Le sang continue de couler sur la main de Mériss, posée sur le poitrail de l'étalon à la robe isabelle. Les larmes aux yeux, la jeune femme se blottit contre le corps de l'animal, flattant ses naseaux au souffle infime, chuchotant des expressions dothrakis le louant comme un courageux guerrier. Il renâcle encore très légèrement mais le voile apparaît déjà sur ses pupilles. Alors qu'il rend son dernier souffle, Mériss sent une main la tirer violemment en arrière. Elle essaie de résister mais Sandor Clegane la retourne brutalement pour lui faire face.
-Viens avec moi, dit-il, si tu veux pas crever, dépêche-toi.
Elle le regarde dans les yeux, il jette un bref coup d' œil au cheval mort avant de plonger dans son regard à elle.
-ça sert à rien de rester avec ton cheval crevé, dit-il, si tu veux pas finir dans un bûcher lève-toi ! Aller !
Elle hésite un instant à le suivre mais elle fronce les sourcils et serre les dents en voyant les hommes progresser vers eux. L'homme à la lance se détache du groupe par sa grande taille. Elle repousse Sandor Clegane et se lève, pleine du sang du pauvre animal.
-Je vais le tuer.
-Quoi ? S'étonne Sandor Clegane, dis pas de conneries, viens avec moi Mériss.
Elle lève les yeux vers le chevalier, ébahi devant son expression farouche.
-Ils chassent les humains pour les sacrifier, lui lance Sandor Clegane, tu vas juste finir crevée comme ton cheval.
-Pas si je les tues avant.
Il soupire en levant les yeux au ciel, quelle merde ... Il réfléchit rapidement à ses dernières solutions, galoper jusqu'à la forêt lui paraissait être la meilleure mais visiblement ces enfoirés les ont suivis depuis un moment. Il se tourne vers Mériss, tout n'est que colère sur son visage, colère et peine.
-Occupe-toi de l'autre canasson, dit-il, je m'occupe d'eux.
-Non, répond-elle, ton cheval ne va pas s'enfuir c'est un cheval dothraki il a connu pire. Je veux combattre.
-Parce que tu sais te battre, toi, le petit oiseau ? À part gazouiller je vois pas ce que tu peux faire ...
Il esquisse un sourire amusé mais écarquille les yeux en la voyant sortir un poignard de sa manche. Elle garde les yeux rivés dans les siens un instant avant de se détourner vers les hommes qui ne sont plus qu'à quelques mètres.
Mériss croise le regard assassin de l'inconnu qui a tué son cheval, il est sa seule cible. Elle ne ressent que colère et méprit pour cet individu. Sandor Clegane croise déjà le fer avec l'un des soldats. D'un geste rapide, il le désarme et lui plante son épée dans le cou avant de rejeter son cadavre à terre. Les compagnons de cet homme sortent rapidement leurs armes et le plus costaud s'attaque à Mériss. Elle le fixe dans les yeux en pinçant les lèvres. Alors, d'un geste fluide, elle glisse entre ses bras musclés et se hisse dans son dos avant de planter son poignard dans sa nuque et de retomber sur ses pieds. L'homme grimace puis se tourne vers elle mais il caresse le bord de sa lèvre dont sort de l'écume. Une seconde plus tard, il s'écroule au sol en convulsant. Mériss évite l'épée d'un deuxième homme en se courbant et voit celle de Sandor Clegane déchirer le corps de son ennemi. Surprise, elle se relève pour constater que tous les autres sont morts ou grièvement blessés. Grimaçant en essuyant le sang sur sa lame, le chevalier lui fait un signe de la tête.
-Maintenant que tu t'es vengée, allons nous-en, dit-il, avant que la cavalerie ne débarque.
Elle acquiesce et ils grimpent tous les deux sur leur unique cheval. Sur le sol, dans le sang de la bataille, elle reconnaît le dessin qui était gravé sur les murs de l'auberge. Un loup entrelaçant un dragon. Ou peut-être l'inverse. Les deux animaux mêlés dans un espoir de paix. Le fanion est déchiré et sale, il claque dans le vent avant de s'envoler dans le galop. Un unique mot était écrit, en lettres noires. Un mot qui, désormais vole dans le vent d'Harrenhal.
Liberté.
Ils s'engouffrent dans l'épaisseur des arbres et ne se remettent au pas qu'après avoir mit une bonne distance avec Harrenhal. Laissant son cheval marcher au pas au couvert des arbres sans lâcher les rênes, Sandor Clegane repense à la scène à laquelle il vient d'assister. Devant lui, la nuque baissée de Mériss lui montre qu'elle fixe la crinière sombre de l'étalon qu'elle caresse doucement. Cette fille a l'air d'un petit oiseau mais comme toutes les roses, elle cache ses épines. Elle n'est peut-être pas si naïve qu'il se l'imaginait. Au coucher du soleil ils ont progressés et arrivent aux abords d'un courant. Ils prennent le temps de se rafraîchir avec l'eau et de se trouver un coin pour la nuit. Sandor Clegane s'assied contre un arbre à l'écart du feu allumé par Mériss. Il somnole sans retirer sa main du fourreau de son épée. Mais il ouvre brutalement les yeux en sentant la jeune fille s'asseoir tout contre lui et poser sa tête sur son épaule.
-Qu'est-ce que tu fous là ? Gronde t-il, un peu mal à l'aise.
-Tu as peur du feu, chuchote t-elle.
-Et alors ? Rétorque t-il, j'ai peur du feu et ça t'oblige à te coller à moi ?
Elle glisse sa main sous son bras, comme pour se rapprocher encore de lui.
-Non, répond-elle, j'avais juste envie d'être ici Sandor.
-Tu cherches une façon de crever ?
Elle se décale en soupirant et relâche son bras en le dévisageant avant de s'asseoir près du feu. Il la regarde de dos en plissant les yeux, maintenant qu'il sent l'air froid il regrette de l'avoir rejetée mais il ne l'avouerait pour rien au monde. Elle lui tourne le dos, contemplant les flammes devant elle. Elle ramène ses genoux contre son buste en songeant qu'elle est seule en ce monde, qu'elle ne sait même plus qu'espérer de la vie. Mais il y a une chose à laquelle elle s'attache depuis quelques temps, l'espoir, même vain, de pouvoir rester à ses côtés. Il passe son temps à râler et tuer est trop facile pour lui, mais ... Mériss ferme les yeux, au fond, Winterfell ne représente rien pour elle, pas même Westeros. Daenerys, Torgonudo ne font plus partie de sa vie, même Drogon ... Mais lui, Sandor Clegane, il est là ... Elle s'endort en essayant d'oublier la souffrance qu'elle lisait dans les yeux de son étalon agonisant.
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Sang du Dragon
عاطفيةEt si, après avoir incendié Port-Réal Daenerys n'avait pas été poignardée par Jon Snow et qu'elle avait régné sur le continent de Westeros ? L'humanité a vaincu les Marcheurs Blancs mais tout semble redevenir comme avant. Les hommes se perden...