Chapitre 9

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Après une semaine de plus à avoir la gamine sur le dos, je suis enfin libre et je peux faire une des chose que j'aime le plus : me filmer sur le net. J'enfile des vêtements un peu chaud parce que le froid de l'automne et je vais me promener dans le jardin qui est devenu mon point de repos préféré malgré le fait qu'il n'y ait pas beaucoup de fleur d'hiver et que c'est donc assez pauvre en ce moment. Pourtant l'aura de cet endroit n'a pas disparu juste parce qu'il lui manque des couleurs.

Dans les couloirs, je croise deux, trois personnes que j'ai pris l'habitude de voir et je les salue sans plus les déranger dans leur tâche, je sais que je ne suis pas tant occupée que ça, mais eux doivent prendre soin de cet énorme manoir. Je n'ai pas la chance de les connaitre autant que je le voudrais parce que je suis condamnée à prendre mes repas avec la fille et son père et seulement avec la fille quand le père est absent et ce ne sont jamais des moments de plaisir.

 Vraiment pas quand je suis constamment obligée de tenir la chandelle ou carrément de servir de chandelle parce qu'ils se comportent toujours comme si je n'étais pas dans la pièce avec eux à part quand Momoi décide de me lancer quelques piques.

Aujourd'hui, rien de tout cela et je remercie le seigneur qu'elle est allée en visite chez sa mère et que je n'ai même pas eu besoin de l'accompagner pour cette fois. C'est Monsieur Hiro lui-même qui l'a fait. Je me demande s'il n'est pas toujours un peu amoureux de son ex. D'ailleurs, j'ai vu une photo d'elle et des articles qui parlaient de son immense beauté qui l'a amené sur les plus grands défilés. C'est une mannequin hors pair qui est devenu un peu déphasée depuis son divorce. 

Je ne vais pas mettre plus d'avis sur leurs affaires vu que je ne sais pas très bien ce qui a pu se passer entre eux. Tout ce que je sais est que Momoi le vit encore très mal et est très démonstrative de son aigreur envers toutes celles qui aimeraient devenir la prochaine madame Hiro. Si elle pouvait juste me lâcher la grappe. L'argent de son papa ? Oui, je le prends avec plaisir. Mais me retrouver en couple avec lui ? Je ne pense pas que je me sentirai à l'aise avec ça.

Je vide quelque peu mes pensées de tout ce qui y demeure et je démarre un direct dans les jardins comme je l'avais fait quelque fois. Je parlais un peu plus quand je fis la remarque sur le fait qu'il y avait encore quelques fleurs qui tenaient bon malgré les températures qui commençaient à chuter.

- Vous savez, parler de fleurs m'a rappelé une anecdote de lycée que je vais vous raconter. Il y avait ce garçon que j'aimais bien, mais je pensais qu'il était trop bien pour moi parce que je n'étais pas la plus grande des lumières pendant ces années-là, j'étais même plutôt tête en l'air et j'adorais faire le contraire de ce qu'on me demandait. 

Ma storytime n'était pas très longue et aurait pu se boucler en quelques phrases, mais je n'avais pas envie de couper le live maintenant alors je me mis à parler de comment j'ai appris le langage des fleurs dans le simple but d'en offrit à ce garçon et qu'il puisse lire mes intensions correctement, mais qu'il ait offert mon bouquet à une autre fille avant de me dire le lendemain que je n'étais pas assez jolie devant toute la classe. C'était vraiment une honte monumentale et depuis je ne me donne pas autant de peine pour faire part de mes intensions à une personne dans laquelle je serai intéressée.

Alors que je me suis transformée en professeur pour un moment en informant les gens sur tel ou tel plante qui produisait telle fleur et la signification de ces fleurs, je me suis un peu perdue dans mon entrain et je ne savais plus m'arrêter. Je me suis rendue compte que quelqu'un m'observait quand je me suis relever d'une dernière présentation d'une des rares fleurs qui tenaient encore le coup en ces temps froids. Je me suis dépêchée de couper le direct avant de parler à la personne qui n'était autre que mon patron. 

Je pense que je suis quand même un peu stressée. Mais je me dis que si Nathalie ne m'a rien dit, c'est que monsieur Hiro aussi est d'accord d'une certaine façon tant que lui et sa fille ne sont pas mêlés à ça.

- Bonjour, monsieur.

Je ne l'avais pas vu ce matin parce qu'il ne m'avait pas obligé de venir déjeuner avec sa fille comme d'habitude. D'après le cuisinier avec qui j'ai mangé, Momoi est souvent de bonne humeur les matins où elle doit partir voir sa génitrice et la dernière chose que son papa voudrait est que son humeur retombe et que sa femme l'harcèle de messages et d'appels pour lui demander de cesser de maltraiter leur fille sinon elle en prendrait correctement la garde. 

Il ne me répond pas de suite. Je pense qu'il réfléchit sur les mots qu'il s'apprête à employer. Tout sauf un renvoi, je ne pense pas que je peux survivre à un renvoi.

- Bonjour. Je ne pensais pas te croiser ici. 

- Moi non plus. Vous êtes sortis de nulle part.

Mon moi intérieur se révolte pour dire que je devrais prendre exemple sur lui et ne pas me précipiter pour dire les choses. Le gars est chez lui et je lui dis que je suis surpris de le voir dans son propre jardin.

Il ne sourit pas, mais ne me regarde pas non plus comme si j'étais sans valeur.

- Vous vous y connaissez en fleur ?

- Oh ça ? Quelques connaissances pas folles que j'ai eu d'une expérience au lycée. J'ai juste appris un peu le langage des fleurs.

- Vraiment ? 

Il vient plus près et je pense que je suis un peu intimidée. Oui, je ne le répéterai jamais assez. Qui ne le serait pas à côté de son patron de plus d'un mètre quatre-vingt-dix ? 

- Je n'y connais pas grand chose parce que je ne m'occupe pas de ça. Mais j'aime bien les observer.

Un œil nostalgique passe sur les étendues verts d'où ne luisent que quelques couleurs.

- C'est mon ex-femme qui l'a conçu. Elle adorait s'impliquer dans ça. Elle a tenté plusieurs fois de me faire comprendre le langage des fleurs, mais en dehors des roses, je suis nul pour le reste. 

J'espère qu'il ne va pas commencer à me raconter sa vie avec son ex pare qu'il n'y a rien de pire qu'un patron qui commence à vous ouvrir son cœur.

- Tu viens à peine d'arriver et j'espère que tu resteras assez longtemps pour voir la beauté rouge et or du jardin. Elle n'a choisi que des fleurs de cette couleur. Ne perdrez pas votre chance de longévité dans ma maison juste parce que vous voulez du buzz sur les réseaux.

Ca y est. Nous y voilà. Ce serait vraiment bizarre s'il ne disait rien là dessus.

- Ne vous en faites pas. Je saurai me montrer discrète. 

- C'est ce que j'attends de vous. Je ne suis pas contre le fait que vous vous affichiez, mais tentez de ne pas faire savoir au monde que vous gardez ma fille ou que vous êtes dans ma maison. Je n'ai pas envie de gérer une crise médiatique ou personnelle en ce moment. Les journaux finiront sans doute par faire sortir cotre identité, mais je ne veux pas que ce soit par vous que ça se sache. Compris ?

- Oui.

Il se retourne sans autre mot et va en promenade. 

Un lourd soupir quitte mes poumons et je décide de rentrer me reposer dans ma chambre jusqu'au dîner. Je commence à avoir une migraine de stress. Cet homme, c'est vraiment un iceberg. Tu m'étonnes qu'il a divorcé de sa femme. Elle m'a l'air d'avoir été trop amoureuse. Un jardin en rouge et jaune ? Rouge sans doute pour l'ardeur de ses sentiments et jaune comme l'harmonie. Combien d'amour avait-elle à donner ? Malheureusement pas assez pour faire fondre la montagne de glace qu'elle avait épousé. Une histoire bien  tragique.

Miss T, nounou influenceuse (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant