L'EFASP - Première partie

2️⃣1️⃣ ▪︎ Dim. 31 Octobre

14h00

Nous sortons à peine de table que mon frère court déjà dans sa chambre.
C'est Halloween, et la tournée pour les enfants est à 14h30. Il veut que je vienne avec lui pour faire peur aux gens avec mon pouvoir - et j'ai accepté.
Je rentre ce soir à l'EFASP, alors une dernière après-midi avec Samuel, pourquoi pas.
Ma mère lui a acheté un déguisement de squelette, qu'il a l'air d'adorer.
Pendant que j'aide mes parents à débarrasser la table, ma mère me donne ses instructions :
- Tu ne le quittes pas d'un œil, c'est bien clair ?
- Oui maman.
- Et vous rentrez pour 16h, grand maximum !! Je ne veux pas que tu rates ton train. Ta valise est prête ?
- Presque.
- Alors tu vas la finir avant de partir.
Je soupire, reprend mon téléphone et part dans ma chambre. Par réflexe, je vérifie si je n'ai pas de message. Je souris doucement en voyant que Kally a répondu à mon "je vais manger, à toute" d'il y a une heure.
Je déverrouille donc mon téléphone pour envoyer "Re, je fais ma valise après je pars faire halloween avec Sam. Je rentre à l'EFASP à 21h, environ."
Je repose mon téléphone sur mon lit, le temps de mettre mes dernières affaires dans ma valise. C'est-à-dire tous mes uniformes, lavés soigneusement par ma mère et prêts à de nouveaux jours de cours.
Alors que je galère à fermer la valise, je reçois un message et j'abandonne tout. Je lis en souriant : "Super ça ! Amusez vous bien et passe le coucou à Sam. Pour ce soir, j'arrive à 18h je pense... comme là je suis chez ma sœur ça va aller vite."
J'écris que je passerais le bonjour à Sam, qu'elle fasse de même à Louise de ma part, et je conclue mon message par un à ce soir et un emoji cœur blanc.
C'est un peu "notre" emoji, on ne l'utilisait pas beaucoup avant, mais depuis la soirée c'est quasiment à chaque message.
Ma mère toque à ma porte et me fait sursauter, sortir de mes pensées, et je me rue vers ma valise pour réessayer de la fermer de force.
- T'y arrives ?
- Oui oui, j'y suis presque...
- Tu la mettras dans l'entrée.
- Ouais...
- Je vais aider ton frère pour son costume et après vous pourrez y aller.
Je hoche la tête, elle ressort de la chambre, et j'arrive enfin à fermer ma valise. J'ai cru qu'elle allait exploser quand je l'ai lâchée... mais rien à signaler.
Je la tire un peu jusqu'à ma porte et mon téléphone s'allume à nouveau sur mon lit. C'est Kally, qui m'a juste répondu "À ce soir Flo 🤍".
Je met mon téléphone dans la poche de mon jean en souriant bêtement. Depuis la soirée d'Harry il y a un peu plus d'une semaine, je n'ai pas arrêté de parler en message avec Kally. De jour comme de nuit, de tout et de rien.
On avait déjà fait pas mal de nuits -quasi- blanches à parler ensemble, mais jamais autant d'affiler. Je sens que le réveil de demain matin va piquer.

14h38

Me voici aux côtés du terrible monstre au costume et masque de squelette, à déambuler dans notre rue. On croise déjà des gamins du quartier avec plein de déguisements plus ou moins bien réussis.
Samuel regarde son panier vide et lève sa petite tête vers moi :
- Rend toi invisible !!
- Maintenant ?
- Oui !!
J'obéis et laisse mon pouvoir m'envahir, dans un petit frisson d'air froid me traversant le corps.
Il me regarde en sautillant, et même à travers son masque de squelette, je savais qu'il était tout content.
Il commence à m'expliquer son plan machiavélique alors que je regarde ses cheveux blonds en souriant. Ce serait mentir de dire qu'il ne me ressemble pas. Mais je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle pour lui...
Samuel s'avance fièrement vers la première maison de notre rue, et il toque avec sa petite main. La porte s'ouvre sur notre plus ancienne voisine, et Sam lance :
- Des bonbons ou un sort !!
- Ohoh, comme tu es mignon mon petit Samuel... Tiens.
Elle lui met une poignée de bonbons et de chocolats dans son panier et il me regarde. Je ne me sentais pas de faire peur à une vieille dame, alors j'ai juste dis :
- Joyeux halloween madame !
Elle a regardé dans ma direction d'un air perdu, avant de demander à Samuel si elle entendait des voix.
- Non Madame, dit-il en rigolant, c'est mon grand frère invisible que vous entendez !!
- Un grand frère invisible ?... Oh ! Mais oui, le petit Florian est de retour de son école ?
Je redeviens visible en souriant, content qu'elle se souvienne de moi même en me voyant aussi peu.
- Que dis-je le petit Florian... Tu es tellement grand ! Et ça te fait quel âge ?
- 18 ans ! Et 19 en Janvier..
- Oh bah dites donc, qu'est ce que le temps passe vite...
Je sens que Samuel tire doucement la manche de mon sweat, et j'essaie d'abréger la discussion comme je le peux. Ça a l'air de marcher puisqu'elle me dit au revoir, et entre chez elle.
Je redeviens invisible et c'est sur un ton de reproche que mon petit frère me demande :
- Pourquoi tu lui as pas fais peur ??
- On ne fait pas peur à une vieille dame, Sam. C'est comme ça.
- Mhh. Et tu feras peur si c'est une jeune dame ?
Je rigole de sa formulation puis lui assure que je ferais de mon mieux.
On arrive devant la maison de nos prochains voisins. Les parents d'amis de Sam.
Il sonne et attend sagement, avant de réciter la même phrase. Comme c'est un couple assez jeune, je me dis que je n'ai rien à craindre.
J'attrape alors mon frère à la taille et le soulève, et il essaie de jouer la comédie en lançant des "Je vole ! Au secours !" qui me font bien rire. L'homme et la femme ont l'air paniqués et essaient de le maintenir au sol, mais ils changent de visage quand Samuel explose de rire.
- Oh, on vous a bien eu !!
- Comment ça ?
- C'est mon grand frère, il est à l'EFASP et il est invisible !! Tu peux revenir Flo.
Je redeviens visible et je comprend qu'ils ne croyaient pas mon frère jusqu'à me voir.
- C'était impressionnant, je ne savais pas que tu avais ton grand frère à l'EFASP.
- Oui, répondis-je à sa place pendant que l'homme lui donnait des bonbons, c'est normal. Mes parents ont pas trop voulu que ça se sache, pour pas m'attirer des ennuis. Mais là j'suis en dernière année, donc j'ai plus rien à craindre.
Elle me sourit et me pose quelques questions sur l'école la plus connue du pays, avant de me raconter que petite, c'était son rêve d'y accéder.
Samuel me fait encore comprendre qu'il veut partir à la chasse d'autres bonbons, et je termine la discussion en le suivant vers les futures victimes.