Chapitre 1 : Évangeline et Margaux

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C'était une journée de fin septembre, au début de l'automne. Déjà les arbres se couvraient de teintes orangées et chaleureuses, avant de tout laisser tomber avant l'hiver. Margaux aimait particulièrement cette saison.

Elle descendait du train, suivie de sa meilleure amie, Évangeline. Toute deux marchaient côte à côte, quittant le quai, avec sur leurs dos leurs gros sac de cours. Oui, ces deux jeunes femmes étaient étudiantes, bien que majeures depuis longtemps. Elles étudiaient la médecine, et elles étaient maintenant en dernière année, alternant donc avec un travail dans un hôpital. Mais aujourd'hui était une journée de cours normaux, bien qu'épuisant.

Une voiture noire les attendait au parking de la gare. Un homme ouvrit les portières, et elles se glissèrent dans la berline, remerciant le chauffeur. Quelques minutes à peine les séparait de la gare, mais Margaux préférait toujours rentrer en voiture, se disant toujours trop fatiguée pour marcher après une si grosse journée. Évangeline regardait les quelques maisons défiler rapidement à travers la vitre, mais il fut déjà temps de descendre.

Les deux jeunes femmes habitaient depuis longtemps déjà ensemble. Elles se connaissaient depuis leur entrée en sixième ; ce fut un jour à la fois cruel et formidable pour elle, premièrement car elles étaient chacune seule, sans parents pour l'accompagner dans cet inconnu alors que tous les autres étaient encadrés, et aucune d'elle n'avait d'amis dans ce nouvel établissement. Alors, par la force des choses, elles se sont rapprochées, et ont appris à aimer les mêmes choses, à se ressembler, à s'apprécier. Et dorénavant elles étaient inséparables.

C'était aussi beaucoup plus pratique pour elles ; elles faisaient leurs études dans le même grand complexe, bien qu'elle n'ait pas du tout choisi les mêmes spécialités. Et comme Évangeline venait d'une famille très aisée -pour ne pas dire riche- elles ne manquaient même d'aucune place.

Qui dit fin de journée automnale, qui dit déjà nuit. Les deux jeunes filles mangèrent rapidement, et s'installèrent dans la grande bibliothèque. Elles avaient pour politique de faire un maximum de devoirs le vendredi soir pour profiter au mieux du week-end.

La grande maison était bien calme, comme d'habitude. Évangeline l'avait toujours trouvée trop calme. Son père, lorsqu'il devait encore rester dans cette maison, imposait un silence pesant, pour ses domestiques comme pour sa famille. Évangeline avait toujours l'impression d'être seule dans cette immense villa, alors l'arrivée de Margaux lui avait fait le plus grand bien.

Margaux triait ses documents de cours sur son ordinateur, tandis qu'Évangeline cherchait un livre particulier dans la bibliothèque. Elles travaillaient toutes les deux sur un projet qui devrait préparer leur mémoire, à rendre à la fin de l'année. Mais elles n'y étaient pas encore, heureusement.

Les heures défilaient, la lune montait dans le ciel. C'est lorsque Margaux commença à piquer du nez, aux alentours de deux heures du matin, qu'elle décida qu'il était grand temps d'aller se coucher. Mais apparemment, Évangeline ne l'avait pas attendue, elle était affalée sur ses document, les bras croisés, dormant paisiblement.

Margaux eut un petit sourire. Le sommeil d'Évangeline était toujours très agité, il ne s'était jamais passé une nuit sans qu'elle ne fasse de cauchemars, si bien qu'à chaque fois, elle rejoignait Margaux pour finir sa nuit. Au final, cette dernière avait fini par installer un deuxième lit dans la chambre de son amie, car c'était plus simple ainsi. Elle n'osa donc pas la déranger, mais en profita un peu pour admirer ses cheveux.

Évangeline n'avait pas cette chevelure parfaite digne d'une instagrameuse. Ces cheveux courts étaient roux, plus orange c'est impossible. Cependant, sa particularité était que ses pointes dégradaient vers le bleu océan. Quand elle avait les yeux ouverts, on pouvait observer leur magnifique teinte verte. Ses pommettes étaient quant à elles parsemées de taches de rousseur, lui donnant un certain charme, même si elle le daignait. Dans l'ensemble, elle était grande et assez mince, bien qu'elle ne pratique pas de sport (courir pour attraper le premier train est largement suffisant selon elle).

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