Il l'avait enfin retrouvée. Après plusieurs heures, plusieurs jours même, de recherches sans relâche, Kyrian avait enfin retrouvé sa soeur. Celle qui n'avait quitté ni son coeur ni son esprit depuis leur séparation. Celle à qui il n'avait cessé de penser.
Depuis qu'il l'avait retrouvé, il ne l'avait pas quitté. Ils essayaient de passer le maximum de temps possible ensemble car Kyrian savait que ce jour qu'il passait en compagnie de sa soeur serait probablement le dernier. En effet, en partant de chez Amélia sans l'accord de celle-ci, en quittant sa gardienne beaucoup plus tôt que ce qui était prévu, il avait enfreint l'une des règles qu'il devait absolument respecter en tant que protégé. Le jour oú Amélia devait, devant le tribunal, le juger apte à reprendre sa vie normale, il n'avait même pas fait acte de présence. Et les conséquences de ses actes, il les connaissait déjà: s'il se rendait maintenant, il devrait purger le reste de sa peine en prison, c'est à dire, environ deux ans. Ce qui était peu comparé à ce dont il écoperait s'il ne se rendait pas. C'est la raison pour laquelle il n'avait pas perdu son temps. Durant toute cette semaine, il n'avait pas arrêté de la chercher. Et depuis qu'il l'avait retrouvé, cela faisait exactement trois jours, ils ne s'étaient pas quittés et restaient ensemble le plus de temps possible.
Dans une joyeuse ambiance de retrouvailles, tous deux s'étaient retrouvés chez elle. Cependant, aucun d'eux n'abordait le sujet qui selon Kyrian, était primordial: sa fuite au moment où elle avait le plus besoin de lui. N'ayant plus beaucoup de temps, il devait à tout prix porter l'attention sur ce sujet. Tôt ou tard il devrait bien affronter les erreurs de son passé ainsi que les démons qui le hantaient depuis ce funeste jour.
- Olivia, il faut absolument que l'on parle.
- Vu le son de ta voix, je m'attends au pire. De quoi veux-tu parler ?
- Du jour de mon départ.
- Kyrian...
- Je sais que tu aimerais ne pas en parler, mais il le faut. C'est important pour moi, insista-t-il.
- Dans ce cas, moi aussi j'aimerai te dire quelque chose. Mais je te laisse commencer.
- Je voudrais d'abord m'excuser, Olivia.
- T'excuser de quoi ?
- J'ai fait de mon mieux pour que l'on reste unis comme une famille. Mais visiblement je n'en ai pas assez fait. Je t'ai abandonnée tout de suite après que tu aies été adoptée par une nouvelle famille. Je t'ai abandonnée au moment ou tu avais le plus besoin de moi. Je suis responsable de la mort de notre mère...
- Kyrian, ne dis pas ça. Tu n'es en aucun cas responsable de sa mort. Au contraire, tu as tout fait pour me réconforter. Qui pourrait t'en vouloir pour cela ?
- Tu devrais me détester. Tu devrais me haïr. Et pourtant tu me regardes comme j'étais le héros d'autrefois.
- Je ne t'ai jamais hais. Je t'en ai voulu c'est vrai, au départ, car tu avais choisi la solution la plus facile et tu es parti sans même me le dire. Mais, je ne t'ai jamais hais.
- Qu'est-ce qui t'a donc fait changé d'avis ?
- C'était ce dont je voulais te parler. J'ai longtemps pensé que tu aurais du être avec moi, qu'étant mon frère, tu devais rester pour jouer ce rôle. Puis, je me suis rendu compte que le plus égoïste de nous deux, c'était moi. Je voulais tellement que tu restes à mes côtés, je ne me préoccupais que de ma propre souffrance, de mes propres envies. Mais je n'avais pas réalisé que toi aussi tu souffrais. Je n'avais pas pris conscience de tous les sacrifices que tu avais fait uniquement pour moi. Quand j'étais triste, j'avais tes épaules sur lesquelles pleurer, quand je n'allais pas bien, j'avais quelqu'un vers qui me tourner. Et pendant tout ce temps, toi tu n'avais personne, tu devais endurer ce fardeau seul.
- Mais ce n'est pas une excuse. Je n'aurais pas du t'abandonner.
- C'est ironique. Tout ce temps où toi tu ne pensais qu'à tes fautes passées, moi je ne pensais qu'à te pardonner.
- Et...et ta famille ? T'a-t-elle bien traitée ?
- Ne t'inquiète pas pour ça. Je suis allée chez un couple qui ne pouvait pas avoir d'enfants. Ils avaient déjà la quarantaine et ne se voyaient pas s'occuper d'un bébé. Quand ils ont su qu'une petite fille de treize ans recherchait un foyer, ils n'ont pas hésité. Ils m'ont toujours traitée avec gentillesse. Ils sont devenus comme une seconde famille pour moi.
- Et que fais-tu dans la vie ?
- Je fais des études de droit. J'en suis à ma deuxième année. Et toi dis moi, maintenant que tu es libre, que comptes-tu faire ?
"Libre, oui, mais dans deux ans" pensa-t-il. Bien sur, ce détail, il omit de le dire tout haut. Même Amélia n'était pas au courant. Selon elle, il était simplement parti à la recherche de sa soeur une fois sa liberté en main sans aucune intention de revenir. Une part de lui, égoïste comme il l'était, souhaiterait qu'Amélia n'aime aucun autre homme comme elle l'avait aimé lui. L'autre part devait se faire une raison et la laisser tourner la page. Celle qu'il aimait était vouée à un grand avenir. Le sien s'annonçait noir.
- Je suis mécanicien, répondit-il à la place.
- Je croyais que tu voulais devenir ingénieur en aéronautique, ou quelque chose comme ça. Tu as toujours été doué dans les matières scientifiques, en technologie et avec tout ce qui contient un moteur.
- Comme tu le vois, le destin en a décidé autrement. Et puis, les voitures ne contiennent-elles pas un moteur ? ria-t-il.
- Et côté femme ? Mon petit doigt me dit que tu en as rencontré une il n'y a pas longtemps.
- Non, mentit-il, je n'en ai encore rencontré aucune qui m'intéressait.
Il détestait mentir à sa soeur, c'est pourquoi il essayait d'en dire le moins possible sur lui, même si parfois il n'y avait pas d'autre solution. Une part de lui n'éprouvait aucun remord, car il n'avait pas réellement menti. Une femme était bien rentré dans sa vie, mais n'avait pu y rester.
- Tu es sûr de...
- Je devrais m'en aller, Olivia, la coupa-t-il.
- Quoi ? Déjà ? Mais on vient à peine de se retrouver Kyrian.
- Je sais, et crois moi, si j'avais le choix je ferais les choses autrement. Mais j'ai des affaires importantes à régler.
- Concernant ton arrestation ? demanda-t-elle, soudain affolée.
- Entre autre, oui.
- Mais, je croyais que tu avais déjà payé ta peine.
- Je devrais vraiment y aller Olivia.
- Tu me caches quelque chose, Kyrian. Je n'aime pas ça. Mais, je suis consciente que depuis notre séparation, il a du se passer beaucoup de choses dans ta vie. Quoi qu'il en soit, promet moi que tu reviendras me voir bientôt.
- Je te le promet. Le plus tôt possible. Je viens de te retrouver, ce n'est pas pour t'abandonner de nouveau.
Lorsqu'ils se levèrent, il l'a prit dans ses bras et la serra aussi fort qu'il le put.
- Hum, Kyrian, moi aussi je suis ravie de te retrouver, mais si tu ne me lâches pas tout de suite, tu me perdras pour de bon. Tu m'étouffes là.
- Excuse moi, ria-t-il en la lâchant.
Il la regarda longuement, puis lui caressa la joue doucement.
- Tu lui ressembles énormément, tu as son sourire, ses yeux. Tu es devenue une magnifique femme. Maman serait fière de toi.
- Et de toi aussi, même si tu refuses de l'admettre.
- Prends soin de toi Olivia, dit-il en l'embrassant tendrement sur la joue.
- Si tu promets d'en faire de même.
Après avoir salué sa soeur une dernière fois, il se dirigea vers ce qui allait être son nouveau toit pour les deux ans à venir. En l'espace d'une unique semaine, il avait perdu la seule femme qui avait su faire battre son coeur et il devait abandonné sa soeur une seconde fois. La vie ne pouvait se montrer plus cruelle.
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Never Leave Me Again
Roman d'amourSuite à de nombreux échecs amoureux, Amélia Stone n'a qu'une envie: bannir les hommes de sa vie. Lorsqu'elle devient la "gardienne" de l'ancien dealer Kyrian O'Callaghan, elle a alors pour but de l'empêcher de replonger dans ses vices. Mais le ténéb...