L'EFASP - Première partie

2️⃣5️⃣ ▪︎ Ven. 12 Novembre

15h04

J'ai passé la matinée en pilotage automatique, habitué à la routine et surtout tiraillé par le stress de ce soir.

Deux heures de RACC en derniers cours de la semaine... Bon ça ne nous arrangeait pas. On faisait que rire pour des conneries avec Ezio, et ça avait à peine commencé.
Pendant qu'il pleure de rire, il reprend :
- Arrête j'ai pas le temps de rire, t'enchaînes trop !
Je retiens mon rire en mettant ma tête dans mes mains, mais l'entendre rire m'a fait craquer. J'ai explosé de rire à en sentir mes yeux humides, et j'ai lancé, essoufflé :
- Bordel t'es pas possible...
Quand j'ai à nouveai regardé l'italien, il avait la tête dans ses mains et sur la table, ce qui m'a juste fait repartir en fou rire.
Et sur sept élèves, on passait pas vraiment inaperçu. Le prof a fini par nous mettre dans le couloir, où c'était encore pire pour nous calmer.
Je ne savais même plus pourquoi je riais, mais juste le fait de voir Ezio se marrer m'explosait.
- Pfou, finit-il par lancer après cinq bonnes minutes sans rien dire, je crois que le vendredi aprem on nous perd...
- Je crois pas, j'en suis sûr !
J'essuie mes yeux et il fait de même en s'appuyant contre le mur du couloir, et en reprenant son souffle comme s'il avait couru un marathon.
- On y retourne ?
- Ouais. Tant que je crois pas ton regard ça devrait aller.
Il se remet à rire et je me mord les lèvres avant de désespérer en remettant ma tête dans ma main. On va jamais y arriver !
On souffle un bon coup avant qu'il ne toque à la porte de la salle. Le prof nous fait entrer et demande si on s'est calmé.
- Oui, excusez nous.
À vrai dire, une respiration de sa part et je repartais en fou rire. Mais j'ai essayé de faire croire que je gérais en m'asseyant.
Pour faire passer l'envie de rire, il a fait semblant d'écouter le cours et de m'ignorer pendant bien dix minutes. Ça  a marché, puisque j'ai fais que penser à ce soir.
Quoi dire ? Quoi faire ?
- Eh, reprend t-il d'un coup plutôt sérieux, t'as appelé Milo du coup ?
- Non je comptais le faire après, là...
- Ok ouais, parce que j'allais te dire qu'il doit sûrement encore dormir.
- À 15h ?
- Ouais, il finit vers 4 ou 5h...
Je hoche la tête et essuie encore mes yeux. Ezio m'a passé hier le compte insta privé de son frère, pour que je l'appelle en vidéo. Apparemment, Emilio n'aime pas les appels "normaux" et ne donne pas son numéro de téléphone de toute façon.

La sonnerie de 16h00 retentit et ça m'étonne. Déjà une heure ? Ça passe vite quand on rigole et qu'on écoute rien-
Le prof nous parlait d'une partie super complexe du règlement et de comment l'appliquer, mais j'ai très vite arrêté de suivre.
J'avais une terrible envie de parler à Kally, et par dessus tout qu'elle me fasse un de ses câlins si réconfortants. Je serai incapable d'en initier un, alors je préfère attendre qu'elle le fasse, et heureusement pour moi elle le fait souvent. D'ailleurs, de plus en plus souvent... C'est pas pour me déplaire, parce que je me sens de plus en plus à l'aise.
Ezio me fout un giga coup de coude qui me sort de mes pensées.
- Mais..
- Le prof te pose une question.
Je lève la tête d'un air sidéré et perdu vers le prof, qui soupire :
- Florian, vous êtes de plus en plus distrait. Ça ne me plaît pas du tout. Vous viendrez me voir à la fin du cours.
Devant ma tête embêtée, Ezio a lancé :
- C'est parce qu'il a mal dormi, Monsieur, c'est tout. C'est pas contre vous, mais je crois que de toute façon on est tous fatigués le vendredi après-midi...
- Mmh. Alors tâchez d'au moins faire semblant de m'écouter. Et allez voir l'infirmière s'il y a des problèmes de sommeil.
Je hoche la tête, il repose sa question à Armin et je regarde Ezio :
- Pourquoi tu lui as menti ??
- Pour t'éviter un avertissement. Me remercie pas surtout.
- Merci, mais...
- Tu veux être privé de sortie ce soir ??
Je sens un frisson parcourir mon corps et secoue négativement la tête.
- Voilà.
- Merci Ezio.
Il me sourit en me regardant :
- T'inquiète, tu louperas pas ton premier rendez-vous.
Je fronce les sourcils et me rend compte qu'il a raison. Un premier rendez-vous ? Oh bordel, de quoi encore plus me faire stresser. Et si elle attendait des choses de moi ?
- Zozio ?...
Il me regarde à nouveau, le regard interrogatif.
- Tu crois qu'elle attend quoi de moi ?
- Mmh... Que tu fasses pas l'imbécile, je pense.
- Je fais comment pour pas passer pour un imbécile ?
Il rigole et enlève le stylo qu'il mordillait de sa bouche :
- Eh, Flo, ce qu'elle veut, c'est juste que tu sois toi-même... et puis c'est tout. Te fous pas la pression comme ça. Surtout qu'officiellement, c'est qu'une invitation de ta meilleure amie.
- C'est toi qui m'a dit que c'était un premier rendez-vous...
- Officieusement. Mais officiellement, elle t'a invité en tant que pote. Elle peut pas attendre que tu te comportes comme si c'était un date !
- Tu crois ?
Il pose son stylo et soupire :
- Flo, Flo, calme toi. Elle t'a toujours apprécié comme t'étais, c'est pas ce soir qu'il faut changer ! Ça va bien se passer, de toute façon...
Je hoche la tête et respire doucement pour essayer de me calmer. C'est que ma meilleure amie... N'est-ce pas ?