XIX. Sandor Clegane

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      Allongée dans un vieux lit aux draps troués, les bras repliés derrière sa tête, Mériss contemple le plafond en bois qui risque de céder à tout moment. Le vent à l'extérieur est intense, il doit encore neiger. Le crépitement du feu dans la cheminée est faible mais tien courageusement depuis le coucher du soleil. Parfois, elle croit entendre le hurlement d'un loup ou d'un autre prédateur qui rôde dans les forêts environnantes. Elle ne l'a pas demandé à Sandor Clegane, mais elle suppose facilement qu'ils se rapprochent de Winterfell, peut-être même qu'ils y seront avant la fin du jour dès demain. Et alors ... Elle ferme les yeux en grimaçant.

-Tu devrais dormir, c'est pas tous les jours qu'on a droit à un lit même tout pourri et abandonné.

Surprise, elle se redresse et aperçoit Sandor Clegane, assit par terre, adossé à l'armature en bois du lit. Il porte une bouteille de vin dans sa main. Confuse de ne pas l'avoir remarqué, elle glisse furtivement aux pieds du lit pour s'asseoir à côté de lui.

-Je n'arriverai pas à dormir de toute façon, rétorque t-elle avec un haussement d'épaules.

Il soupire brièvement avant de la regarder. Dans la lueur du feu il peut distinguer les nuances de bleu dans ses iris, la façon dont elle ramène ses pieds nus contre son buste ou encore les boucles naissantes qui se forment depuis quelques jours dans sa chevelure de miel. Il lui tend sa flasque et elle avale une grosse gorgée avant de la lui rendre.

-Nous arrivons bientôt à Winterfell pas vrai ? S'enquit-elle.

-Possible, répond-il, évasif.

Elle hoche la tête comme si la nouvelle lui était égal, reportant son attention sur le mouvement des flammes devant eux.

-C'est étrange, s'exclame t-elle tout à coup, tu n'as jamais cherché à comprendre comment tu avais survécu, la seule chose que tu voulais savoir concernait la mort de ton frère.

-C'est parce que tu ne l'as pas connu, rétorque t-il, c'était la pire des crevures.

Il lui montre sa brûlure au visage à l'aide de son index.

-C'est à lui que je dois ça, poursuit-il.

-Comment ça ? S'étonne Mériss.

       Il esquisse un sourire en coin, elle est vraiment comme un petit oiseau ignorant. Ce qu'il ne comprend pas. Sansa encore, avait reçu une éducation noble, avec les oeillères volontaires lui cachant les horreurs de la vie. Mériss, elle, lui avait raconté une partie de sa vie. Si elle était restée sur l'île de Jalha elle aurait passé le restant de sa vie enfermée dans une case, visitée de temps en temps par un chef de clan pour l'engrosser. Elle avait été esclave et belle comme elle était, son maître l'avait destinée à satisfaire les appétits sexuels des plus nobles de Meereen. Une pute de luxe ... non consentante ... Sa vie avait dû être un vrai merdier avant de parvenir jusqu'à Westeros. Alors il ne comprenait pas comment elle pouvait encore être surprise des atrocités de ce monde. Il ne pourrait jamais les lui cacher, quand bien même il le voudrait ... Alors, sans la regarder en face, il lui raconte son histoire.

-La douleur était horrible, précise t-il, et l'odeur, pire. Mais le pire du pire c'est que c'était mon frère qui avait fait ça et mon père qui avait prit sa défense. Il a dit à tout le monde que mon lit avait prit feu.

Il se rappelle avoir sorti les mêmes mots à Arya quelques années auparavant. Mais Mériss est attentive, elle a une expression empathique presque chagrine. Il se sent mal à l'aise mais pas seul.

-Je suis désolée, murmure t-elle.

Légèrement hésitante, elle tend ses bras vers lui. Il est surprit, mais cette fois, il la laisse l'étreindre. Elle se blotti contre son torse et pose ses deux mains dans son dos en fermant les yeux. Ses cheveux lui chatouillent le nez, il la regarde un instant avant de répondre à son étreinte en refermant ses bras autour d'elle.  Il ferme les yeux, demain il n'aura plus de raison de la protéger. Demain, elle sera à Winterfell et lui, n'aura plus aucun sens à donner à toute cette chienne de vie. 


Sang du DragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant