L'endroit est glauque, il n'y a pas à dire. Je n'ai plus l'habitude de me rendre sur place. J'avance dans l'entrepôt abandonné et me dirige droit vers mes hommes. Ici, personne ne peut nous voir. J'ai appris à déléguer mais Joanne m'a dit que c'était important et je ne suis pas du genre à laisser parler les autres sans prendre en compte ce qu'ils disent. J'écoute tout et ne laisse rien en retrait.
Je fais tourner le glock 17 autour de mon index et avance dans l'entrepôt. Qui viendrait tuer quelqu'un ici ? Normalement, ce sont les dealers qui jouent dans cette cour. Pas nous. Je tourne autour du corps allongé sur le sol. C'est propre, précis. Ce n'est pas un amateur qui a tiré. La balle est logée entre les deux yeux.
- Monsieur Jones, il y avait ceci avec.
Je prends la carte que l'on me tend. C'est une carte de visite, le visage de la Catrina. Une femme avec un visage de squelette et des fleurs. Le jour des morts approche et le tampon apposé sur la carte est clairement un indice. Soit c'est une marque de gang, soit un message. Il faut que l'on soit sur nos gardes car personne sur la côte n'oserait tuer quelqu'un en laissant un tel indice. Je sais gérer mon territoire et je reconnais les signatures de chacun. Je retourne la carte et il y a une série de chiffres au dos. On dirait une localisation.
Je m'accroupis à côté du corps et regarde chaque détail. Un homme d'une vingtaine d'années. Ce devait être un dealer. Ses yeux sont rouges, des cernes bleus, des doigts fins mais le bout est usé. Il n'est qu'un messager. Juste ce qu'il faut pour livrer à la police un dealer sans attirer leur regard. Je me redresse et regarde mes hommes, ignorant Joanne de manière volontaire.
- Vous avez fouillé le corps ?
- Oui.
- Récupérez la balle et faites le brûler.
- Et pour les traces ?
- Mettez celles d'Ashley Walker. Un briquet vers la sortie.
J'attrape mon portable dans ma poche et prends le cadavre en photo. Il baigne dans une flaque de sang mais tout celà n'est qu'une mise en scène. Je suis prêt à parier qu'ils ont ouvert le corps via un coup de couteau pour vider le sang. Des barbares... mais j'ai fait pire.
- Peter... Tu es sûr ? Ashley ?
- Elle a besoin de se remettre dans le bain avant de reprendre du service.
Je veux voir de quoi elle est capable devant la police. Si elle est capable de gérer un entretien, de faire face à la pression. Nate m'a fait remonté sa petite sortie nocturne d'hier. Elle était en pleurs. Devant lui. Puis elles sont sorties en boîte après avoir mis le feu à gymnase alors qu'elle aurait dû protéger Eryne. Elle n'aurait jamais dû partir. Elle a failli à sa mission. Il ne faudrait pas qu'elle foire une nouvelle fois ou je n'hésiterai pas à lui donner une petite correction.
Je me dirige vers la sortie et range mon arme dans ma poche tout en faisant tourner la carte dans ma main. Je n'entrerai pas cette localisation sur mon portable. Il me faut un prépayé. Je ne suis pas un débutant. Je monte dans la voiture et m'allume une cigarette. Sur le plastique, je peux voir la trace que Eryne a laissé il y a quelques semaines. Son caractère de chieuse me manquerait presque. Je tourne l'alliance autour de mon doigt par réflexe, comme à chaque fois que je pense à elle. Elle est à Nate maintenant et il est temps que j'avance. Je vais avoir vingt-huit ans et j'ai l'impression de stagner depuis des années. Toujours les mêmes problèmes, les mêmes relations, les mêmes personnes qui m'entourent. Je m'ennuie et comme à chaque fois que je m'ennuie, je m'occupe.
- Tu penses à quelqu'un ?
Joanne me sort de mes pensées et je lui tends la carte que j'ai entre mes doigts. Il s'en empare, la retourne.
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[L.2] LOVE & SONG
Любовные романыLa musique partage des émotions. La musique nous rend sensible, vulnérable. La musique est une sensation. La musique est une douce mélodie ou une cacophonie. Ashley Walker paraît timide, obéissante, effacée mais c'est aussi une personne fidèle, loya...