Chapitre 3

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Le lendemain, à sept heures tapante, je me retrouve devant la porte de la demeure de mon employeur. La personne qui m'ouvre une jeune femme que je devine être une femme de ménage. 

- Bonjour, Mlle.

Elle me salue sur un ton très poli. J'en suis même surprise. Je pense que je vais arrêter de lire des livres où les femmes de ménage se croient tout permis juste parce qu'elles sont les personnes les plus proches des installations de ces messieurs.

- Bonjour.

- Monsieur et la petite Mlle déjeune dans la salle à manger. Ils m'ont prié de vous y accompagner pour que vous vous joignez au repas.

Je sens mon estomac se contracter au mot "déjeuner". Ce n'est pas que je suis une retardatrice, mais j'ai eu des sommeils peu équilibrés ces derniers temps. Je n'ai pas eu le temps de manger ce matin. Le résultat de ce manque se fit connaitre lorsqu'à peine j'arrive dans la salle à manger et que j'ouvre ma bouche pour les saluer que mon estomac se contracte et gargouille.

Moment de gêne. Je ne sais pas quoi dire.

- Bonjour, monsieur. Désolée, je n'ai rien avalé ce matin.

- Ce n'est pas grave. Asseyez-vous.

Il est au bout de la table et je remarque sa fille qui mange à ses côtés, la tête baissée. Je me dis que ce serait impolie de m'asseoir à ses côtés ou trop loin alors je me mets près de sa fille.

- Bonjour, Mlle.

Elle ne me répond pas et se tasse un peu plus dans son siège.

- Momoi, sois polie.

Ladite Momoi ne relève pas son visage pour me saluer, mais elle me dit doucement presque dans un murmure.

- Bonjour.

Même si elle ne me fixe pas, je lui souris doucement. Après je me concentre sur la table et me rends compte que je dois retenir mon énorme estomac pour ne pas manger le quart de ce qui s'y trouve. Je suis peut-être un peu gourmande, mais ce n'est pas de ma faute si j'aime autant manger.

A ma première tasse de thé, M. Araki se lève.

- Je vais au travail. Je vous appellerai dans la journée.

- D'accord, M.

Il se penche vers sa fille et lui donne un baiser dans les cheveux.

- Au revoir, lapin.

- Bonne journée, papa.

Il s'en va. A peine, il passe le pas de la porte qu'elle se retourne vers moi.

- Si tu penses que je vais te laisser séduire mon père et devenir ma belle-mère, tu peux toujours rêver. J'ai réussi à faire renvoyer toutes celles qui sont passées avant. Tu ne feras pas exception.

Elle avait l'air si sérieuse, mais elle m'a fait pouffer de rire et donner envie de lui pincer ses joues.

- Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? Tu te moques de moi ?

Elle devient rouge.

- Désolée. Juste que tu es trop choux quand tu menaces. Je ne te prends pas trop au sérieux. Mais je peux te faire la promesse de ne pas séduire ton papa. Je ne suis pas venue pour ça de toute façon.

Elle n'a pas l'air convaincu.

- Je m'appelle Taiwo. J'ai vingt-cinq ans.

- Momoi, treize ans.

- Bien Momoi, je pense qu'il est temps pour toi d'aller à l'école, non ? Tu risques d'être en retard.

Nous ne nous disons plus rien et nous concentrons sur la bouffe. A un moment, je me rends compte que j'ai oublié que je n'étais pas chez moi, mais que je me sentais trop rassasié. Comme je le pensais, j'ai mangé plus que prévu. A mes côtés, je vois Momoi me fixer avec ... dégoût ?

- Ne me regarde pas comme ça. Je mange juste un peu plus que la moyenne.

- J'ai vu ça. Ne fais pas ça devant papa, s'il te plait, ça va le faire fuir. Ou finalement, fais-le.

J'avais voulu répondre quand un grand gars musclé se présente avec un minuscule sac à dos.

- Mlle, c'est le moment de partir.

- Ok, j'arrive.

- Je vous attends à la voiture.

Il sort. Momoi se lève de table et se dirige vers l'entrée.

- Bonne journée. Lui dis-je.

Elle a l'air choquée puis rougit avant de s'en fuir littéralement. Je ne sais pas vraiment quoi penser de cette situation. Plus important encore : je suis censée la garder, mais elle vient de partir à l'école. En attendant, je fais quoi moi ? Je ne suis pas la gouvernante du manoir, je suis la nounou. Je m'occupe exclusivement de la demoiselle et ne suis pas sous ordre de la cheffe des domestiques.

En même temps que je lâche un soupir à deux pas de me traiter de conne, un bel homme entre dans la pièce, le visage un peu rougi comme s'il avait couru.

- Je suis désolé d'être en retard. Vous êtes Mlle Taiwo ?

Miss T, nounou influenceuse (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant