1️⃣8️⃣ ▪︎ Sam. 16 Octobre

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10h16

Ça ne fait pas si longtemps que je suis levé et pourtant, je suis crevé.
Harry est sorti depuis belle lurette, Max fait ses devoirs sur son lit, tandis que les deux autres dorment encore.
Je me motive à aller aux toilettes et sortir enfin de la chambre, mais j'ai à peine posé le pied dans le couloir que j'entend mon prénom.
Je referme doucement la porte derrière moi et tourne la tête vers celle de la chambre d'à côté. Je suis presque surpris d'apercevoir Arthur, qui me dit à voix basse :
- Salut Flo, Ezio est réveillé ?
- T'as de l'espoir, là.
- Ouais, soupire-t-il, c'est pas faux. C'est juste que mes parents vont pas tarder, tu sais ils ont rdv pour la convocation avec Sarangos et après... Après j'veux leur parler donc...
- Tu voudras que j'réveille Zozio ?
- Si c'est possible, dit-il d'un air soulagé.
Je hoche la tête et il me remercie, avant de m'expliquer brièvement :
- Je veux qu'il soit là pour entendre ce que j'ai à lui dire, et aussi ce que je dis à mes parents... Qu'il prenne conscience que j'fais des efforts, en fait.
- Oh, il le sait bien. Et toi, du coup, ça va ?
- Je meurs de stress. Et toi ?
- Ça va. Donc tu vas nous faire l'animation du matin ?
- Ouais..
Je le salue avant d'aller enfin pisser, puis de retourner dans la chambre pour m'habiller. J'explique à Max ce qu'Arthur vient de me dire, et il hoche la tête alors que Nolan émerge doucement.
- Mmh... Salut. Ouah la lumière !! Sa mère. Il est quelle heure ?
- 10h et demie.
- Oh ça va.
Il étire ses bras avant de bâiller et de se redresser, assis. Il se frotte l'œil avant de me regarder d'un air blasé.
Pour ma part, je m'approche d'Ezio et tente de le sortir du coma. Je secoue doucement son épaule mais il a l'air tellement bien endormi que ça me fait presque chier de le réveiller.
Il est torse nu, sur le ventre, les bras sous son coussin et la tête tournée vers moi. Je l'entend respirer doucement quand il n'y a plus un seul bruit dans la chambre, puis je me remet doucement à le secouer :
- Hé, Zozio...
Je m'y reprend à plusieurs fois mais rien n'y fait, alors je soupire, prêt à laisser tomber. Mais d'un coup, Nolan se lève :
- Laisse faire les pros.
Je m'écarte, dubitatif face à sa délicatesse qui n'est plus à prouver.
Il enlève la couette d'Ezio avant de donner des petits coups sur ses épaules :
- Mais bouge toi !!
- Mmhh...
Ezio râle un peu et cherche sa couette en sortant une main de sous son coussin.
- Allez bouge, reprend Nolan, y'a Arthur qui t'attend pour ses excuses.
- Hein ?
Ezio sort d'un coup de son sommeil profond pour regarder Nolan d'un air perdu :
- Il m'attend ?
Je rigole face à ce changement d'état de mollusque à pile électrique, puis je lui dis :
- Ouais, enfin t'as encore le temps de la convocation, mais il veut que tu sois là après, pour que t'entendes ce qu'il a à dire.
- Mmh..
Il enfonce sa tête dans son coussin pendant quelques secondes, avant de la lever pour soupirer exagérément.
Il se replace sur le dos et étire ses bras avant de jouer avec ses gants et de tenter de se recoiffer.

11h05

On est dans la cour principale avec Kally, Max et Ezio. Ce dernier tremble tellement que Kally essaie de le rassurer :
- Ça va bien se passer. Dans tous les cas, t'es pas responsable de ce que vont dire ses parents hein ?
- Je sais.... mais... je vais tout aggraver...
- Tu vas rien aggraver. On n'aggrave pas des gens fermés d'esprit : on ne peut plus rien pour eux. Enfin, si, tu peux peut-être les aider à ouvrir les yeux... mais c'est encore autre chose.
Il hoche la tête et s'en suit quelques secondes de silence, jusqu'à ce que Kally ne nous fasse sursauter en lançant à Ezio :
- Ah non ! Non, non et non ! Commence pas à penser des choses comme ça !
- Mais...
- Y'a pas de mais ! C'est pas ta faute et POINT BARRE ! Si ses parents sont des connards bah tant pis pour eux !! Pense un peu à toi Zozio... je pense qu'on est tous d'accord pour dire que tu le mérites.
Max et moi hochons la tête, et Ezio sourit faiblement.
Puis on regarde vers l'entrée du bâtiment d'administration.
Une boule se forme dans mon ventre quand j'aperçois M.Sarangos sortir, avec Arthur et probablement ses parents.
L'adjoint serre la main aux parents avant d'entrer à nouveau, et je vois au regard d'Arthur que ça y'est, c'est son moment.
Kally est prise d'une panique mélangée à de l'excitation, qui plus est qu'on entend à peu près ce qui se dit, d'ici.
Ezio tremble et je crois que je commence à faire de même par procuration. Trop de stress, je suis une vraie éponge.
On se tait quand on voit Arthur arrêter ses parents non-loin de nous, alors qu'ils semblaient vouloir repartir vers le parking.
Il cherche ses mots avant de souffler un bon coup et de dire :
- Bon voilà, vous avez entendu l'histoire de pourquoi j'ai été en conseil de discipline...
- Oui, tu-
- J'ai pas fini. Et en fait bah... tout n'est pas forcément vrai dans ma version. Je... bon il semblerait que je vous ai menti.
- Menti ? À quel sujet ?
Arthur soupire et j'entend des bruits de pas sur les pavés. C'est Tommy, qui vient s'installer silencieusement avec nous pour regarder son poulain en action.
- Déjà, je me suis pas énervé parce que j'ai quitté ma copine mais ça.. Déjà y'a autre chose derrière que j'aimerais vous dire.
Ses parents semblaient un peu perdus, et devant son soudain silence, c'est sa mère qui l'a relancé :
- Quoi comme chose ? C'est grave ?
C'est la voix tremblante qu'il répond :
- Assez oui...
- Dis nous.
Son père semblait impassible, là où sa mère avait l'air vraiment inquiète.
- Je... je vous ai menti sur plusieurs choses et déjà, bon j'ai jamais eu de copine, Noémie c'est juste une amie...
- D'accord... Et pourquoi avoir menti sur ça ?
- Je, j'étais en couple avec une autre personne et...
Il a tourné la tête vers nous, croisé le regard d'Ezio, puis a regardé à nouveau ses parents :
- Et je l'ai quittée parce que j'ai été trop con pour assumer. Je m'en veux, et c'est une personne que j'aime plus que tout, j'aimerais vraiment que vous compreniez ça...
- Mais mon chéri, pourquoi on ne comprendrait pas que tu aimes quelqu'un ? Si tu as une copine on ne va pas t'en priver !
Elle a passé doucement sa main sur le visage de son fils, qui s'est énervé de suite :
- Non ! Non j'ai pas de copine !
- Mais tu as dis...
- J'ai un copain !! C'est clair là ?! Et putain je l'aime alors j'en ai rien à foutre que vous ne soyiez pas d'accord !
Il avait les larmes aux yeux, je crois que tout remontait d'un coup un peu trop vite pour lui. Ezio pleurait déjà, et j'avoue que les larmes montaient aussi de mon côté.
Les parents restaient silencieux, et sa mère a balbutié :
- M..mon chéri je... je croyais que tu n'aimais plus les garçons... ?
- Mais je vous ai menti ! J'ai bien vu que ça vous faisait chier, alors j'ai menti ! Pourtant j'étais encore avec lui et je l'ai quitté après... parce que j'ai pas supporté de devoir mentir ! Mais je l'aime, et si ça signifie que je dois pour ça être considéré comme un moins que rien par mes parents... Bah tant pis ! J'ai le droit d'être heureux...
Sa mère l'a doucement pris dans ses bras, car il commençait sérieusement à pleurer, mais son père n'avait vraiment pas l'air aussi touché par le discours de son fils unique.
Arthur a lâché sa mère pour regarder Ezio d'un air hésitant :
- Tu viens ?
- T'es sûr... ?
Il hoche la tête et Ezio marche doucement vers lui, sous le regard perplexe de sa mère, et accusateur de son père. Arthur n'a même pas le temps d'ouvrir la bouche que le père s'en prend à Ezio :
- Alors c'est toi.
- Moi ?
- Toi. Qui l'a converti.
- Converti ?
- Ne fais pas l'innocent. Mon fils n'a jamais été un pd et n'en sera jamais un.
En voyant le regard choqué des garçons et leur incapacité à répondre à cette violence, c'est Tommy qui a lancé, alors que Kally semblait tout faire pour se retenir :
- Non mais sérieux, pardon je m'incruste mais, vous avez l'impression que quelqu'un vous a demandé votre avis ? Je veux dire, c'est votre fils, ouais. Mais c'est sa vie il paraît. Il a pas à avoir votre accord, et que ça vous plaise ou non il est gay.
Le père a fait signe "on s'en va" à sa femme. Arthur a relevé la tête vers ses parents pour s'apercevoir qu'ils commencaient à s'en aller :
- M..mais vous.. allez où ?
Son père n'a même pas daigné le regarder et il a lancé froidement :
- On s'en va. On en a vu assez pour aujourd'hui, tu nous as plus que déçus.
- Mais... il m'a fallu du temps pour...
- Je veux plus t'entendre ! Je ne sais pas ce que j'ai fais pour mériter un enfant pareil.
Arthur baisse à nouveau la tête alors que Kally me chuchote, la voix tremblante :
- Mais.. il se rend compte de ce qu'il dit ?!
- J'ai pas l'impression...
Tommy s'est levé cette fois, pour venir poser sa main sur l'épaule d'Arthur. Ce-dernier avait abandonné l'espoir de retenir ses parents, malgré le fait que sa mère continuait à le regarder en partant.
- Hé, lance Tommy doucement avec une douceur que je ne lui connaissais pas, t'en fais pas. Il dit tout ça sous l'effet de la colère, t'en connais un rayon de ce que peut entraîner de telles émotions... Enfin au moins t'as eu le courage de le faire, c'est pas rien. Vraiment.
Arthur reste silencieux, regard fixé au sol, probablement en train de pleurer. Personne n'osait parler ni faire quoi que ce soit, même Ezio et Tommy.
Puis Ezio a lancé doucement, l'air détruit de voir comment était reçu son couple par ses beaux-parents :
- Arthur, j'suis désolé, tout ça c'est ma faute... Ils auraient jamais...
Arthur le coupe avant le regarder dans les yeux :
- Non, j'accepte beaucoup de choses, mais pas que tu te sentes coupable...
Il renifle, s'essuie les yeux et reprend :
- T'es la plus belle chose qui me soit arrivé. Et notre séparation, le mensonge... tout est de ma faute. J'sais que ça vaut pas grand chose, mais j'suis désolé. J'ai été super immature et égoïste, j'aurais dû penser à nous avant de penser à moi... Mais je t'aime, si y'a bien quelque chose que je veux pas perdre c'est toi... Et j'espère que tu m'en veux pas trop.
Ezio nous regarde comme pour dire "c'est ça que je redoutais". Puis il dit, avec la mâchoire tremblante de stress et d'émotions :
- Je t'aime aussi, c'est sûr... J'en ai jamais douté d'ailleurs... Je suis content d'avoir entendu tes excuses... et tous les compliments me vont droit au cœur. Je serai capable de tout pour toi, je t'aime, mais après tout ça... j'ai besoin d'un peu de temps pour me poser. Réfléchir, tout ça. Je veux pas redémarrer trop vite en ayant encore de la rancœur envers toi, j'aimerais repartir sur des bonnes bases et donc me laisser au moins... quelques jours pour souffler... Si tu veux bien.
- Je comprend, oui...
Il avait l'air vraiment déçu, mais j'imagine que c'était un peu mérité malgré tout. Kally a fini par venir vers les garçons pour prendre Arthur dans ses bras, qui avait l'air plutôt surpris.
Tommy s'est tourné vers Ezio et lui a fait un pouce en l'air :
- Tu vois ! Tout est mis au clair. Juste le temps de te poser et tout va repartir au calme. Ton frangin va être refait !
- Sûrement...
Arthur a lancé à Tommy l'air encore perturbé :
- Hé Toto... je fais comment pour mes parents ?... mon père va jamais vouloir que je rentre pour les vacances et c'est demain quoi...
- Je pourrai demander à Emilio si tu veux, s'il peut t'héberger au moins pour la semaine et... et de toute façon t'es là chez Harry ?
- Oui, j'y serai.
- Ok, génial alors. D'ici là je verrai avec mes parents si tu peux rester un peu chez moi le temps que ça se tasse.
- Je veux pas déranger... je vais rester à l'EFASP au pire...
Max étire ses bras en lançant, à moitié ironiquement :
- Ah bah tu me tiendras compagnie, moi aussi mes parents veulent pas me voir donc je reste ici pour les vacs. Emilio vient me chercher ici pour la soirée, il emmène aussi Kally et Ezio.
- Bah j'ferai ça alors.
Ezio a soupiré, l'air fatigué de comprendre qu'il sera pendant tout le trajet avec Arthur.

L'EFASP - Première partieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant