Never Leave Me Again

Chapitre 48

Le dernier jour, celui du départ de Kyrian, arriva. Ce jour-ci, ils se parlèrent à peine. Kyrian passa son temps à éviter Amélia. Son attitude confirmait les doutes de la jeune femme. Elle savait que s'il se comportait ainsi, c'était parce qu'il avait décidé de partir. Une vague de tristesse la submergea, suivie aussitôt d'une vague de colère. Comment pouvait-il l'abandonner après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble ? Après tout ce qu'ils avaient partagé ? Elle ne se faisait toujours pas à l'idée de le perdre. Et elle ne s'y ferait probablement jamais. Elle était sûre d'une chose, elle ne pourrait pas vivre sans lui à ses côtés. L'avenir sans lui serait insupportable, étant donné que sans sa présence, elle ressentirait toujours un obscur vide en elle.

Au levé du jour, elle trouva Kyrian assis sur une chaise, sur le balcon, contemplant les premiers rayons du soleil. Il semblait regarder dans le vide. Les cernes qu'il avait sous les yeux prouvaient qu'il n'avait pratiquement pas dormi. Il avait les traits tellement tirés qu'elle reconnaissait à peine le visage de l'homme dont elle était tombée amoureuse. Souhaitant rompre le pesant silence, elle décida de prendre la parole.

- Je t'en prie, ne pars pas Kyrian. Pourquoi ne resterais-tu pas ? Enfin, je veux dire, peut-être pas ici, dans cet appartement, mais plutôt à proximité, dans les environs.

- Amélia, soupira-t-il faiblement. Nous en avons déjà parlé.

- Non, justement. Je t'en ai à peine parlé, tu as préféré ignorer le sujet.

Un silence pesant emplit la pièce avant qu'il ne réponde d'un soupir las.

- Amélia, je ne peux pas.

- Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ?

- Ma soeur a toujours été ma priorité et tu le sais. Ne me force pas à choisir entre vous deux.

- Je ne te force à rien du tout. Je pourrais même au contraire continuer t'aider dans tes recherches pour la retrouver.

- Amélia, ne gâche pas notre dernière journée. Ce n'est pas ce que je veux et toi non plus.

- Dis moi au moins que tu reviendras me voir de temps en temps. Dis moi qu'on restera amis malgré tout.

La réponse, ou plutôt l'absence de réponse de Kyrian lui fit ouvrir les yeux.

- Tu n'avais jamais prévu de revenir, n'est-ce pas ? Tu pensais partir et oublier tout ce qui s'est passé durant ce mois ?

- Je ne peux pas rester Amélia, souffla-t-il.

- Mais pourquoi ?

- Tu ne comprends donc pas ? lui demanda-t-il alors qu'il commençait à perdre patience. Tous ceux qui se sont rapprochés de moi ont finit par souffrir. Mon père m'a toujours considéré comme son fardeau, et ce depuis ma naissance. Il me punissait sans relâche sous prétexte que j'avais détruit sa vie. Et lorsqu'il nous a quitté, j'ai commencé à croire que c'était vraiment le cas.

- Ton père n'était qu'un lâche, un bon à rien. Son avis ne compte pas.

- Et ma sœur ? Si je n'avais pas été là, mon père ne nous aurais sûrement pas abandonné. Et en ce moment même, elle aurait peut-être ses deux parents à ses côtés. Elle a eu une enfance difficile parce que j'ai été trop égoïste pour la mettre dans une famille d'accueil plus tôt. Je n'ai jamais gagné suffisamment d'argent pour lui offrir la vie qu'elle méritait, et elle en a affreusement souffert, même si elle ne le montrait pas.

- Mais Kyrian...

- Et ma mère ? la coupa-t-il. Elle est morte à cause de moi.

- Ne dis pas ça. Tu n'es pas responsable de sa mort.