Chapitre 50

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Une semaine s'était écoulée depuis que Kyrian était parti. Durant ce court laps de temps, Amélia n'avait reçu aucune nouvelle de son protégé. Même pas ne serait-ce qu'un signe de vie. À tel point qu'elle en venait à ressentir tour à tour une multitude de sentiments différents. Au début, ce ne fut qu'un vague sentiment de frustration, car cela la gênait de ne pas savoir si Kyrian était toujours en vie, ce qu'il faisait, oú il était. La frustration fut aussitôt suivie d'une peur inconsidérée: elle n'avait surtout pas envie que Kyrian recommence à dealer. Cette peur faisait naître une certaine culpabilité, car elle ne pouvait s'empêcher de penser que tout cela était de sa faute, qu'elle avait peut-être trop accélérer les choses entre son protégé et elle, et c'était sans doute cela qui avait causé sa fuite. Le seul sentiment qui n'avait jamais changé et qui était resté depuis son départ était sa profonde tristesse. Elle aimait Kyrian plus qu'elle n'avait jamais aimé aucun autre homme, plus que sa propre vie à elle. Elle s'était donnée à lui corps et âme, son coeur était entré en jeu, et maintenant elle en payait le prix.

Tout au long de cette semaine, elle resta terrée dans son appartement, complètement retirée du monde. Elle ne répondit pas au téléphone, ne pris connaissance ni de son courrier ni de ses e-mails, et quitta le moins que possible son lit. Pour toute occupation, elle ne cessait de revivre mentalement les précieux moments qu'elle et Kyrian avaient partagés, mais aussi les pires et les plus douloureux.

Avec lui, elle avait vécu le mois le plus extraordinaire de son existence. En quelques petites semaines, elle avait rencontré l'homme de ses rêves. En tombant amoureuse de lui, elle avait goûté l'espoir d'un avenir magique entre ses bras...avant de tout perdre brusquement et de n'avoir plus rien pour se consoler que des souvenirs.

Comment était-elle censée s'en remettre ? Comment pouvait-elle reprendre une vie normale après cela ? Comment allait-elle avoir le courage de se lever, de descendre dans la rue où le moindre petit couple d'amoureux en train de s'embrasser lui arracherait le coeur ? Cela lui paraissait tout simplement impossible.

Tout au long de cette semaine, elle avait essayé de reprendre le cours normal de sa vie, faisant comme si tout ce mois n'avait jamais existé, en tentant par la même occasion d'oublier tous ses sentiments. Et elle y était arrivé.

Enfin presque. N'arrivant pas à les oublier entièrement, elle les avait profondément enfoui en elle, les bloquant à jamais.

Cela, elle le devait uniquement grâce à son meilleur ami, Jonathan, car sans lui, elle n'aurait su surmonter sa tristesse. Elle serait restée chez elle, assise en pleurant et en se morfondant dans son coin, seule. Après le départ de Kyrian, il était venu la réconforter au moment oú elle en avait le plus besoin, et cela elle s'en rappellerait toute sa vie.

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Une semaine plus tôt, quelques heures après le départ de Kyrian.

Cela faisait plusieurs heures qu'Amélia était assise, la tête posée sur ses genoux repliés. Elle essayait vainement d'oublier les paroles affreuses de Kyrian. Cependant, elle savait que cela n'arriverait jamais car chaque fois qu'elle tentait de penser à autre chose, les mots douloureux qu'elle avait entendu revenaient dans sa mémoire. Ils ne partiraient sans doutes jamais.

Certains sentiments étaient inévitables, s'invitant dans notre quotidien sans crier gare, au moment où l'on s'y attend le moins. C'était bien évidemment le cas de la tristesse qu'elle ressentait depuis quelques heures. Cet état mental, ce sentiment de dépression, de souffrance, lui faisaient regretter de n'être qu'une simple humaine incapable de maîtriser ses émotions. Elle n'avait envie de voir personne, de parler à personne. Moins il y aurait de gens dans sa vie, mieux ce serait pour elle. Elle ne cessait de se demander si, un moment ou un autre, Kyrian avait ressentit une certaine culpabilité et un peu de remord en la traitant comme il l'avait fait. Mais elle devait le reconnaître, même si cela lui faisait mal, son protégé n'était manifestement pas décidé à revenir.

Elle puisa au fond d'elle, en quête d'un soupçon de force, et s'en servit pour se lever et se diriger vers l'embrasure de la fenêtre du balcon. Elle en profita pour observer le ciel qui s'assombrissait peu à peu. Contempler le paysage sans nuages lui faisait penser à ce qu'allait être son avenir sans Kyrian: un grand vide obscur.

Une fois déjà, elle avait commis l'erreur d'espérer que Kyrian l'aimait aussi. Ce minuscule espoir lui avait permis d'envisager de se battre, de partir à sa recherche et de l'obliger à croire en leur amour. Mais un dernier reste de fierté et de dignité l'en avait empêché. Elle savait que Kyrian livrait une bataille conte lui-même, qu'il lui revenait de gagner ou de perdre seul. Tant qu'il ne s'accepterait pas lui-même, tant qu'il n'arrêterait pas de se reprocher ses erreurs passés, il ne pourrait jamais regarder vers l'avenir. Il ne comprendrait jamais que l'amour était la seule chose dont il ne devait pas avoir peur. Elle lui avait offert son amour, mais il l'avait rejeté. À présent, c'était à elle de tourner la page et de passer à autre chose. Encore fallait-il que ses larmes cessent de couler.

C'est alors que quelqu'un frappa à la porte. Elle essuya ses larmes du revers de sa main et se dirigea vers la porte. Lorsqu'elle vit Jonathan sur le seuil de la porte, ses défenses cédèrent et elle fondit en larmes dans ses bras. Ils restèrent ainsi plusieurs minutes, puis Jonathan prit la parole.

- Amélia, qu'est-ce qui ne va pas ?

Elle était incapable de bouger et de se reprendre.

- Viens, dit-il en l'emmenant sur le canapé. Comment...comment te sens-tu ?

- Triste, trahie, abattue...

- Je suis vraiment désolé, Amélia.

- Ne t'excuse pas, tu n'y es pour rien.

- Pour rien ? Je t'ai presque poussé dans ses bras depuis le premier jour. Si seulement j'avais pu être présent, je...

- Tu n'aurais rien pu faire. Il est parti, et ne reviendra jamais. Je suppose que je finirai par oublier un jour. C'est mal partit, mais je peux espérer, n'est-ce pas ?

Un court silence naissait entre eux, avant qu'Amélia ne reprenne la parole.

- Je lui ai dit que je l'aimais, avoua-t-elle entre deux sanglots.

- Et qu'est-ce qu'il t'a répondu? demanda-t-il d'une voix basse, mais qui ne parvenait pas à cacher son inquiétude.

- Il m'a dit que j'étais pitoyable, que tout ce mois n'avait été qu'une erreur, qu'à aucun moment il ne m'avait laissé croire qu'il y avait un quelconque avenir possible entre nous. Mais comment a-t-il pu me faire ça ? Prendre mon coeur, le briser, puis partir comme si de rien était sans se retourner ? Je lui ai dit de s'en aller, de partir et de ne plus jamais revenir. Je l'ai traité de lâche, de monstre. J'ai essayé d'être aussi méchante et brutale qu'il l'avait été avec moi. J'étais triste et en colère à la fois. J'espérai que ça allait m'apaiser, au moins pour un court instant. Mais malgré tout ce qu'il m'a fait, tout ce qu'il m'a dit, je ne peux pas m'empêcher de regretter de l'avoir mis dehors. Jonathan, il est sûrement seul dans la nature à l'heure qu'il est. Je n'arrête pas de culpabiliser, alors que je ne le devrais pas. Jonathan, je suis...

Elle ne put finir, le reste de sa phrase se perdit en un sanglotement désespéré.

- Amélia, chut, dit-il en la prenant dans ses bras pour la réconforter. Cesse de penser à ça. Laisse toi aller un bon coup. Je ne te demande pas d'oublier et de bloquer tes sentiments, car tu ne serais pas humaine si tu n'en avais pas. Je veux juste que tu respires et que tu te laisses aller une bonne fois pour toute. Avec le temps, ta blessure guérira. Aucun mot ne sera assez fort pour calmer ta douleur.

- Et si elle est trop profonde ?

- La plaie se refermera tôt ou tard. Et sache que, quoi que tu fasses, je serai là pour toi. Tu pourras toujours compter sur moi. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas.

- Merci Jonnathan.

Ce furent les derniers mots de leur discussion. Elle passa les heures qui suivirent dans les bras de son meilleur ami qui la réconfortait.

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Ainsi, grâce à Jonathan, elle avait pu supporter toute cette tristesse et essayer de l'évacuer. Aujourd'hui, elle n'était plus qu'une simple coquille vide capable de ressentir uniquement de la colère.



Never Leave Me AgainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant