Chapitre 26

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Amélia pensait savoir ce qui l'attendait, mais rien ne l'avait préparée au baiser de Kyrian. Son protégé la désirait, il n'aurait pas pu le lui faire savoir d'une façon plus convaincante. Elle le saisit par les cheveux, attira sa bouche vers la sienne, et entrouvrit ses lèvres. Ce baiser fut aussi passionné et dense que le premier. C'était le baiser d'un homme sûr de lui qui n'a pas l'habitude que les femmes lui résistent, sait ce qu'il veut et comment l'obtenir. Elle ne sut pas comment ils se retrouvèrent étendus sur le sofa. Un peu plus tôt, elle était debout offerte à ses désirs dans la cuisine, et voilà qu'elle était étendue sur le canapé, écrasée par quatre-vingt cinq kilos de testostérone pure, ses seins si durs qu'ils pointaient sous ses vêtements. Ce n'est que lorsqu'elle sentit son érection qu'elle remarqua qu'elle avait écarté les cuisses pour plaquer son bassin contre le sien. Elle gémit lorsqu'il souleva son haut pour caresser son ventre. Elle voulait que ce moment ne s'arrête jamais et...

Et après ? Ils allaient coucher ensemble et lorsqu'il partirait elle ne serait rien de plus qu'une fille supplémentaire ? Un lointain souvenir ? Non ! Il se servirait d'elle avant de s'en aller comme il faisait avec toutes les femmes qui commettaient l'erreur de succomber à son charme. Alors elle serait seule à blâmer. Elle s'était jurée de ne plus se laisser charmer par un homme. Au souvenir de sa promesse, une sirène d'alarme résonna dans son esprit.

- Arrête ! parvint-elle à dire en le repoussant.

- Je ne te ferai jamais de mal, dit-il d'une voix rauque.

Peut-être pas physiquement, songea-t-elle, mais il y a d'autres façons de souffrir.

- Kyrian, dit-elle en plaquant ses mains contre son torse, je...je ne peux pas. Je veux un homme qui reste avec moi. Je veux des enfants avec lui. Je veux qu'il m'aime pour ce que je suis. Alors si tu sais que tu ne peux pas être cet homme là, arrête. Je n'aurais pas la force de continuer à dire non si tu continues. Tu ne veux pas d'une relation maintenant, je ne peux pas t'en demander plus tout comme toi tu ne peux pas en exiger de moi davantage. Je suis désolée.

Lorsqu'il la relâcha, elle tourna les talons puis se dirigea vers sa chambre, espérant secrètement qu'il la retienne, en vain. Elle essuya ses larmes d'un revers de la main en refermant la porte derrière elle. Elle n'avait aucune raison de pleurer. Elle s'était épargnée une douleur intense en le repoussant ainsi. Alors pourquoi son coeur lui faisait-il aussi mal ?

***

Quelques heures s'étaient écoulées depuis le baiser interrompu. Kyrian ne s'était jamais senti aussi perturbé par une femme. Mais que lui avait-il pris de l'embrasser ? Elle s'était frottée contre lui sans la moindre pudeur. Il se rappelait du contact de ses seins lourds contre son torse, de la caresse de leurs pointes durcie, le goût à la fois sucré et amer de sa peau sur sa langue... Mais Amélia l'avait arrêté à tant. Malgré l'étrange émotion qui s'emparait de lui et qu'il préférait ignorer, il savait qu'elle avait raison d'avoir agit ainsi. Amélia était de celles que l'on épouse. C'était la raison pour laquelle, avant de faire quelque chose qu'il pourrait regretter par la suite, il avait pris la décision de ne plus l'embrasser. Ce qui allait être difficile. Comment résister à une tentation aussi séduisante ? Quoi qu'il en était, il devait prendre l'air.

- Amélia ? dit-il en frappant à la porte de sa chambre.

Une petite voix lui répondit de l'autre côté de la porte.

- Que veux-tu ?

- Où sont les clés de la voiture ?

- Pourquoi les veux-tu ? Où vas-tu ?

Il poussa un profond soupir tandis qu'il posait son front contre la porte.

- Je sors, j'ai besoin de prendre l'air.

- Où ? répéta-t-elle.

- Je n'en sais rien, dans un bar peut-être. Enfin, je trouverai bien. Je veux juste prendre l'air.

Il y eut un moment de silence, puis elle ouvrit timidement la porte, tête baissée.

- Je t'accompagne.

- Amélia, soupira-t-il. Si je pars c'est justement pour m'éloigner un peu de toi, de cet appart, de tout.

- Oui, mais si tu vas dans un bar, je dois être là. Tu dois éviter de boire, je te rappelle. Or, c'est l'une des principales activités que l'on fait dans un bar.

- Amélia...

Il ne put la contredire, sachant qu'elle avait raison. De plus, il ne leur restait que moins de deux semaines à passer ensemble. Ils ne pourraient donc pas s'ignorer durant ce laps de temps. Alors pourquoi commencer maintenant ?

- Très bien, accepta-t-il a contre-coeur.

Au bout de quelques minutes, ils furent dans la voiture. Aucun d'eux n'osaient ouvrir la bouche. Ils tournèrent en rond pendant plus d'un quart d'heure, ne sachant où aller. Finalement, ce fut Kyrian qui prit la parole.

- Écoute, Amélia, je suis désolé si à un moment donné je t'ai fais croire que mes sentiments avaient changé.

- Ne t'inquiètes pas, à aucun moment je n'ai cru cela. Tu as été parfaitement clair depuis le début.

- Je ne vais pas m'excuser en revanche pour le baiser car j'en avais envie. Mais cela ne change en rien mes sentiments pour toi. Je te désire, certes, je ne vais pas le nier, mais je ne pourrai pas ressentir plus que cela. Si une relation venait à s'établir entre nous, elle ne serait que purement physique. J'espère que tu comprends.

Oh oui, elle comprenait. Il ne pouvait être plus clair. Mais comprendre faisait mal.

- Kyrian, ne t'inquiètes pas. Tout est clair. Pas de sentiments.

Elle comprenait parfaitement même. Il l'a désirait, mais rien de plus. Il avait raison. Jamais, depuis leur rencontre, il ne l'avait laissée espérer qu'il pouvait y avoir bien plus entre eux. Devoirs et sentiments n'entraient pas dans la même catégorie. Il ne l'aimait pas, et c'était réciproque. Du moins, le pensait-elle. Quoi qu'il en était, elle devait surveiller son coeur et empêcher celui-ci de sombrer à nouveau. Pour rien au monde elle ne voulait d'un coeur brisé. Il l'avait déjà été autrefois. À un détail près. Pour Mike, elle s'en était remise assez vite. Or, lorsqu'il s'agissait de Kyrian, si elle laissait son coeur entrer en jeu, elle avait la certitude cette fois-ci qu'elle ne s'en remettrait jamais.

- Kyrian, étant donné qu'il nous reste encore deux semaines, je voudrais que tout se passe bien entre nous. Je te propose qu'on oublie cet épisode et que tout redevienne comme avant.

- Je pourrai y arriver mais qu'en est-il de toi ?

- Je pourrai y arriver également.

Du moins l'espérait-elle du fond de son âme.

- Bien, on repart à zéro, murmura-t-elle sur un ton qui laissait place à une légère lueur d'espoir. Que dirais-tu d'aller voir un film, histoire de faire passer le temps ?

- Va pour le film.

Ainsi, ils se dirigèrent tranquillement vers le cinéma le plus proche. Elle réprima un soupir de soulagement lorsqu'elle posa son pied sur le sol. Cette journée s'annonçait comme un nouveau départ, même si ses craintes persistaient toujours.

Never Leave Me AgainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant