Et si, après avoir incendié Port-Réal Daenerys n'avait pas été poignardée par Jon Snow et qu'elle avait régné sur le continent de Westeros ?
L'humanité a vaincu les Marcheurs Blancs mais tout semble redevenir comme avant. Les hommes se perden...
La neige ne s'est pas arrêtée, elle a continué a tomber toutes les nuits et toutes les journées qui ont suivis la déclaration officielle de la guerre. Les longues années de l'été qui paraissaient immuables avaient finalement laissé place à celles de l'hiver, froides et assassines. Du haut de la tour de Winterfell, Sansa contemple la campagne neigeuse du Nord. Le froid n'effraie pas les nordiens. Le froid fait partie d'eux comme ces terres. Le ciel est d'un blanc immaculé, l'air est brumeux, presque fantomatique, réminiscence d'une terreur collective encore récente dans l'histoire de l'humanité.
Et pourtant.
Dans le cœur des hommes, les Marcheurs Blancs sont déjà oubliés. Cauchemars d'une nuit sans sommeil, ils ne sont plus rien, alors les hommes n'ont plus qu'à se détruire les uns les autres continuellement. Ils viennent à peine de survivre à l'extinction de leur espèce que déjà, les guerres meurtrières habituelles reprennent comme si rien n'avait changé. Un vieux cors annonce l'approche des ennemis ou des alliés. Déjà la silhouette d'une gigantesque créature semble survoler les toits du château. Sansa lève les yeux pour tenter de distinguer un dragon à travers les nuages puis se dépêche de descendre les escaliers de pierres froides pour se rendre dans la salle du trône. La couronne seyant sa tête, elle s'assied à la grande table avec majesté devant ses hommes les plus fidèles. Il n'est plus question pour le Nord d'être sous la tutelle de quelques puissants de Port-Réal. Le Nord se souvient et ils ont tous prêtés serment à la Maison Stark, pas à celle des Lannister ni à celle des Targaryen. Le Nord est sauvage et la liberté est son style de vie, ou plutôt, son émancipation. Céder sous la menace de Daenerys et de ses dragons, ce serait oublier leur propre identité.
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(Winterfell d'après Ted Nasmith)
La nuit quitte à peine les plaines enneigées. Le soleil brusque l'horizon de ses timides rayons froids. La tempête de neige se calme à peine. Laissant son corps retomber lourdement sur ses pieds, Sandor Clegane descend de cheval en laissant sa main sur le pommeau de la selle. Mériss descend à son tour, contemplant les hautes tours qui lui font face, dessinant des ombres monstrueuses dans la neige. Winterfell, à cette heure, n'a rien de rassurant. Et les corneilles s'assemblent dans les arbres aux alentours. Peut-être y en a t-il qui possèdent trois yeux, la nuit est le domaine de l'incertitude et de l'effroi. Sans un mot, il confie les rênes dans les mains gantées de Mériss. Elle serre la prise, l'étalon reste silencieux mais ses pas qui traversent la neige semblent crépiter à mesure qu'ils avancent. Devant l'épaisse porte en bois fermée, Sandor Clegane regarde autour d'eux, il n'a pas tellement envie de revoir Arya, ni même Sansa.
- Je t'ai conduite ici, dit-il, comme prévu.
Mériss plonge son regard dans le sien mais elle ne trouve pas les mots en langue commune pour s'exprimer. Elle se sent tout à coup très seule et déstabilisée. Sa cape brune traîne dans la neige, soulevant les flocons avec légèreté.
- Il est temps que je parte, annonce t-il.
- Que tu partes ... répète t-elle.
Avec un sourire triste, il lui soulève le menton.
- Ne sois pas si douce petit oiseau, dit-il, renforce-toi, deviens plus courageuse encore que tu ne l'es déjà. Vis ta vie Mériss, trouve la force d'être heureuse, ce que je ne trouverai jamais.
Les lèvres tremblantes, elle ne quitte pas son regard. Encore un adieu, encore un être cher qui disparaît. Encore un visage qu'elle tentera de se remémorer avec peine dans quelques années. Alors qu'elle n'a plus rien à perdre, elle enlace son torse en se mordant la lèvre inférieure jusqu'au sang.
- Dis-moi que nous allons nous revoir, murmure t-elle, donne un sens à toute cela en me promettant de revenir.