Chapitre 52

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5 mois plus tard...

Le silence. Ce fut tout ce que Kyrian pouvait percevoir de sa cellule. Il pouvait crier, mais il n'y aurait personne pour l'entendre, hormis certains autres prisonniers ainsi que le gardien qui venait vérifier toutes les heures s'il était toujours en vie.

La prison, un espace clôt où sont incarcérés les condamnés. Au total, 1325 cellules.

Cela faisait cinq mois que Kyrian était enfermé dans cette cellule, isolé, silencieux, soumis. Vêtu uniquement d'un simple pantalon noir, il avait le torse ruisselant de sueur et les mains écorchées. Ses cheveux noirs dénoués s'éparpillaient librement devant son visage. Les yeux égarés, assis contre le mur, il demeura un instant immobile. Il broyait du noir en fixant les barreaux de sa cellule, guettant les fantômes qui apparaissaient de temps à autre. Nés de sa mémoire, ils hantaient l'enfer qui était devenu le sien. Le paradis lui semblait hors de portée. Prisonnier de sa douleur, il porta un toast aux fantômes et les rejeta dans l'oubli en continuant la description de son nouveau lieu de vie. Penser à la prison lui faisait oublier sa tristesse, sa colère...

Une cellule, un espace étroit, à peine suffisant pour mettre un lit, parfois une table et une chaise. Des murs épais, faits de briques, pour empêcher toutes communications entre détenus et toutes évasions.

Penser à la prison lui faisait oublier ses problèmes, ses fantômes...

Au total, quatre cent quatre vingt-trois briques. Il y en a de toutes les tailles, des grandes des moyennes, des petites.

Penser à la prison l'empêchait de penser à elle...

Trois cent vingt-cinq briques étaient d'un gris plus pâle que les autres.

...son sourire, son rire cristallin et mélodieux...

Soixante seize briques étaient fêlées.

...ses magnifiques yeux couleur noisette qui le transperçaient...

Le sol était froid et dur comparé à la chaleur étouffante qui régnait dans la pièce.

Cela faisait cinq mois qu'il était enfermé dans cette prison. Cela faisait cent dix-sept jours qu'il décrivait sans cesse cette pièce dans le but de ne plus penser à la seule chose qui occupait son esprit. Ou plutôt à la personne qui occupait son coeur. En vain. Cela faisait cent dix-sept jours qu'elle le hantait.

Un sourire amer retroussa ses lèvres. Pendant qu'il s'imaginait ce à quoi sa vie pourrait ressembler maintenant, une autre part de son esprit était occupée à se rappeler les cheveux bruns qui caressaient son torse lorsqu'Amélia se pelotonnait contre lui. Par une cruelle farce du destin, il avait fallu qu'il se damne pour trouver celle qui était sa promise. Mais si cela avait été à refaire, il le referait sans hésiter. Partager la vie d'Amélia Stone durant une brève mais intense période de bonheur valait mieux que de ne pas l'avoir rencontrée du tout. Il ne voulait rien d'autre que d'être dans ses bras. Dans leur douce chaleur, leur sécurité. Il en avait tellement assez de la solitude. Tout ce qui le sauvait du désespoir, c'était le souvenir des instants de bonheur qu'ils avaient partagé. De ces souvenirs heureux, son esprit passa sans transition à un autre, beaucoup plus sombre. Il se revit, le jour de son départ, à l'aube, ignorer les mots doux sortant de la bouche de sa gardienne. Il avait tout de suite compris combien il lui serait pénible de trahir la femme qu'il aimait, mais il n'avait pas pressentit à quel point il lui serait difficile de renoncer à tout ce qui avait fini par donner un sens à sa vie. Depuis, il n'avait reçu aucune nouvelle d'elle. Lui non plus ne lui en avait pas donné. Il lui avait fallu se rendre à l'évidence: elle ne serait jamais au courant de son retour en prison. Le seul fait qu'elle n'était pas encore venu le sermonner à propos de sa garde qui n'avait servie à rien le prouvait.

Never Leave Me AgainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant