Je pousse la porte de mon appartement doucement et ne fais pas de bruit alors que je me déchausse dans l'entrée.
- Taiwo, tu es rentrée ? Me crie une voix depuis la cuisine.
- Oui, maman.
- Très drôle. Souffle Sarah, ma colocataire en apparaissant près de l'entrée.
Elle tenait une louche dans sa main et ses cheveux roux étaient ramenés vers l'arrière dans un chignon sûrement pour éviter le drame de l'incendie capillaire de la dernière fois.
- Alors dis-moi tout, poussin.
- Te dire quoi ?
Je prends un air faussement peiné alors que j'avance vers elle. Elle fait une moue triste et déçue en m'ouvrant les bras.
- Ne t'en fais pas, poussin. La prochaine fois sera la bonne. Au pire des cas, si tu manques vraiment d'argent, je peux devenir ta sugarmommy.
J'éclate de rire.
- Si je n'avais pas réussi à avoir ce travail, tu aurais pu me convaincre.
Son visage retrouve des couleurs alors qu'elle se précipite vers moi.
- Bâtarde ! Tu sais comment je me suis inquiétée pour toi ?
Elle sert ma tête dans le creux de son aisselle et y fait pression.
- Je suis désolée. Mais ce n'est pas de ma faute. C'était trop tentant de te faire cette blague.
Sarah finit par me lâcher et me donne une tape sur les fesses avant de retourner à ses fourneaux.
- Va te débarbouiller et te changer. La tambouille sera prête dans un quart d'heure.
Je ne perds pas de temps et me débarrasse de tout ce qui m'encombre pour prendre une bonne douche rapide. Je me dépêche afin de consommer chaud le repas de ma coloc'. Sarah est l'une des meilleures cuisinières que je connaisse. A son tour, elle dit aussi que je peux être à égalité avec sa mère. Je lui ai promis de ne pas le répéter. Au moins, ça prouve qu'on ne meurt pas de faim ou par consommation de bouffes malsaines.
Un quart d'heure plus tard, nous sommes attablées devant l'une des télénovelas stupides qu'affectionnait Sarah.
- Non, Estéban ! Tu ne vois pas que cette garce essaie de te manipuler ? Va rejoindre ta chérie. Elle ne mérite pas que tu la trompes avec cette pouf. Estéban, si tu l'embrasses, j'arrête la série.
- Ce n'est pas comme s'ils allaient t'entendre. Ca fait des années qu'ils ont fini le tournage.
Je marmonne doucement dans ma barbe pour ne pas me faire remarquer. Mais elle a l'ouïe fine et me foudroie du regard.
- Dis-moi.
- Oui ?
- Tu comptes continuer sur tes réseaux ?
Elle me pose une question à laquelle je n'étais pas prête sur le moment, mais sur laquelle j'avais déjà réfléchie.
- Oui, je vais continuer. Même si ce n'est pas beaucoup, je gagne de la notoriété au fil du temps. Un jour sans doute, j'aurai un gros sponsor éthique et je pourrai m'en faire plein les poches sans avoir peur de vendre de la merde à mes abonnés.
- Je te conseille de faire attention avec. Ces hommes riches savent toujours tout sur tout. Et peut-être que tu risques de perdre ton travail.
- Pour quelques photos en lingeries ? A moins que son esprit ne soit vraiment sale, je ne vois pas ce que peuvent faire ces quelques photos. D'ailleurs, je ne vais plus poster des photos de ce genre et peut-être que ceux que j'ai mises vont bientôt disparaître.
Sarah a l'air surprise.
- Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? Tu n'as plus confiance en toi, girl ? Ou c'est les connards qui viennent te draguer dans tes dm. Je peux le régler si tu veux.
- Ne t'en fais pas. Je n'ai aucun problème de ce genre. C'est juste que j'ai décidé de recommencer à aller à l'église.
- Oh, je vois. Tant mieux pour toi, girl. Mais dis-moi comment tu le trouves ton patron ?
Tout de suite, elle change de sujet. Je peux parler de n'importe quoi avec elle, mais dès que vient le sujet de relation avec Dieu, il n'y a plus personne. Mais elle est une amie précieuse et je ne tiens pas à la mettre mal à l'aise. Donc je la suis dans son initiative.
- Physiquement, il est très beau.
- Beau comment ?
- Comme sorti d'une publication Insta.
- Lord, have mercy.
- Tu n'as pas idée.
Je ris un peu en la regardant faire la carpe. Puis son expression change en une un peu plus timide. Mes sens me disent de me mettre à couvert.
- Et ça te dirait de le...
Je savais qu'elle allait dire une bêtise. Je l'interromps.
- Non, il en est hors de question.
- Mais tu ne veux pas goûter ? Même un peu ?
- Je suis la babysitter de sa fille, Sarah. Puis je t'ai dit que...
C'est à son tour de me couper et de mimer théâtralement :
- Moi, la Sainte Taiwo ai décidé de ne jamais le faire jusqu'au mariage. Oui, oui, je me souviens.
Elle se lève et s'en va débuter la vaisselle.
Je soupire un peu. Mais je sais que j'ai raison de ne pas tomber dans ce genre de pièges. Souvent ils vont juste jouer avec toi, puis dès qu'ils remarquent que tu ne leur conviens plus ou que tu as l'air cassé, ils te jettent sans remords. Ils ont l'argent et le pouvoir. Qu'est-ce qui pourrait les empêcher de conquérir des femmes à tour de bras ? Ce piège de croire qu'on pourrait quand même leur convenir, je ne vais pas tomber dedans.
Je ne dis pas que tous les hommes riches sont comme ça, mais il y a peu d'exception. C'est rare les mariages de classe où l'amour perdure, où les conjoints ne se séparent pas après un an et commencent une bataille juridique pour des biens matériels. On ne vit malheureusement pas dans un roman à l'eau de rose.
Je lâche encore un soupir avant de me décider d'aller faire ma vaisselle.
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Miss T, nounou influenceuse (Tome 1)
RomanceJe voulais une carrière dans l'influence, mais ce n'est pas à cause d'elle que j'ai arrêté d'étudier. Mon père malade, me voilà dans une carière de nanny. Malheureusement, je n'aurai jamais dû croire que ça allait être une promenade de routine pend...