Chapitre 4 : dispute

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Évangeline s'affalait sur le canapé, épuisée. Elle avait les yeux dans le vide, étant presque dans un état de léthargie total.

-Qu'est-ce que tu fais là, affalée comme une crêpe ? railla Milo, s'accoudant au canapé.

-J'suis fatiguée.

-J'avais bien vu.

-Je viens de terminer une garde de 24 heures, j'en peux plus. En plus c'était des patients chiants qui arrêtaient pas de gueuler. J'avais qu'une envie, leur foutre une bonne claque dans la gueule.

-Je me demande encore pourquoi tu veux devenir médecin ! rigola le bleuté.

-J'ai pas le choix.

-Comment ça ?

-C'est mon père qui veut que j'étudie la médecine. Il dit qu'il n'y a que cette voie pour la réussite. Moi avant, je voulais juste étudier des livres anciens, ou l'histoire, peu importe. J'ai dû m'y plier, mais bon, je m'en plaint pas. J'ai réussi à aller jusque-là, c'était peut-être que c'était fait pour moi, bailla-t-elle. Bon, je vais me coucher, bye.

Elle se leva avec difficulté du sofa, et regagna lentement sa chambre, sous le regard intrigué du scorpion. Il avait bien envie d'en savoir un peu plus sur elle, et il n'allait pas s'en priver.

Margaux rentra deux heures plus tard de l'université. N'étant pas dans les mêmes classes, elles n'avaient que très peu de cours en commun. Il était dans les environs de midi, alors elle rejoignit ses nouveaux camarades à leur repas.

Les discussions allaient de bons trains, se racontant des anecdotes drôles un peu dans tous les sens. Les bavard, tels que Aiolia, Milo et Deathmask riaient bien à toutes les conneries de Margaux, tandis que Camus, Shura, et Shaka restaient impassibles.

-Dis moi Margaux, demanda soudainement Milo, cette maison n'appartient pas à Eva, nan ?

-Bah non, ça parait évident. Elle est à son père, mais vu qu'il n'y vient presque jamais, elle habite toute seule ici. Je crois que la dernière fois qu'ils se sont vus, c'était il y a 8 mois, un truc comme ça. De toute façon quand il vient, ce n'est jamais pour plus de trois jours, donc vous serez pas gêné par sa présence.

-Tiens, tu pourrais nous parler un peu d'elle ? demanda Aiolia. Elle ne parle presque jamais, on ne sait presque rien.

-Hum hum ! Alors, on s'est rencontrés quand on était en sixième, parce qu'on était toutes les deux seules. Elle est fille unique ; sa mère se souciait beaucoup de son éducation quand elle était plus jeune. Elle lui avait fait suivre des cours de piano depuis qu'elle était toute petite ! Elle savait à peine compter qu'elle était déjà à un piano. Mais elle a ar-

-Nin noria tut tàdh, Margaux.

C'était la voix de Eva qui résonnait derrière elle.

-Pô situ ! répondit Margaux dans la même langue.

-Nan.

-On peut savoir ce que vous vous racontez sinon ? demanda Milo, un peu perdu.

-Je lui ai pas autorisé à raconter ça, répondit Évangeline avec froideur.

-Mais au fait, t'étais pas censé dormir ? demanda Aiolia.

-J'ai eu mon quota d'heure de sommeil.

-En deux heures ?

-Je ne perds pas mon temps dans des choses aussi futiles que dormir.

-hep hep hep toi ! s'exclama Margaux. T'en vas pas, t'as pas encore mangé !

-J'ai pas faim.

-Si.

-Non.

-Si.

-Je te dis que non, c'est mon ventre quand même ! s'exclama Eva alors que Deathmask pouffait à la situation.

-Moi je dis que si, tu n'as rien mangé depuis deux jours. Et essaye pas de me faire croire que tu as mangé hier au boulot, tu as laissé ta boîte et ta carte bleue ici.

Évangeline lança un regard noir à sa meilleure amie. Du coin de l'œil, elle vit les hommes froncer les sourcils. Elle avait l'habitude, dès qu'elle disait qu'elle ne mangeait que tous les trois jours, les regards se braquaient sur elle, et tout le monde la saoulait pour qu'elle mange.

-Ok, j'abandonne, tu me saoules. Mais je te préviens, je mangerai rien d'autre de la semaine.

-C'est toi qui me saoules.

Eva fut donc contrainte de s'installer à table, et fit les gros yeux devant l'assiette que Margaux lui tendait.

-Prends moi pour une morfalle aussi ! Je mangerai jamais tout ça.

-C'est quoi le problème ?

-Mademoiselle la gosse de riche ne veut pas manger parce que ça énerve son père et patati et patata...

-FERME LÀ !

Évangeline s'était levée et avait plaqué ses mains sur la table, son aura avait tremblé si fort que sa chaise en était tombée à la renverse. Pendant quelques secondes, elle toisa Margaux du regard, avant de couper le contact visuel et partant à grand pas rageurs. Elle détestait s'embrouiller avec sa meilleure amie, mais là, elle l'avait poussé à bout.

La jeune femme sortit de la demeure et marcha cinq minutes dans sa rue, avant d'arriver au cimetière. C'était un endroit qu'elle connaissait bien, pour y passer la plupart de son temps libre.

Elle alla directement voir celui auprès duquel elle venait se recueillir. Il s'appelait Thomas, il était son grand père, et il était la seule personne de sa famille avec qui elle s'entendait bien. Mais du fait de l'âge et du cancer qui lui rongeait les poumons, il était malheureusement parti à l'âge de 87 ans. Elle venait souvent se recueillir sur sa tombe, pour lui raconter tous ses malheurs et ses petites joies du quotidien. Mais aujourd'hui, elle ne dit rien, trop énervée pour parler.

Elle quitta le cimetière et marcha pendant un long moment, pour qu'au final ses pas la ramènent tous seul chez elle. Elle poussa la porte, mais elle n'eut qu'un instant de calme avant qu'une tempête blonde lui tombe dessus et l'enserre dans ses bras.

-Je suis désolée vraiment désolée, excuse-moi s'il te plait !

-Oui, c'est bon, c'est bon. Lâche-moi maintenant, s'il te plait.

Margaux recula d'un pas, un grand sourire aux lèvres, soulagée d'avoir été pardonnée par son amie. Évangeline préféra clore l'évènement, en retournant sans un mot dans sa chambre, alors qu'elle pensait encore.

C'était son aura qui s'était manifestée tout à l'heure ?

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