à Sarah et moi. Je pense que si je lui dis, elle va même vouloir venir vivre ici. C'est spacieux et c'est déjà meubler.

- Je vais me sentir comme chez moi.
- Nous l'espérons bien. La dernière chose que le patron veut est que vous soyez tendue sur votre propre lieu de travail. Bien, il est temps pour moi de vous laisser.

Paul me tourne le dos afin de faire demi-tour.

- Et comment je fais pour le déménagement ? Ne m'empêché-je pas de lui demander.

Je ne reçus jamais ma réponse, mais j'eus le plaisir de voir un humain agir comme le Lapin Blanc dans Alice aux pays des Merveilles. Au bout de quelques secondes, il avait disparu dans le dédale.

Pour le coup, je ne peux qu'être une grande fille et me débrouiller comme elles le font. Courage à moi.

Miss T, nounou influenceuse (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant