Chapitre 9

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Le lendemain, Kyrian dormait toujours sur le canapé qui lui servirait de lit tout au long de son séjour. Soudain, il sentit quelque chose d'humide sous sa joue. C'était une langue. Toujours ensommeillé, les yeux mi-clos, il pensait qu'il ne s'agissait que d'un simple rêve. 

- Amélia, arrête, dit-il en faisait mine de se plaindre.

Mais, la langue continuant son manège, il répéta:

- Mmmh, Amélia, arrête, sinon je vais...

Il ne put finir sa phrase lorsqu'il fut à même de réfléchir clairement. Amélia n'oserait jamais l'approcher, alors lui lécher la joue, encore moins. Cette petite voix dans sa tête sonnait comme un signal d'alarme. Il ouvrit brusquement les yeux, se leva rapidement, et vit l'auteur de son malaise. Ce n'était pas Amélia. La réponse était là, devant ses yeux. Ce qu'il vit le fit sursauter. Un petit être avec de minuscules yeux noirs, avec des poils sur... Des poils ! C'était un chien ! Tout lui devenait subitement très clair. Amélia n'aurait-elle pas pu le prévenir qu'elle avait un chien ? Il n'avait pas le temps de s'en soucier car son ventre émit un grognement. Le cassoulet de la veille ne l'avait rempli qu'à moitié. Et dire qu'en sortant de prison il avait cru avoir droit à des mets plus comestibles ! Il aimait les chiens, certes, cependant son amour pour eux ne surpassait pas celui qu'il avait envers la nourriture. 

Il se dirigea alors dans la cuisine et se mit en quête de quelque chose facile à digérer. Il ne trouva malheureusement rien dans les placards, hormis d'autres boîtes de conserves. Il soupira d'étonnement. Cette femme ne mangeait-elle que cela ? Il ouvrit alors le réfrigérateur et trouva de quoi se satisfaire: des barres de chocolat. Il retînt un cri de victoire. Ce n'était pas assez pour se nourrir comme il se le devait, mais c'était néanmoins suffisant pour combler sa faim et oublier le cassoulet de la veille.

- Hem, ça va ? Je ne te dérange pas ? fit une voix dans son dos.

- Non, ça va, merci de t'en inquiéter, annonça-t-il dès qu'il eut reconnu sa marraine d'abstinence. Par contre, lorsque tu feras tes courses, dorénavant, je t'y accompagnerai. Tu n'as absolument rien de mangeable.

- Mais qui t'a permis de fouiller dans mon frigo ?

- Permet moi de te le rappeler: toi. Tu m'as dit de faire comme si j'étais chez moi.  Vois-tu, ce n'est pas dans ma nature d'écouter les gens, mais j'ai fait une exception pour une fois. Et rien que pour toi. Tu devrais en être flattée, dit-il avec un sourire satisfait.

- Terriblement flattée, grinça-t-elle des dents. Oui, c'est vrai, je te l'ai dit, je ne le nie pas. Mais c'était pour être polie. Je ne pensais pas du tout que tu le ferais.

- Oups, dit-il d'un air faussement innocent.

Il l'a contourna et alla s'asseoir sur le canapé, qui durant tout le séjour, sera son "lit".

- Au fait, tu aurais pu me prévenir que tu avais un chien. Et à l'avenir, dis à ton clébard d'éviter de me réveiller en me léchant le visage. Ce n'est pas que je n'aime pas les réveils langoureux, mais je préfère largement lorsqu'ils sont faits par une femme.

Une part d'elle détestait de plus en plus ce sourire enjôleur, tandis que l'autre, la traîtresse, ne cessait de le trouver que plus attirant. Il n'en restait pas moins que cet homme lui tapait sur les nerfs.

- As-tu toujours été aussi...pervers ?

- Ça fait partie intégrante de mon charme. Personne ne s'en est jamais plaint.

- Sûrement parce que tout le monde te craignait. 

- Est-ce aussi ton cas, Amélia ?

- Absolument pas. Et à l'avenir, laisse mon Spitz Nain tranquille.

- Un Spitz Nain ? L'animalerie était en rupture de stock? 

- J'aime mon chien, protesta-t-elle. Et je ne t'ai pas demandé ton avis.

- Et moi, je n'ai jamais demandé de junky-sitter. Mais, comme tu le vois, on a pas toujours ce que l'on souhaite. Quoi qu'il en soit, tu aurais pu prendre un labrador, un berger ou même un doberman. 

- Ils sont mignons ces chiens lorsqu'ils sont petits, mais une fois âgés, ils sont beaucoup trop énormes. J'habite dans un appartement je te signale. 

- Tu aimes ce qui est petit, si je comprends bien. Dommage alors. Nous n'avons aucun avenir ensemble, ironisa-t-il.

- Je préférerai ne pas savoir le sens caché de cette phrase, soupira-t-elle en roulant des yeux.

Après un dernier soupir, elle le rejoignit et s'assit à côté de lui sur le canapé, ce qui eut pour effet de le déranger.

- Ne te gêne surtout pas.

- Quoi ?

- Tu es assisse sur mon lit, l'aurais-tu oublié ?

- Mais c'est aussi mon canapé, l'aurais-tu oublié ? 

- Oui, mais pour l'instant, il se trouve que c'est mon lit. Et tant que je n'aurais pas de lit convenable, toi, tu n'auras pas de canapé. Alors veux-tu virer tes belles fesses de là ?

Tout en prononçant ces paroles, il la poussa à l'aide de son pied hors du canapé. Elle tomba et atterri sur les fesses. 

- Aïe ! cria-t'elle en frottant son derrière endolori. Tu m'as fait mal !

- Oh mais qu'elle chochotte, dit-il en reprenant ses propres mot à elle. Et moi qui te prenait pour une dure à cuire.

Elle le récompensa d'un regard glacial, ce qui eut pour effet de lui arracher un sourire. Elle était déjà à cran ? Tant mieux ! Car il n'en avait pas fini avec elle. Il venait d'ailleurs à peine de commencer.

- Tu devrais peut-être remonter ton débardeur. Tu m'offres une vue que je ne risque pas de regretter, mais toi, par contre, oui.

- Quoi ? Mais de quoi tu...

Elle se tut et poussa un cri d'effroi lorsqu'elle vit que son tee-shirt était baissé et que la moitié de sa poitrine était dehors. Elle le remonta aussi vite qu'elle put, et lorsqu'elle releva la tête, elle vit que Kyrian souriait. Cet idiot avait l'audace de sourire ! Elle n'eut pas le tant d'ouvrir la bouche car il prit la parole le premier.

- Si je peux me permettre, soit dit en passant, la belle vue de ta poitrine ce matin ferait pâlir d'envie tous les hommes de la ville.

- Et, si je peux me permettre, continu tes blagues débiles et je te réduis en miette les petits bijoux que ta famille t'a précieusement donné...soit dit en passant.

- Petits ? Tu ne veux pas me fouiller ? Qui sait, tu trouveras peut-être quelque chose qui t'impressionnera. 

- Ou rien du tout. 

Il esquissa un sourire. Cette sauvageonne avait de la répartie, il ne pouvait pas le nier. Et, par tous les Dieux, il commençait à aimer cela.

Mais il ne devait pas oublier qu'il n'était là que pour un mois. Hors de question pour lui de s'attacher. Surtout pas avec celle qui tenait sa liberté entre ses mains.




Never Leave Me AgainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant