Chapitre 11

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Le lendemain, Amélia se réveilla avec une certaine rage qui ne cessait de la consumer. Un string et après des bâches ? Mais pour qui se prenait-il ? Elle n'avait pas de bâches ! Elle fouilla dans ses tiroirs et vit des culottes roses bonbons, d'autres avec des petites ficelles, et même une avec des petits chatons. Certes, elle n'avait pas les culottes les plus sexy du monde, elle devait bien l'avouer. Mais, elle était d'avis que seules les femmes ayant une vie sexuelle développée achetaient de la lingerie sexy pour leurs amants. La raison pour laquelle elle n'en achetait pas était donc plus qu'évidente: le preuve vivante d'une vie sexuelle...inexistante. Une petite voix en elle lui murmurait que ce n'était guère une excuse, aussi décida-t-elle que lorsque l'occasion se présenterait, elle en achèterait.

Après avoir pris un petit déjeuner copieux, elle retourna dans sa chambre. Étrangement, elle n'avait croisé ni l'abruti, ni son chien. Il était sûrement sortit le promener. Tant mieux, se dit-elle. Elle avait au moins quelques minutes devant elle. Assez, en tout cas, pour retourner à ses petites traditions quotidiennes.   

En sortant de la chambre une demi-heure plus tard, elle croisa malheureusement Kyrian. Et oui, l'imbécile était déjà de retour. Mais lorsqu'il l'a vit, elle n'eut droit ni à des compliments, ni à des excuses. Des doutes l'assaillirent lorsque son protégé se mit à rire à gorge déployée. 

- Amélia mais...que t'est-t-il arrivé ?

- Quoi ? Qu'y-a-t-il ? J'ai quelque chose sur le visage ?

- Tu as mis du film étirable alimentaire sur ta tête ou est-ce mon imagination ?

- Oh, tu ne parlais que de ça.

- Es-tu sûre que ce n'est pas toi qui devrait être sous traitement, plutôt ? 

- Laisse moi en paix, veux-tu ?

- Si seulement la vie était aussi simple. Mais, sérieusement, quel être humain normal met du film étirable sur sa tête ? 

- Alors primo, où as-tu que j'étais "normale"? Et secundo, j'ai fais un masque pour cheveux et il fallait les chauffer pour le faire pénétrer dans les racines. Et j'ai lu quelque part que le film étirable faisait comme les espèces de machines qui servent à chauffer les cheveux chez le coiffeur. Mais, permet moi de répéter, au cas où ton cerveau serait légèrement endommagé, ce dont je ne doute pas. Moi avoir fait masque pour cheveux. Film étirable permet chauffer cheveux. Après masque, moi avoir beaux cheveux. Là, c'est bon ? Toi avoir compris ?

- Je te prendrais bien en photo, rien que pour me remémorer cette scène. 

- Tu es tellement...

- Irrésistible ? la coupa-t-il.

- Idiot !

- Tu n'es pas aussi méchante que tu le crois.

- Dans ce cas, tu es encore plus crétin qu'on le pense. 

- Oh, on a encore les nerfs en boule à propos du string à ce que je vois, fit-il avec une moue enfantine. 

- Si tu penses que c'est à cause de toi tu te trompes. Tu n'as aucun effet sur moi.

- Intéressant. Alors je ne te fais aucun effet ? 

- À part me donner envie de vomir, aucun !

- C'est étrange. Ta bouche dit une chose, mais tes yeux pensent le contraire.

- Absolument pas ! Ton séjour en prison, ajouté à ton manque de femmes, ont peut-être permis de développer ton imagination, mais sache que je ne suis nullement intéressée. 

- Si je me faisais agressé dans la rue par, disons, une dizaine de femmes, étant ma gardienne, tu serais censée aider, non ? 

- Je demanderai si je peux aider, en effet. 

- Vraiment ? dit-il visiblement surpris par sa réponse.

- Et puis, à la réflexion, je me dirai que dix ça suffit largement. Elles n'auront pas besoin de mon aide.

Kyrian sourit intérieurement. Cette femme avait de la répartie, ainsi qu'un certain courage qu'il trouvait admirable. 

- Je me demande un truc, douce Amélia. À vrai dire, je me posais cette question depuis hier. Il est évident que pour l'instant tu me portes vraiment dans ton cœur, dit-il avec une certaine ironie. Mais cet "amour" que tu éprouves à mon égard - ce n'est pas je m'en plaigne soit dit en passant - l'éprouves-tu envers tous les hommes ou suis-je le seul à avoir droit à ce privilège ?

- Tu n'es pas le seul, je te rassure. Tu te sentirais bien trop important et ton ego n'a guère besoin d'être nourri. 

- Je ne peux m'empêcher de te poser la question: pourquoi tant de haine alors que l'on pourrait faire bien d'autres choses pendant un mois ?

- Tu es beau ! lança-t-elle. 

- Ravi que tu l'aies remarqué, dit-il avec un sourire enjôleur. Mais en général, mon charme naturel attire l'amour des femmes, pas leur haine.

- Tu es un homme. Je déteste en ce moment tous les hommes.

- Très bien. Dans la mesure où le seul fait de me voir te met en colère, je vais donc amener ma virilité dehors. Tu me rejoindras si tu te sens capable d'oublier mon flagrant défaut de naissance.

- Non, ce n'est pas toi qui part, c'est moi. J'ai vraiment besoin d'aller prendre l'air.

- Où vas-tu?

- Loin de toi !

- Très bien. Quand tu iras là bas, achète moi un shampoing.

- Qu'est-ce que tu as fais de tout l'argent que je t'avais prêté ?

- Avec quoi crois-tu que j'ai acheté le string ?

- Qu'est-ce que tu attends pour te trouver un job ? Puisque tu aimes tant les femmes, tu n'as qu'à faire le trottoir !

- Sache que s'il y a une chose que je déteste par dessus tout, c'est être redevable. Alors, ne t'inquiète pas, une fois que je trouverai un travail digne de ce nom, je te rembourserai intégralement. À moins que tu ne veuilles que je te rembourse autrement ?

"Seigneur, ce regard !" se sentit-elle fondre.

"Mon Dieu, Amélia, n'oublie pas ta promesse !" pensa-t-elle, une fois que qu'elle eut reprit ses esprits. "Si ses globes oculaires te dérangent tant que ça, tu n'as qu'à les arracher !"

Elle soupira. Elle allait le tuer si elle restait ne serait-ce qu'une minute de plus dans la même pièce que cet homme. Cela ne l'empêcha pas de demander:

- Vu que je suis dans l'obligation de m'occuper de toi, quelle sorte de shampoing veux-tu ?

- Quelle sorte de quoi ?

- Pour pellicules ? Cheveux gras ? Secs ?

- Pour cheveux sales. C'est l'objectif même d'un shampoing, non ?

Décidément, les hommes ! On ne les comprendra jamais.

Voyant qu'elle se dirigeait vers la porte, il demanda, d'un air nonchalant :

- Tu ne comptes tout de même pas y aller comme ça ?

- Oui, comme ça. Pourquoi ? Qu'est-ce qui ne va pas encore ?

- Mais...

- Ta gueule ! 

- D'accord. C'est toi qui voit. Bonne promenade, alors. Surtout, prends ton temps.

Elle ouvrit la porte et la claqua bruyamment derrière elle. Malgré elle, elle entendait Kyrian rire à gorge déployée à travers le palier. Devait-elle lui demander de quoi se moquait-il ? Absolument pas ! Elle n'avait que faire de son avis. Elle n'avait pas oublié sa promesse passée, et ne l'oublierait jamais. Elle n'avait pas besoin des hommes, et encore moins de celui-ci.



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