Chapitre 23 : Désolée

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Elle se réveilla en sursaut. Elle avait fait un cauchemar. C'était le milieu de la nuit. Elle n'avait pas dormi plus de 2 heures. Les cernes commençaient à marquer son visage.

Évangeline secoua la tête, essayant de remettre de l'ordre dans ses pensées. Elle regarda à travers la fenêtre, les étoiles brillaient de mille feux. Elle ne pensait pas que cette vision lui avait autant manquée.

Elle se leva, chancelant sur ses jambes fébriles. Elle jurait, elle n'aimait pas se sentir faible. Doucement, elle avança jusque la porte, elle n'était pas fermée. Son instinct lui disait d'aller tout droit.

Elle ouvrit la porte devant elle, de l'autre côté du couloir. Elle y trouva ce qu'elle cherchait.

Aiolos était étendu dans un lit au fond de la pièce, branché de toute part à des électrocardiogrammes, tensiomètres, respirateurs, et autres machines. Il était endormi ; il était couvert de bandages.

Évangeline tomba à genoux, près du lit.

Il n'y avait presque pas de lumière dans la chambre ; ce qui éclairait le plus étaient les rayons de la Lune qui passaient à travers la fenêtre. Aiolos paraissait d'une pâleur fantomatique.

Sa respiration était faible, régulière grâce à la machine.

Les larmes montèrent aux yeux de Eva. C'était à cause d'elle qu'il était dans cet état. Qu'il était au bord de la mort. Margaux avait eu beau la rassurer, elle n'était pas dupe. Il était bien plus amoché qu'elle ne l'avait laissé paraître.

Un élan de terreur la prit. Pourquoi se trouvait-elle devant son lit, si c'était elle qui lui avait fait tant de mal ? Qu'est-ce qui l'autorisait à être ici ?

Elle ne pouvait plus retenir ses sanglots. Ses larmes dégoulinaient abondamment sur ses joues. Elle saisit la main du chevalier, elle pleurait dessus.

-Je suis désolée Aiolos, je suis tellement désolée, désolée...

Le silence lui répondit. Sa tête explosait, ses sentiments étaient tellement confus, entremêlés, elle ne savait pas comment les exprimer.

-J'aurai dû être plus forte, lui résister plus, je ne t'aurais pas fait de mal si j'avais été plus forte... désolée, désolée, murmurait-elle.

Elle reposa son front sur la main du chevalier. Elle s'en voulait tellement.

Une main se posa sur son épaule. Elle sursauta tellement fort qu'elle fit presque un bon. Elle recula en vitesse, se protégeant le visage avec ses bras.

-Hey, Eva, c'est moi, Aiolia, dit-il avec une voix douce.

Évangeline se figea. Que devait-elle faire ? Son corps voulait réagir, se protéger de la menace, se recroqueviller dans un coin et attendre que ça passe. Mais sa tête lui disait de parler, qu'il était son ami, pas son ennemi. Qu'il ne lui ferait pas de mal. Mais et s'il lui en voulait ? S'il lui en voulait d'avoir presque tué son frère ? Sa respiration restait en suspens, attendant de savoir ce qui allait se passer.

Il resta à distance raisonnable. En fait, il était étonné de la voir ici. Il pensait qu'elle allait rester enfermée dans sa chambre, comme elle l'avait fait dans l'autre monde. Elle paraissait transformée, elle avait changé, trop changé. Et elle ne semblait plus le reconnaître.

Il s'agenouilla à son niveau.

-Eva, tu te souviens de moi ? Aiolia ?

Elle hocha la tête positivement, lentement, sans lâcher du regard le Lion. Il y avait une lueur d'inquiétude dans son regard.

-Je suis content que tu te souviennes de moi, répondit-il avec un sourire. Tu n'as rien à craindre ici, d'accord ?

Elle resta immobile, mais ses yeux dévièrent vers le corps inanimé d'Aiolos. Aiolia suivit son regard.

-Je ne t'en veux pas d'avoir blessé mon frère, tu sais, dit-il en reportant son regard sur elle. Et je pense qu'il ne t'en voudra pas non plus, mon frère est trop gentil pour ça, sourit-il. Et il t'aime trop pour t'en vouloir.

Évangeline ne savait pas comment prendre les paroles du Lion. Elle s'en voulait, quand bien même lui ne lui reprochait rien.

-Margaux a dit qu'il se réveillerait d'ici un à deux jours, tu n'as pas à t'en faire.

Elle baissa les yeux. Elle ne pourrait pas changer ça. Elle se haïssait d'avoir succombé à Mélinoé. À chaque fois qu'elle y pensait, ce poids s'alourdissait sur sa poitrine. Elle avait l'impression de suffoquer un peu plus à chaque pensée.

Aiolia s'approcha d'elle et la prit dans ses bras. Tout son corps se tendit d'un coup. Elle voulait s'échapper, mais elle était devenue immobile.

-Je te ramène dans ta chambre, tu dois te reposer, c'est Margaux qui l'a dit.

Elle était rouge de honte. Elle détestait être portée. Elle se sentait si faible, pire qu'un enfant. Aiolia la déposa dans son lit. Elle ne dit rien, ne regarda rien. Simplement, une larme coula sur sa joue. Aiolia lui offrit un sourire. Il sortit de la chambre en soufflant. Il espérait revoir Eva, mais il avait l'impression qu'elle était perdue, perdue pour toujours. 

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