XXI - Daenerys et Mériss

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   C'était la première fois qu'une reine libérait autant d'esclaves, la première fois qu'elle conduisait les peuples à prendre la mer et à s'engager pour sa cause. Sa cause était grande parce qu'elle incarnait le miracle. Autrefois princesse vendue, Daenerys s'accomplissait enfin en foulant le sable de la plage de Peyredragon. Ce n'était plus la petite fille qui, une nuit d'orage, avait fuit les assassins de son père avec son frère. C'était une reine adulte, puissante, forte d'une histoire à raconter et à suivre. Elle s'était baissée pour ramasser une poignée de sable de sa terre natale et l'avait glissée entre les doigts ouverts de Mériss.

- Ceci, avait-elle dit, est la terre qui m'appartient, celle que je t'offre comme maison à toi et à tous ceux qui ont soufferts du joug des esclavagistes. Je briserai la grande roue, les choses changeront. 

Serrant le sable granuleux et chaud dans la paume de sa main, Mériss avait fait la promesse d'une fidélité éternelle à sa reine. Puis elles s'étaient tournées vers les tours de Peyredragon.

- Il me tarde de commencer, avait annoncé Daenerys.

Missandei et Torgonudo sur ses talons, la reine s'était attelée à gravir les escaliers de pierre. Les dragons volaient dans le ciel ombragé, survolant et se jouant des nuages. 

   Alors Mériss avait levé les yeux vers le berceau de pierre noire des Targaryens. Les escaliers semblaient monter jusqu'au ciel, les rochers dévoilaient des ombres draconiques, c'était époustouflant. 

   La représentation du pouvoir à l'état pur. 

( Peyredragon d'après Philip Straub)

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( Peyredragon d'après Philip Straub)


***


   Les corneilles coassent aux fenêtres jours et nuits. Les nordiens parlent peu, ils se contentent de scruter. L'imposante carrure de Brienne de Tarth se meut avec agilité, ses coups semblent imparables mais Arya ne craint rien. Le fer s'entrechoque, des étincelles volent parfois jusqu'au sol enneigé. Assise dans un recoin proche de l'écurie, Mériss observe le combat en laissant son étalon enfouir ses naseaux chauds dans la paume de sa main. Déjà plusieurs jours qu'elle est ici. Plusieurs jours depuis que Sandor Clegane est parti. Plusieurs jours qui lui laissent un goût amer. Tolérée, elle n'est pourtant pas acceptée. Elle est étrangère, sa peau, son accent, la couleur de ses cheveux, tout est commenté. Elle leur évoque l' ennemie, celle qui, tapie dans Port-Réal, guette le bon moment pour déclencher les hostilités. Daenerys devait se sentir très seule en arrivant ici ... Elle repense à leur arrivée à Peyredragon, à tous les espoirs qu'ils avaient en prenant les bateaux. Elle se demande pourquoi le monde change si rapidement. 

    Mériss resserre ses bras autour de ses jambes. Elle laisse son visage retomber contre ses genoux en soupirant. Ici, comme elle le pressentait, elle n'a plus rien à espérer. Il avait promit de revenir ... mais ce ne serait sans doute pas pour tout de suite et elle ne peut plus rester ici. La solitude est reine, la peine l'est plus encore.

***

      Laissant son immense épée retomber vers le sol, Brienne de Tarth suit le regard curieux d'Arya. Le brouhaha est indescriptible. Les soldats s'agitent en tout sens. Les portes épaisses s'ouvrent pour laisser place à un groupe de cavaliers. Ils pénètrent dans la cours, Arya affiche un sourire. 

Jon Snow est revenu à Winterfell. 

 

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