Tel était donc son plan, se dit Wendy, profondément inquiète. Garada avait créé de la poudre somnifère en grande quantité. Celle-ci, une fois libérée, permettait à la fois de mettre hors d'état de nuire la ville et indiquer leur position aux envahisseurs malgré tous les sorts qui devaient normalement rendre invisible Lutalica. Vu que Lig avait incinéré l'alchimiste, le reste n'était que supposition, mais la jeune fille était aussi certaine qu'il s'était servi de sa disparition pour feindre de la chercher et ainsi disséminer ses fioles dans toute la ville sans attirer l'attention.
Tout ceci était mal engagé. De toute la ville, il ne restait qu'eux trois ainsi qu'une poignée de chevaucheurs qui ne devaient pas savoir ce qui se passait et ne se doutaient pas qu'une attaque était imminente. Le pire dans tout ça était qu'ils ne pourraient pas compter sur Zuria à cause d'une poudre spécialement faite pour la contrer.
— Qu'allons-nous faire ? Questionna Clara, profondément inquiète.
— Siguir ne pourrait pas nous aider ? Demanda Wendy, trouvant dans cette question une pointe d'espoir.
— Malheureusement, non, répondit Lig. Les règles des dieux sont strictes à ce sujet. Si quelque chose ne concerne que les mortels, ils ne peuvent pas intervenir, à moins que ça ne soit leur rôle.
— Mais c'est son rôle de s'occuper de la magie ! Elle ne peut pas les empêcher de lancer des sorts ?
— Si, mais elle se doit de rester impartiale. Si un camp doit suivre des règles qu'ils ont dictées, alors l'autre doit avoir les mêmes contraintes. Ce qui va bientôt arriver est une invasion d'un pays par un autre, certains dieux vont avoir les yeux rivés sur ce qui va se passer. Même si elle le voulait, elle ne pourrait pas agir en notre faveur avec tous ces observateurs.
Les règles des dieux étaient bien compliquées et injustes. La jeune fille se souvenait avoir déjà parlé de ce sujet avec son grand-père et en était venu à la même conclusion qu'en ce jour. Il y avait quelque chose d'illogique dans tout ceci. Les dieux devaient veiller sur le monde et les mortels, mais cette non-intervention de leur part pouvait produire des aberrations tel que l'esclavage ou l'invasion d'une cité pacifiste et sans défense.
Pour le moment, la seule chose à faire était de suivre Clara pour voir de leurs propres yeux l'ampleur de la flotte qui s'apprêtait à les envahir. D'après elle, ils étaient encore loin de la barrière. Ils pouvaient donc s'approcher sans risquer d'être vu.
Il ne leur fallut pas longtemps avant de voir les engins volants d'Istram. Une dizaine d'embarcations semblables à des bateaux s'approchaient de l'île. Ils n'étaient pas tous alignés, mais avançaient en une formation en V dont l'aéronef en tête paraissait différent des autres. Plus gros et sans doute plus résistant, il était certain qu'il devait servir à protéger les autres.
— Nous n'avons vraiment rien à leur opposer ? Questionna Clara. Peut-être qu'en appelant à l'aide des personnes du continent...
— J'ai déjà demandé à Zuria s'il était possible de parler à ma famille, mais elle m'a dit qu'elle ne connaissait aucun moyen. J'ai moi-même essayé d'utiliser un miroir, mais ça n'a pas fonctionné. Garada avait beau être notre ennemi, je dois bien admettre qu'il était un prodige de la magie pour réussir à faire fonctionner ce sort ici sans connaître la manière dont est interprété la magie sur le continent.
— Tu... Tu penses pouvoir t'en sortir contre eux ? Demanda Wendy en ayant peur de la réponse.
— J'ai participé à la dernière bataille entre Istram et Trémiss et ils avaient des aéronefs, mais c'est totalement différent. Il y en avait moins et j'étais avec mes frères et mon père. Si lui pouvait s'occuper facilement de l'un d'eux, moi et mes frères nous y mettions à trois pour en descendre un. En plus, nous étions l'atout caché. Ils n'avaient pas prévu d'affronter des dragons. Là, même d'aussi loin, je vois déjà trois armes anti-dragon chargées sur le pont.
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Wendy tome 2 : La cité volante
FantasyLibérée de ses chaînes d'esclave et arrivée à destination dans la ville des premiers mage, Wendy peut enfin se poser et vivre pleinement sa liberté sans craindre d'être rattrapée par celle qui avait fait d'elle sa propriété. Tout n'est pas entièreme...