XIV. Jon Snow

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      Fière et droite, la reine fixe les deux hommes agenouillés devant elle, ses deux dragons fichés dans son dos, prêts à obéir. Torgonudo les pointe de sa longue lance, attendant la moindre demande de sa reine.

-Une dernière fois, je vous le propose, clame Daenerys.

Elle tend ses deux paumes vers le ciel avant de poursuivre. Les deux hommes conservent le regard fixé sur le sol, graves, convaincu de leur mort à venir.

-Soit vous me jurez fidélité ici-même et donnez vos armes à mon combat pour renverser mes ennemis illégitimes, soit je vous donne en pâture à mes dragons. Que décidez-vous ?

Le plus jeune des deux soupire, le plus âgé relève les yeux. Il dévisage Jon Snow qui se tient en retrait, une expression dure et déçue.

-C'est aux Stark que j'ai juré fidélité, avoue t-il.

Il se tourne vers la reine qui plisse les yeux, de hauteur, presque de méprit. Elle ferme ensuite les yeux en soupirant, ce n'est pas de sa faute après tout si ces hommes ne veulent reconnaître leur erreur. Son projet a de l'envergure, de l'importance, et nécessite une foi inébranlable. Elle rouvre les yeux, les deux hommes la fixent avec courage alors que l'immense tête noire de Drogon s'avance lentement au-dessus de la reine. Elle baisse les mains, majestueuse.

-Dracarys.


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      Les deux dragons lèvent leurs cous et lâchent des torrents de flammes sur les deux ennemis de leur reine, faisant disparaître leur existence de la surface de la terre. Alors que les deux hommes se réduisent en cendre derrière elle, la reine entre dans ses quartiers. La mer se déchaîne sur les parois rocheuses de Dragonstone alors qu'elle monte les escaliers sombres. 

      Resté seul sur la falaise, Jon Snow contemple l'horizon, le vent déchaînant ses long cheveux noirs. Les bras ballants, il essaie d'apercevoir un mince rayon de soleil au loin qui traverse les nuages mais les côtes sont trop éloignées du large. Et les côtes sont brumeuses, un peu comme à Pyk. Il repense à cette guerre qui avait opposée l'humanité aux marcheurs blancs, celle qui aurait pu voir disparaître le monde tel qu'il est néanmoins resté aujourd'hui. Ni mieux ni moins bien, juste le même monde ... Finalement, après la guerre, chacun est retourné chez soi et les puissants continuent à se disputer le pouvoir, ce sont juste les têtes couronnées qui changent, pas la grande roue. Il repense à Port-Réal ravagée par les flammes des dragons, tous ces gens qui mourraient, tous ces innocents ... Tyrion l'avait prévenu, il avait été le seul en mesure d'empêcher Daenerys d'accéder au Trône de fer. Mais il ne l'avait pas fait, incapable devant l'amour, incapable de planter un poignard dans le coeur de sa reine. Tyrion avait dû fuir, de nombreuses personnes avaient été obligées de fuir, Mériss n'était sans doute pas la dernière. Comme un enfant qui ouvre les yeux sur le monde pour la première fois, il se rendait compte que la femme qu'il aimait ressemblait de plus en plus à son père le roi fou. Il repense à Mestre Aemon, le dernier Targaryen qu'il ait connu avant Daenerys, avant de savoir que lui-même était le fils de Rhaegar. Quand il était encore en vie, il l'avait averti contre le pouvoir immense de l'amour. Il le revoyait le fixer de son regard bleu pâle.

-Tue le petit garçon, avait-il dit d'une voix chevrotante, et laisse l'homme en toi prendre son envol.

Jon soupire, il n'avait pas écouté, il avait laissé le petit garçon décider que l'amour était plus important. Dans un léger filet de voix qui se perd dans le vent, il répète les paroles de Mestre Aemon, regrettant qu'il ne soit pas là pour les lui redire.

-L'amour est la mort du devoir ...

Tyrion le lui avait également dit, quelques temps auparavant. Jon tourne son regard vers les tours de Dragonstone, il visualise le regard de Daenerys, ses traits gracieux et les légers plis autour de ses yeux quand elle sourit. Elle sourit si peu depuis qu'elle est reine de Westeros ... Non, il ne peut pas mettre un terme à ses jours ... Il monte les escaliers et croise le regard bleuté de Daenerys à l'étage. Elle le laisse l'enlacer et ils s'embrassent tendrement. Les bras de Jon couvrent la taille de la jeune femme, la couvrant d'un baiser passionné. Il ferme les yeux. Il sait que désormais il n'a plus qu'un choix : le devoir ou l'amour, la famille ou l'amour.

 Il sait que désormais il n'a plus qu'un choix : le devoir ou l'amour, la famille ou l'amour

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Sang du DragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant