Chapitre 19

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En visite chez Agabir, les deux enfants furent accueillis par un homme tout aussi fatigué que Malami, mais qui accepta tout de même de les recevoir. Son propre apprenti avait fini sa formation auprès de lui, si bien qu'il n'avait pas eu à gérer un tel dilemme de continuer à se reposer ou reprendre son enseignement.

Malgré tout, lorsqu'il entendit de la bouche des enfants ce que son ancienne élève faisait et l'inquiétude que cela leur provoquait, le mage bondit de son siège, comme s'il avait été piqué par quelque chose, et se dirigea vers l'extérieur.

Fréone et Wendy n'avaient même pas eu le temps de lui demander s'il pouvait intervenir qu'il était déjà parti. Sur le trajet, lui qui était d'habitude si joyeux semblait presque énervé. Il ne cessait de marmonner toute sorte de choses. D'après ce qu'ils arrivaient à comprendre, elle était déjà comme ça du temps où elle était son apprentie, à sacrifier son sommeil pour s'entraîner. Les deux apprentis ne savaient pas ce qu'il lui réservait, mais ils ne voulaient certainement pas être à la place du maître de Fréone.

Leurs suppositions se concrétisèrent lorsqu'ils arrivèrent chez Malami. Agabir était entré en trombe dans sa maison et s'était immédiatement rendu dans le salon où elle se reposait. Sans lui laisser le temps de placer un mot ou ne serait-ce que de se relever, Agabir se mit à l'invectiver.

Selon ses propos, elle était bornée, inconsciente, jouait avec sa santé et ne renvoyait pas une bonne image d'un maître face à son élève. Le terme hippogriffe blanc, qui devait être l'équivalent Lutalicien de tête de mule, mais en plus fort fut même lâché.

Malami restait assise dans son canapé, assommée et abasourdie par ce qui se passait. Vu qu'Agabir n'avait jamais dit précisément pourquoi il lui hurlait dessus ainsi, elle devait même se demander ce qui lui prenait.

Après qu'Agabir ait terminé ses remontrances, ce fut au tour de Fréone d'intervenir. De manière bien plus posée et douce, l'apprenti exposa ses inquiétudes et le fait qu'il pensait qu'elle devait avant tout penser à se reposer plutôt que de vouloir absolument reprendre au plus tôt. Pour Wendy, ses arguments étaient valables et il montrait bien qu'il ne sautait pas sur l'occasion pour avoir du temps libre, mais qu'il faisait ça pour elle.

Un peu plus calmé, son mentor lui rappela qu'il avait lui-même plusieurs fois renoncé à lui enseigner la magie pendant un ou plusieurs jours parce qu'il n'était pas apte à le faire à ce moment-là. Le travail d'un maître, surtout dans la première année, demandait beaucoup de concentration pour éviter que les élèves se blessent en faisant des manipulations dont ils ne maîtrisaient pas encore assez les principes pour les réaliser sans surveillance. S'il lui arrivait effectivement de s'endormir en plein milieu d'une explication, elle n'était certainement pas assez alerte pour détecter et corriger une erreur qui pouvait s'avérer dramatique.

Finalement, avec ce soutien de poids, Malami entendit enfin raison. Elle s'excusa pour les deux journées où elle n'aurait pas dû insister pour qu'ils reprennent et promit à Fréone qu'elle ne recommencerait à lui enseigner la magie que lorsqu'elle serait suffisamment reposée.

Sur le chemin du retour, Agabir riait en disant que cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas élevé la voix comme ça. Il ajouta que c'était un don chez elle de le faire sortir de ses gonds, non pas parce qu'elle était une mauvaise apprentie, mais parce qu'elle voulait toujours en faire trop.

Ça, ils l'avaient déjà entendu à l'allée, mais le ton employé n'était plus le même. Là où il pestait presque contre elle, ce même sujet provoquait une certaine mélancolie et un amusement à l'idée de se replonger dans ces souvenirs.

Ce petit saut chez son ancienne apprentie l'avait cependant épuisé. Il s'excusa donc auprès des enfants de ne pas pouvoir leu tenir compagnie plus longtemps, puis rentra chez lui pour se reposer.

Wendy tome 2 : La cité volanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant