XIV - Drogon

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      Des cris de terreur. 

   La neige tombe, de gros flocons qui s'associent à la chevelure cuivrée de Mériss. Ses mèches ondulent contre sa nuque, bouleversées par le vent polaire. Elle lève la paume de sa main comme pour figer cet instant si particulier. Les étoiles de givres fondent avec la chaleur de sa peau. Elle lève les yeux vers le ciel blanc et comprend alors les mouvements saccadés autour d'elle, ceux des hommes qui aimeraient fuir le Jugement Dernier.

Ses ailes se déploient et cachent les lueurs hivernales de la neige. Comme une apparition fantasmagorique, il semble fendre les nuages pour atteindre le réel. Drogon affronte le vent pour se rapprocher toujours plus. Déjà les nordiens se préparent à l'assaut. Déjà, son long cou, menaçant, se penche vers les plus hautes tours de Winterfell. Sa puissance est inégalable, il pose ses immenses griffes sur les toits et son regard reptilien capte la panique générale, comme celle que ferait une fourmilière d'un point de vue humain. Sa paupière reptilienne se referme subrepticement et sa pupille se fixe sur la jeune femme, désormais seule au centre de la cours enneigée. Les plaintes ne pourront rien empêcher. Drogon penche la tête, très lentement, et elle tend la main. Sans savoir pourquoi, elle se rappelle le premier mot qu'elle avait apprit en haut valyrien. C'était bien avant de découvrir que les dragons existaient toujours. Ses doigts touchent les écailles rocailleuses de l'animal.

- zaldrîses [dragon], chuchote t-elle.

Drogon reste immobile, malgré la peur omniprésente. Mériss laisse sa paume se poser entièrement sur ses écailles en esquissant un sourire.

- Drogon, tu es là. 

  L'air chaud qui sort de ses naseaux fait trembler les hommes et fondre la neige. C'est un instant unique. Il semble figé dans le temps. 

C'est pourquoi elle ne perçoit pas tout de suite la menace. 

Brutalement, Drogon relève la tête et pousse un cri terrifiant, celui de la douleur. Une flèche vient de lui traverser l'aile droite. Ce n'est pas une flèche ordinaire, elle provient d'un appareil conçu pour détruire les derniers dragons que cette terre ait connu, la menace qui pèse sur les hommes qui ne sont pas du bon camp. Les yeux écarquillés d'horreur, Mériss voit les nordiens fournir une nouvelle flèche à l'appareil. Alors elle repousse Drogon, lui ordonne de partir, de s'enfuir rapidement. L'animal gémit et secoue son aile mais la flèche reste lotie dans la chair. Mériss écarte les bras pour s'opposer aux hommes. Drogon pousse à nouveau un cri, mais celui-ci ressemble à de la colère. 

- Mériss! crie alors Brienne de Tarth, éloigne-toi!

Dévoilant sa puissance, Drogon écarte ses ailes, détruisant les toits de certaines maisons, brisant des outils qui traînaient. Il étend son cou pour fixer le ciel et prend son envol, enserrant la taille de Mériss sous ses griffes. Horrifiés, les nordiens peinent à remettre en place l'immense arbalète mais échouent face à la rapidité du dragon qui disparaît dans les nuages hivernaux. Ils regardent, impuissants, l'immense animal emporter la jeune femme dans les airs.

***

   Perchée dans le vide, Mériss ressent tout d'abord comme un coup dans son estomac, un blocage lui coupant le souffle

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   Perchée dans le vide, Mériss ressent tout d'abord comme un coup dans son estomac, un blocage lui coupant le souffle. Elle ne peut lutter contre la gravitation et sa tête retombe en avant alors que les toits des maisons se font de plus en plus petites.  L'air est de plus en plus froid, Drogon accélère et tourbillonne dans le ciel. Elle ressent de la peur mais aussi de l'émerveillement puis une question lui traverse l'esprit, menaçante. Si Drogon est seul en temps de guerre, où est passée Daenerys ? 


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