Chapitre 11

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La mannequin qui malgré son âge et son accouchement n'avait pas perdu de son charme s'avance vers moi et me fait face comme si j'étais un parasite. Momoi quitte mes côtés et passe derrière elle, contemplant le spectacle d'un œil morne. Et je ne sais pas si c'est une illusion, mais je crois que ses yeux brillent quelque peu.

- Je ne pense pas que je t'ai demandé quelque chose. De toutes les manières, vous les chiens de la sociétés, vous êtes toutes les mêmes.

- Et je pense que je devrais corriger ce que je ne suis pas. Je fais simplement mon travail.

Un faux sourire est figé sur mon visage alors que je retiens tout mon corps pour ne pas lui mettre une droite. Je ne sais pas ce qui se passe entre elle et mon patron et je n'aimerai pas que par amour pour son ex qu'il aime encore qu'il puisse me renvoyer parce que je lui aurai envoyé un crochet du bon Dieu.

- Je ne sais pas où il t'a ramassé toi, mais il a vraiment creusé très profondément dans les bas fond. Après tout, le seul bon gout qu'il a eu dans sa vie, c'est moi.

- S'il aime le citron vert, je confirme. 

Je peux voir sa mâchoire se contracter alors que je ne cesse de la regarder dans les yeux sans me détourner avec mon petit sourire en coin. Finalement, on va s'en battre un peu les roubignoles de perdre ce travail. Je ne vais pas laisser cette bimbo me marcher dessus. Je suis une congolais, je suis une Luba. La fierté, c'est dans mon sang. La vantardise aussi, mais ça c'est un autre sujet.

- Je vais avoir pitié de toi et ne pas faire de rapport sur le fait que tu me manques de respect et devant ma fille en plus. Mais je suis convaincue que ton sugardaddy serait heureux de l'apprendre dans le futur.

- Si j'avais votre ex comme sugardaddy, vous pensez que j'allais perdre mon temps à babysitter votre fille ? Je serai en train de dépenser son argent et je l'aurai bien fait. Mais oh ! Tous les gens qui passent dans cette maison ne sont pas comme vous. Je ne pense même pas que vous vous soyez mariés par amour.

La gifle qui a raisonné dans la pièce était bruillante et tout de suite je l'attrape par les cheveux et les tord aussi fort que possible. Quand elle crit de douleur, des gens sortent de tous les coins pour me détacher. Je ne leur laisse pas de temps et je m'éloigne en saluant Momoi de la main.

- Je ne pense pas que je viendrai te chercher. Ne m'en veux pas, je ne serai peut-être même plus là demain. 

La petite avait l'air terrifiée cependant et elle ne m'a même pas répondu. Comme tout le monde voulait aider celle qui faisait tout un drame sur le sol, il n'y avait presque personne pour me suivre. Ce n'était qu'une vieille dégarnie qui m'a surprise.

- Vous allez regretter ce que vous venez de faire.

- Alea jacta est. Tenez votre chienne plutôt.

Le pauvre chauffeur manque une crise cardiaque quand je monte précipitamment.

- Démarre. Nous devons partir.

- Taiwo ? Ta joue ! 

- On a pas le temps ! Je le dis en criant parce que je suis sur les nerf. 

C'est la dernière chose que je veux que les gens relèvent alors qu'on est sans doute, à cause de ma connerie, sur le point de se faire coincer. Il met le contact et on sort par la porte principale et on roule rapidement sur la route. Je me permets enfin de vider mes poumons en me demandant qu'est-ce que je dois commencer à faire maintenant que j'en suis là ? Envoyer mon C.V. à tous les domaines qui ne touchaient pas aux riches semblait une idée merveilleuse.

- Je suis désolée. Je ne voulais pas te crier dessus. Je n'ai même aucun droit là-dessus. 

- Au moins, tu n'es pas sortie de là en pleurant. La précédente gouvernante était inconsolable à chaque fois qu'elle a eu le malheur d'y entrer. Madame, enfin je veux dire l'ex-femme du patron est une personne obsédée.

- J'ai vu ça.

Je ferme les yeux, la tête sur le dossier. Quand la voiture se gare enfin, je ne pense pas à aller toute de suite dans ma chambre, je risque juste de faire une crise de colère. Je me promène dans les parties les plus vertes du jardin qui est devenu un peu plus sinistre à mes yeux maintenant que j'ai vu la personne qui en a fait l'architecture et la couleur. J'avais raison de penser que son niveau d'amour était trop grand, trop fort pour son compagnon. Elle est toxique, étouffante.

- Taiwo ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

Je me retourne et je vois Paul qui vient vers moi. Il fronce les sourcils quand il regarde ma joue. Je ne pense pas que ça devrait se voir autant que ça.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu viens de voir un fantôme ?

- Tu t'es battue ? 

- Disons que j'ai cogné et que je risque de perdre mon travail. Sinon tout va bien.

- L'ex-femme de monsieur ?

- L'ex-femme de monsieur. Elle frappe fort.

- Ca se voit. Il faut mettre de la glace avant que cela ne devienne trop sombre.

- Je ne sais même pas comment est-ce qu'elle a réussi ce miracle que cela puisse se voir sur ma peau.

Je tente de le faire rire, mais j'échoue lamentablement et me fais juste conduire jusque dans la cuisine comme si j'étais un enfant. Nathalia qui ne se voit jamais quand on a besoin d'elle est bizarrement là. Mais elle ne dit rien. Elle regarde juste Paul me forcer à m'asseoir sur un tabouret avant de me prendre de la glace dans le frigo et de m'aider à l'appuyer sur la trace. Je fais une grimace quand je remarque enfin la douleur que ça me provoque.

- C'est mieux maintenant ?

- Je pense que ce sera mieux si ça disparaissait de soi-même.

Je ne sais même pas quoi dire. Mon esprit est encore en désordre quand je pense au fait que je vois peut-être me mettre en action pour trouver pire ailleurs.

- Le mieux serait aussi que je commence à présenter mes aurevoirs.

- Pourquoi ? Demande Paul. C'est l'ex-madame qui vous a agressé, n'est-ce pas ?

- Bien sûr que oui !   Sinon je n'allais pas me donner la peine de l'attraper par les cheveux dans le vide.

Cette fois, l'attention de Nathalia est plus forte alors que Paul s'écrit :

- Tu as fait quoi ?

- C'était un reflex ! Elle s'est permis de me gifler et de me traiter de pute dans les cinq minutes qu'on a passé ensemble. Je l'ai juste jeté à terre. Rien de grave.

- Je prierai pour que vous ne puissiez pas être jeté à la porte à l'instant où monsieur passera celle de la demeure. Je n'ai vraiment pas le temps de gérer la demoiselle.

Ce fut la seule phrase de Nathalia avant qu'elle ne quitte la pièce me laissant avec Paul qui ne savait pas quoi me dire de plus. 

- Je pense que je vais faire une enquête avant que les preuves ne disparaissent. Cette famille est réellement capable de tout transformer pour te mettre en mauvaise position. Il vaut mieux avoir ses armes prêtes. Fais attention à toi et ne sors pas les prochains jours.

Paul me prévient tout en sortant de la pièce. Je commence à m'en vouloir d'avoir été autant impulsive. Le pauvre transpire de partout alors que nous avons à peine marcher. Mon cœur tremble quand je pense à monsieur Hiro qui est sans doute à l'autre bout du monde. J'espère vraiment qu'il n'est pas toujours amoureux de son ex ou du moins que c'est quelqu'un de censé même si cet adjectif ne semble pas beaucoup existé chez les riches.

J'envoie un message à Sarah pour qu'elle se prépare déjà à me voir squatter sa chambre.

"Je pense que je vais me faire virer."

Miss T, nounou influenceuse (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant