Chapitre 47

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Les jours passaient inéluctablement. Le jour du départ de Kyrian se rapprochait de plus en plus, à une vitesse phénoménale, à tel point qu'aucun d'eux ne voyaient le temps passer. Kyrian et Amélia passaient donc le maximum de temps ensemble. Il lui racontait les aventures qu'il avait vécu dans son enfance, en passant par la plus sinistre jusqu'à la plus mémorable. Il lui apprenait aussi une intéressante technique pour savourer la chantilly. Après de nombreux cours de cuisine ainsi qu'un nouveau four, il avait réalisé qu'elle ne serait jamais une as de la cuisine. Seul un miracle, et encore, pouvait y remédier. Quant à elle, elle l'aidait dans ses recherches pour retrouver sa soeur, sans cesser de lui prouver qui était, selon elle, la meilleure joueuse de strip-football du monde. Cependant, les rares fois où elle arrivait à gagner, il n'avait de cesse de lui rabattre les oreilles avec des excuses aussi minables les unes que les autres. Elle se remémora la fois où, par une chance inouïe, elle avait marqué plus de cinq buts contre lui. Elle avait ainsi pu admirer toutes les différentes parties du corps de ce bel Apollon. Bien qu'il faisait mine de s'en offusquer, elle savait que le fait qu'elle puisse contempler son corps nu ainsi offert ne le dérangeait pas le moins du monde. Elle se rappelait aussi l'une de ses excuses pathétiques. Comment l'oublier celle là ?

"- Amélia, lui avait-il dit, si tu gagnes, ce n'est pas parce que tu es forte, non. Au contraire, tu es nulle. Et par conséquent, je suis obligé de me rabaisser à ton niveau. Mais comme tu es la plus forte dans ton niveau... Je n'ai pas besoin d'expliquer la suite."

Il avait semblé si offusqué par ses défaites qu'elle n'avait pas pu s'empêcher de rire à gorge déployée. Si fort qu'elle en suffoquait presque, ce qui le fit ronchonner davantage tout en croisant les bras. Elle avait du se montrer très créative pour lui faire oublier son air renfrogné. Ce jour là, elle avait compris qu'il ne fallait jamais gagner contre un homme, au risque que celui-ci ne prenne un coup sur son ego démesurément grand.

Elle se mit à penser au caractère de Kyrian. Son protégé avait de nombreux défauts, elle l'avait remarqué durant sa première semaine de garde. Il était prétentieux, égocentrique, obsédé et doté d'un penchant énorme pour les activités charnelles qui faisaient de lui un irrésistible pervers. Son arrogance était sans limites, à tel point qu'elle en venait à se demander comment il avait pu réussir jusqu'ici sans prendre la grosse tête. Il ne la laissait jamais mettre ne serait-ce qu'un pied dans sa propre cuisine s'il n'était pas à ses côtés, sous prétexte que si elle le faisait sans lui, il n'y aurait probablement plus de cuisine à son retour. Une autre habitude qu'elle détestait chez lui était le fait qu'il s'amuse de ses propres défauts à elle, comme de son total manque de talents culinaires par exemple. Ou même de ses cordes vocales qui rendaient son chant pire que "lorsque l'on égorge un chat", comme il l'avait dit lui même. Elle pouvait très bien chanter "Allumer le feu" qu'il lui aurait tout de suite ordonné "d'éteindre le son". Tout comme elle pouvait chantonner "Sur ma route". Mais elle savait qu'à la minute où elle commencerait à fredonner "Sur ma route, oui, j'ai eu des moments de doute..." il aurait aussitôt répliqué une phrase du style "Oui, mais toi il n'y a pas de doutes, tu chantes faux". Aussi avait-elle abandonné ce minuscule espoir de devenir chanteuse.

Mais, outres tous ses défauts qui la rendait dingue, il possédait aussi des qualités qui ne le rendait que plus mignon. Il était taquin, enjoué, drôle et déterminé. Elle avait aussi remarqué qu'il avait un petit côté possessif, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Il était généreux et adorable, même s'il refusait de l'admettre. Cela se voyait aux nombres interminables de cadeaux qu'elle recevait, bien que la plupart étaient des strings. Enfin, c'était un amant hors catégories. Il lui apprenait le plaisir tout en lui enseignant comment lui en procurer à son tour. Il pouvait se montrer tour à tour sauvagement insatiable ou passionnément romantique. Et elle adorait ne pas savoir à l'avance à quelle facette elle aurait droit le soir. Elle n'était jamais déçue et ne pouvait que l'en aimer davantage.

Il leur semblait que seuls quelques jours seulement s'étaient écoulés lorsque arriva sans crier gare le dernier jour du mois. Ils en étaient tous deux malades. Durant la semaine, une fois, elle avait tenté d'aborder le sujet du départ de Kyrian, toujours en lui faisant secrètement savoir que s'il le souhaitait, il pourrait rester vivre ici, dans son appartement, avec elle. Mais il lui avait fait savoir, d'une manière ou d'une autre, que ce n'était guère possible et qu'il préférait éviter d'en parler. Depuis, ils n'avaient plus jamais aborder ce sujet.

La veille du jour fatal, Amélia réalisa qu'elle ne pourrait jamais vivre sans Kyrian. La seule idée de retrouver la vie qu'elle menait avant de le rencontrer lui brisait le coeur. Et elle était persuadée qu'elle mourrait de chagrin s'il partait. Cependant, elle savait qu'il était seul maître de son choix.

- Je t'en pris Kyrian, lui susurra-t-elle à l'oreille alors qu'il dormait à ses côtés. Ne me quitte pas.

Never Leave Me AgainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant