Chapitre 40 : Tout perdre pour sa famille

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Le lendemain, Hyunjin était rentré chez lui après avoir promis à Jisung qu'il ne débarquerait plus à l'improviste tant que l'affaire ne serait pas réglée, à son grand regret. Changbin avait été lui aussi forcé de retourner travailler au grand dam de Felix qui avait tout de même accepté de rester en compagnie de Jisung et même s'ils se chamaillaient souvent, ces deux-là s'entendaient de mieux en mieux. Changbin en était soulagé et n'était plus aussi anxieux à l'idée de les laisser seuls.

Pendant plusieurs jours, Chan n'avait pas été en mesure de voir Jisung, étant occupé avec la petite Rose qui se remettait doucement d'une grippe plutôt violente. D'ailleurs, ce matin-là il était occupé à préparer le petit-déjeuner pour Minho et la petite fille lorsque la sonnerie de la porte d'entrée de l'appartement retentit. Le jeune homme fronça les sourcils et fit un geste à Minho qui arrivait, signe qu'il irait lui-même. Le brun acquiesça et resta à l'écart tandis que son fiancé allait ouvrir.

« Papa ?! » s'exclama Chan, surpris.

« Bonjour. » prononça-t-il simplement en entrant dans l'appartement sans y être invité.

Le jeune homme le regarda faire avant de lancer un coup d'œil à Minho qui tentait de ne pas laisser paraître son malaise. Le père de Chan ne daigna même pas le saluer et alla s'installer sur le canapé, croisant ses jambes.

« Qu'est-ce que tu fais là ? » demanda enfin Chan.

« Je te le dirai lorsque la vermine qui te sert de fiancé sera hors de mon champ de vision. » répondit-il avec tout le mépris dont il était capable dans la voix.

Chan se crispa, tout comme Minho un peu plus loin. Le plus vieux le regarda et d'un signe de tête, lui indiquant d'aller rejoindre Rose. Le brun hésita un instant mais finit par obéir, sachant qu'il ne serait d'aucune aide, surtout en restant dans les parages. Lorsqu'il fut hors de la pièce, Chan s'approcha de son père et s'installa face à lui.

« Qu'est-ce que tu fais là ? » redemanda le jeune avocat, d'une voix plus dure.

« Et toi, Chan. Qu'est-ce que tu fais ? »

Chan ne répondit pas tout de suite, n'étant pas certain de ce à quoi son père faisait allusion. S'agissait-il de ses fiançailles avec Minho, ou de l'affaire en cours avec Jisung ?

« Tu as fait de bien pauvres choix, ces derniers temps. »

« Ce n'est pas parce que tu n'aurais pas fait ces choix qu'ils sont nécessairement mauvais. » répondit calmement Chan.

« Chan. Tu sais que je n'apprécie déjà pas ton orientation sexuelle des plus... dépravée mais si seulement tu avais pu ne pas t'amouracher de ce... criminel. »

« Ce criminel ? Tu sais de quoi tu parles, vu la personne que tu t'apprêtes à défendre. Minho a sans doute fait des choses qui ne sont pas correctes mais au moins il n'est pas à la tête d'un réseau de prostitution et de trafic humain. »

Le père de Chan éclata d'un rire qui glaça le sang à ce dernier. Il inspira un grand coup pour ne pas céder à la panique ou à la colère, ce qui sembla impressionner son vis-à-vis.

« Tu m'impressionnes Chan. Tu n'aurais jamais réussi à garder ton calme, avant. Je ne vais pas m'étaler sur ce qui est en train de se passer, mais je vais tout de même te donner un conseil. Tu es en train de gâcher ta vie alors quitte ce bon à rien, et laisse Jisung se débrouiller. Tu es un jeune homme prometteur, mais pas avec ces boulets accrochés à toi. Si ta mère te voyait, elle aurait honte de toi. »

Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Chan aurait voulu exploser et lui dire d'aller se faire foutre mais il n'allait pas lui laisser ce plaisir. Il se contenta de se lever pour aller ouvrir à nouveau la porte d'entrée.

« Si maman me voyait, elle m'aurait soutenu. Maintenant tu peux t'en aller, j'ai une famille de laquelle m'occuper et un client et ami à aller voir. »

L'homme de protesta pas et se leva avant de se diriger vers son fils qui ne sourcilla pas lorsqu'il s'arrêta devant lui.

« On se verra au tribunal. » ricana à nouveau l'homme.

« J'y compte bien. »

Au lieu d'aller voir directement Jisung, Chan alla voir Changbin au commissariat. Il arbora un air froid et fermé dans le bâtiment jusqu'à ce qu'il entre dans le bureau de Changbin et qu'il ait fermé la porte derrière lui. Changbin leva les yeux du dossier qu'il était en train de lire et se leva précipitamment – faisant tomber sa chaise – en voyant le visage de son ami. Ses yeux s'étaient remplis de larmes et ses mains tremblaient. Le policier fit le tour de son bureau et s'empressa de prendre son ami dans ses bras. Chan se laissa aller, éclatant en sanglots.

« Chan, je suis là. Respire, s'il te plait. »

« Changbin... »

Le cœur du policier se serra en entendant son meilleur ami aussi désemparé. Il le serra encore davantage contre lui et lui caressa les cheveux jusqu'à ce qu'il se calme. Le plus vieux finit par s'écarter de son ami et essuya ses yeux du revers de sa manche avant de s'installer sur la chaise que Changbin lui proposa. Ce dernier alla ramasser celle qu'il avait fait tomber et s'y installa.

« Mon père est venu. » annonça simplement Chan. « Il a voulu me convaincre de laisser tomber Minho et Jisung. »

« Et ? » demanda Changbin, inquiet de la réponse de son ami.

« J'ai refusé. Déjà parce que j'aime Minho. Et aussi parce que Jisung est mon meilleur ami, au même titre que toi. Et puis... l'affaire de Jisung en concerne pas que lui. Il s'agit de tout un tas de jeune, y compris Felix. Et toi aussi. »

« Chan, j'ai déjà eu droit à mon procès, concentre-toi sur Jisung et les autres. »

« Tu as sans doute eu ton procès, mais toi, ta mère et ta sœur n'avez pas obtenu justice. »

« Tu risques tout en faisant ça. »

« Je sais. Mais mon père risque tout autant en défendant le tien. »

Changbin fixa son ami un instant, réfléchissant à ce qu'il venait de dire. Toute cette histoire pouvait se retourner contre eux, ou contre leurs opposants. Le policier savait que dans ce nouveau procès, il y laisserait des plumes comme tous les autres. Mais il devait le faire, pour les autres, mais surtout pour Felix.

« Je t'aiderai. Je ferai tout ce que je peux. »

« Ne fais pas n'importe quoi, Changbin. Tu risquerais de perdre ton travail. » le prévint Chan.

« Je préfère encore perdre cette saleté de poste plutôt que de perdre ma famille. »

Ce fut au tour de Chan de l'observer avant d'acquiescer avec émotion. Changbin ne lui avait jamais parlé de cette façon. Il l'avait toujours appelé son « meilleur ami », mais sans plus. Même s'il savait qu'en vérité, le policier les considérait, Jisung et lui, comme ses frères, c'était la première fois qu'il le disait à vive voix.

« Je ferai aussi tout ce que je peux, même si ça doit me coûter ma carrière, à moi aussi. »

« Personne ne perdra rien du tout. » intervint Hyunjin qui venait de rentrer dans la pièce. « J'ai trouvé une nouvelle preuve contre ton père, Changbin. Une vidéo de surveillance, où on le voit s'équiper de son couteau. »

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