Une torche à la main, Mériss descend les escaliers obscurs en se tenant aux murs pierreux de la citadelle. Elle entend parfois quelques gouttes d'eau résonner sur les pierres en s'écrasant au sol, cet endroit ressemble à une grotte, à s'y méprendre ... Mais quand elle tend l'oreille, elle entend de légers frémissements, comme le déplacement d'un gigantesque animal qui longe les murs, le froissement d'ailes qui se déploient ou se replient dans un espace confiné. Drogon aime parfois la solitude, elle se sent proche de lui en ce sens, mais sa reine le réclame, il manque à celle qui est sa mère car il ne se présente que très rarement à la cour de Port-Réal depuis qu'un ivrogne a tenté de décocher une flèche dans son aile. Il serait mort brûlé vif si le dragon n'avait pas été si occupé à dévorer un mouton. La reine, elle, l'avait remarqué. Jon avait plaidé sa cause mais l'ivrogne avait été enfermé dans les cachots. Mériss sait qu'il est quelque part, non loin de là, c'est ironique, ce dragon qui descend là où se trouvent les repris de justice ... Le bourreau se moquant du prisonnier ... En arrivant dans le vestibule obscur, elle longe les murs mais elle distingue une immense salle, comme celle d'un bal. C'est ici que les nobles devaient se rendre lors du règne des Baratheon et des Lannister. Mériss croit voir une lueur plus loin, Drogon est sans doute là-bas. Elle continue de longer le mur et s'interrompt brutalement, le bruit s'est déplacé mais pas la lueur. Un léger tintement, comme celui de chaînes qui raclent le sol résonne dans la grande salle vide et obscure. De sa voix affirmée, elle appelle le dragon par son nom mais sans réaction de sa part, elle presse le pas, elle aimerait tellement faire plaisir à sa reine... Cette fois, elle est sûr, ce n'est pas Drogon ... C'est une torche enflammée figée sur le mur et elle croit distinguer une silhouette humaine sur le sol. Mériss accélère le pas, si quelqu'un est tombé ... Elle arrive, essoufflée et s'immobilise. Un homme est allongé à même le sol et lui tourne le dos. Il a l'air grand, ses pieds sont solidement attachés par des chaînes contre le mur. Une assiette en terre cuite abîmée est posée sur le sol devant lui. Curieuse, elle s'abaisse au-dessus de lui en se demandant pourquoi ce prisonnier n'est pas dans une cellule comme les autres. Ses cheveux gras et longs s'étalent sur le sol, il semble dormir mais n'a pas l'air en grande forme, elle ressent de l'empathie pour cet inconnu. Elle se demande si quelqu'un lui apporte de quoi manger et se baisse pour ramasser l'assiette. Alors qu'elle tend le bras vers l'objet, une main se saisit brutalement de son poignet, elle pousse un couinement de surprise et croise le regard du prisonnier.
-Bordel à queue, gronde t-il, qu'est-ce que tu veux toi ?
Surprise, elle écarquille les yeux en découvrant son visage. Elle a un mouvement d'effroi quand il la relâche, la moitié de son visage est brûlée et ses cheveux se mêlent grassement à sa barbe en désordre. Son regard est dur, il se relève pour s'adosser difficilement au mur froid de la citadelle. Il serre les dents, comme s'il souffrait. Mériss fait un pas en arrière brusquement, comme si elle s'était brûlée mais elle se ravise, poussée par la curiosité. Alors qu'il pourrait profiter du peu de lumière que lui offre la torche enflammée accrochée au mur, l'inconnu s'en éloigne autant que ses entraves le lui permettent. Mériss penche la tête sur le côté, elle n'avait jamais entendu parler de lui. Qui est cet homme attaché à cet endroit si improbable ?
-Bordel ! S'écrie t-il, tu vas continuer à me reluquer comme ça longtemps ?
Elle entrouve les lèvres en hésitant, cela fait tout de même quelques mois qu'elle pratique la langue commune, elle devrait pouvoir s'en sortir, elle comprend ce qu'il dit. Elle sait qu'elle a un accent prononcé parce que les servante en parlent quand elles croient qu'elle ne les entends pas.
-Pourquoi es-tu enfermé ici ?
-Qu'est-ce que j'en sais ? Râle l'inconnu, tu comptais me détacher peut-être ?
Il lâche un rire gras et laisse sa tête retomber en arrière contre le mur en soupirant.
-Apporte-moi de la bonne bière, c'est tout c'que j'demande.
Il ferme les yeux comme s'il allait dormir alors Mériss hésite.
-P'tit oiseau à la con ... l'entend -elle murmurer.
-D'accord, finit-elle par répondre, je t'apporte quelque chose, attends-moi ici.
Surprit, il cligne plusieurs fois des yeux avant de les plisser pour considérer la jeune femme qui lui tourne déjà le dos pour remonter les escaliers. Elle disparaît comme elle est venue, dans l'obscurité. Il soupire en grimaçant de douleur.

VOUS LISEZ
Sang du Dragon
RomanceEt si, après avoir incendié Port-Réal Daenerys n'avait pas été poignardée par Jon Snow et qu'elle avait régné sur le continent de Westeros ? L'humanité a vaincu les Marcheurs Blancs mais tout semble redevenir comme avant. Les hommes se perden...