Dans un autre monde

Chapitre 34 : Deimos

Elles volaient, dans l'immensité vide de cette dimension, réservée aux dieux. Le silence était pesant. Mais elles n'avaient pas vraiment le cœur à parler, les séparations avaient été trop dures. Pourtant, il y avait quelque chose que Margaux voulait dire à son amie, et depuis quelque temps déjà. Elle n'avait jamais trouvé le bon moment, jusqu'à maintenant.

-Eva, j'ai quelque chose à te dire...

-Ça ne va pas ?

Au ton que Margaux avait employé, Eva savait qu'elle était tracassée. Elle qui était toujours si énergique, si pleine de joie, la voir comme ça était rare. Ce devait être important.

-Non, ça va mais... C'est important, et je ne savais pas comment, ni où et encore moins quand te le dire...

-Ne t'en fais pas. Je t'écoute, je suis là.

-Eva je... je suis enceinte.

-Je... Tu es heureuse ? Tu vas le garder ?

-Quoi ? Bien sûr que je le suis ! C'est l'enfant de Shura, je veux le garder, ça c'est clair...

-Dans ce cas, tout ira bien. Je suis heureuse pour toi, si tu l'es. Il est au courant ?

-Oui... Je lui ai dit tout de suite. Il était vraiment heureux, sourit-elle. C'est pour ça qu'il voulait autant me protéger.

-Je le comprends. Et il a tout de même réussi à accepter que tu viennes avec moi te battre pour sauver le monde. Cet homme mérite une médaille ! J'en connais peu qui à sa place auraient agi pareil... Dis-moi, t'en es à combien ?

-6 semaines tout juste, répondit-elle.

-Tu l'as su drôlement tôt !

-Un pressentiment divin, un truc dans le genre, sourit Margaux.

Elles aperçurent enfin de la lumière. Évangeline fonça, et elles arrivèrent dans ce qu'elles crurent être le paradis. C'était un immense champ de fleurs, avec de temps en temps un temple grec. Le soleil resplendissait, tout semblait incroyablement calme.

Alors qu'elles se remettaient lentement de leur voyage, une jeune fille vint s'approcher d'elles. En un quart de seconde, elles se mirent en garde. Elles ne devaient pas se laisser avoir par un dieu qui pourrait prendre une apparence trompeuse.

-Déesse Niké, Asclépios... dit la jeune femme. Je suis Calliope, Muse de la poésie épique. Je suis ravie d'enfin rencontrer vos réincarnations.

-Mais... qu'est-ce qu'elle raconte ? souffla Margaux.

-Je suis celle à qui est assignée la rédaction de votre histoire, sourit la Muse.

-Pousse-toi, Calliopée, ou alors, toi aussi tu seras blessée !

-Je m'en vais, alors, rigola légèrement la Muse. J'ai hâte de retranscrire ce nouveau combat.

La jeune déesse s'en alla alors, sous les regards incrédules d'Évangeline et Margaux. Leurs regards dévièrent sur la divinité qui avait interrompu leur échange avec la muse. Il semblait à peine plus vieux qu'un adolescent, mais elles avaient appris à se méfier des divinités. Ça faisait sûrement des millénaires qu'il arpentait la Terre pour hanter les humains. Un sourire cruel se dessina sur son visage.

-Mon nom est Deimos, se présenta-t-il. Je suis un esprit de la peur, de la crainte, et de la terreur. En d'autres termes... votre pire cauchemar !

Une puissante vague d'énergie déferla de Deimos. Margaux et Évangeline se protégèrent le visage avec leurs bras. Lorsqu'elles redressèrent la tête, tout était redevenu calme. Deimos avait disparu. Évangeline regardait partout autour d'elle. Les fleurs s'étendaient à perte de vue.