L'air sent l'iode, il est chaud et réconfortant. Il bouleverse les vagues de la mer qui s'écrase doucement contre les parois rocheuses. Le tissu voilé de ses vêtements vole vers la mer comme si son corps enviait la liberté des oiseaux. Dans sa poitrine, son cœur suit un rythme léger, le frémissement d'un corps qui s'éveille. D'abord timide puis, accompagné d'une respiration moins longue, plus rapide, plus intense. Ses cils noirs battent faiblement. La pierre est dure, son dos endoloris. Les bras écartés, tombant dans le vide, le bout de ses doigts caresse la chaleur du sable blanc. Le ciel, immaculé d'un bleu pur, apparaît sous ses yeux. Des oiseaux marins piaillent et se disputent des morceaux de chairs dans le soleil éblouissant. Ses yeux océans brillent en se tournant vers la mer calme. Elle se redresse sans douleur et baisse les mains pour se tenir aux rochers épais. Mériss est assise sur une plateforme rocheuse qui fait face au bordure de mer en contrebas de l'ancienne Port-Réal. Elle laisse ses jambes pendre dans le vide et touche le sable de ses pieds nus. Elle a cru, l'espace d'un instant, qu'elle avait été acceptée dans l'Après-Vie, auprès de ses ancêtres de l'Île de Jalha. Un regard sur la dévastation de la ville lui indique qu'elle est toujours en vie.
- Bordel !!
Elle se frotte le visage, repoussant ses boucles sauvages en arrière pour sortir de sa torpeur.
Cette voix ...
Prudente, Mériss se hisse sur ses pieds. Le sable est doux sous ses pieds, elle n'a aucun mal à marcher. Elle dépasse les rochers serpentés de plantes arides qui dégagent des odeurs de marée. Ses pieds s'enfoncent dans le sable sec sans laisser de trace. Elle s'immobilise en arrivant derrière lui.
Sandor Clegane ...
Ses cheveux défaits volent dans la brise légère. Assit sur un rocher face à la mer, la chemise jetée dans le sable humide, il grimace en appliquant un onguent sur son épaule. Elle s'immobilise, le coeur battant, peinant à croire ce que lui révèlent ses yeux. Puis, remise de ses émotions, Mériss le rejoint en quelques pas et prend place à ses côtés. Il écarquille les yeux en la voyant et interrompt son geste.
- T'es enfin réveillée ... dit-il.
Il sourit, c'est assez rare, ce qui rend l'instant unique. Sentant son cœur se réchauffer, elle lui rend son sourire. Elle reporte son attention sur la plaie et lui prend le tissu des mains pour nettoyer le sang.
- Je suis rassurée que tu sois sorti vivant de cette guerre, soupire t-elle.
- Je t'avais fait une promesse ... bougonne-t-il en la regardant faire.
Il grimace de douleur alors qu'elle enroule le bandage contre la plaie.
- Qu'allons-nous devenir ? demande-t-elle, une pointe d'angoisse dans la voix en tournant son regard vers la ville dévastée.
Elle s'interrompt en se retournant vers lui et croise son regard.
- Je ne retournerai pas à Winterfell, dit-elle, ne me le demande pas ...
Il esquisse un sourire en coin et pose sa main sur sa tête.
- Je ne te le demanderai pas.
Il descend sa main sur sa joue, frôlant ses boucles du bout de ses doigts. Il laisse finalement retomber sa main pour attraper et enfiler sa chemise.
- Sandor ...
- Un endroit où tu seras protégée n'existe pas, dit-il, ta reine des dragons est crevée et moi j'ai plus rien à foutre de cette chienne de vie alors ...
Il détourne les yeux en soupirant, il se sent ridiculement niais. Faudrait pas que le Chien devienne lui-même un putain de petit oiseau ... Il relève tout de même les yeux vers elle. Comme il s'y attendait, son regard océan pétille, elle sourit comme jamais. Elle est peut-être capable d'empoisonner un homme mais elle est définitivement un vrai petit oiseau.
- En dothraki, dit-elle tout à coup, il y a deux mots pour décrire l'attachement. Athfiezar pour l'amour fraternel, Athzhilar pour l'amour romantique ...
Elle s'interrompt brutalement. Ce n'est pas un problème de langue, ni de vocabulaire. Elle s'oblige presque à ancrer son regard dans le sien. Ne sachant comment faire, poussée vers lui par quelque chose qui la dépasse, elle sent la nervosité s'emparer de tout son corps. Sandor Clegane aimerait détourner le regard mais il n'y parvient pas.
D'un geste brusque, elle passe ses deux mains sur sa nuque et écrase ses lèvres sur les siennes. S'apercevant qu'elle désirait cet instant depuis longtemps, elle ferme les yeux et enroule ses bras autour de son cou. Il lâche un gémissement de douleur quand les bras de Mériss frottent sa plaie. Surprit, il reste immobile, découvrant son parfum et la douceur de ses lèvres. Sa respiration se fait haletante, son rythme cardiaque oppressant. Elle donne tout ce qu'elle a dans ce baiser, elle a besoin de le sentir dans ses bras, contre elle, plus proche, toujours plus proche. Il ne peut s'empêcher de sourire contre ses lèvres et s'empare de sa taille pour la renverser en arrière sur le sable. Le sable chaud s'emmêle dans ses boucles. Il l'écrase presque de sa taille imposante mais ses gestes ne sont que douceur alors qu'il la presse contre lui.
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Sang du Dragon
RomanceEt si, après avoir incendié Port-Réal Daenerys n'avait pas été poignardée par Jon Snow et qu'elle avait régné sur le continent de Westeros ? L'humanité a vaincu les Marcheurs Blancs mais tout semble redevenir comme avant. Les hommes se perden...