Sang du Dragon

V. Daenerys

> ATTENTION !! Ce chapitre contient un très gros spoil, ne pas lire si vous n'avez pas terminé la Saison 7 de GOT et si vous tenez à ne pas être spoilés.

      Les yeux fixés vers le sol, Mériss se tient droite. La reine est en colère, Drogon et Viserion à côté d' elle. Son regard est dur, son ton est froid. Elle est impérieuse dans la salle du Trône. Jon Snow, assit à sa droite se pince les lèvres en observant la jeune femme positionnée devant eux, humble et soumise. Torgonudo se contente d'attendre le moindre signal de sa reine, même si Mériss est une amie, la volonté de sa reine reste maîtresse de son arme. Daenerys plisse les yeux, retenant sa colère par amitié.

-Mériss, siffle t-elle, tu n'as pas à prendre ce genre de décision sans l'aval préalable de ta reine.

-Je ne crois pas qu'elle ait voulu te contrarier, dit doucement Jon Snow.

Daenerys lui jette un regard en coin, depuis qu'elle sait qu'il est aussi un Targaryen, elle a du mal à conserver pour lui une foi inébranlable. Seule devant l'imposant trône de fer, Mériss garde une posture baissée mais quelque chose en elle s'est brisé. Elle n'aurait jamais imaginé que sa reine puisse réagir de cette façon en apprenant qu'elle avait libéré Sandor Clegane. Il doit être à mille lieues de Port-Réal maintenant. Elle essaie de réfléchir, mais elle ne comprend pas. N'était-ce pas la politique de sa reine jusqu'à présent ? Libérer les innocents ? D'après les servantes Sandor Clegane n'avait rien à se reprocher à l'encontre de sa majesté ... Daenerys lui demande de lever les yeux vers elle, Mériss s'exécute sans un mot. Les deux dragons approchent leurs gueules de la jeune femme, elle sent le frémissement de leurs naseaux. Finir dévorer par ceux-là même dont elle s'occupait a quelque chose de terrible, comme une trahison. Elle sent, à son comportement, que Viserion pourrait refermer ses mâchoires sur son corps menu.

-Je te pardonne, lâche finalement Daenerys.

-Ma reine ...

-Mais je te destitue de toutes tes attributions et te demande, en pénitence, de sacrifier ta beauté.

Mériss écarquille les yeux en fixant sa reine, Jon réagit rapidement.

-Qu'est-ce que tu veux dire ? S'écrie t-il.

Daenerys lève une main pour lui intimer le silence et ordonne à Torgonudo de couper les cheveux de la jeune femme. Mériss sent son pouls accélérer, sa chevelure caramel, celle qui était si chère à son clan, celle que les femmes ne coupent qu'au moment d'enfanter pour la première fois. Jon semble rassuré, ce ne sont que des cheveux ; Mériss ferme les yeux en serrant les dents, c'est culturel il ne peut pas comprendre. Les hommes et les femmes de son clan gardent les cheveux longs, symbole de leur beauté, c'est une reconnaissance sociale, c'est aussi un don fait aux dieux. Daenerys le sait, Mériss la fixe alors que Torgonudo coupe ses cheveux d'un geste sec avec un couteau aiguisé. Par respect, il a prit soin de lui faire le moins mal possible en maintenant les racines, en souvenir de son ancienne amitié pour Missandei.

-Maintenant tu peux disposer.

Mériss acquiesce, aucun mot ne pourrait sortir de ses lèvres de toute façon. Les dieux ne voudront plus jamais veiller sur elle, ses aïeuls ne pourront plus jamais la retrouver dans l'Après-Vie. Et elle ne pourra jamais enfanter dans la bénédiction des dieux, plus maintenant. Elle sort du palais sous le regard des Immaculés et descend les escaliers de pierre en direction de la ville. Quand elle traverse les rues de Port-Réal, la réalité la frappe tout à coup. Les dothrakis ont envahis la ville et les habitants sont si peu nombreux que les seuls qui restent sont des filles de joie, des marchands ou des gens pauvres qui se terrent dans leurs maisons. Mériss n'avait jamais vu, du haut du château, à quel point le monde était pourri.

-Mériss, tu n'es plus camériste de la reine.

Les sons gutturaux du dothrakis la surprennent, elle lève les yeux pour reconnaître Lajatto, le guerrier dothraki, et sa longue tresse noire qui lui descend dans le bas des reins.