Chapitre dix : Ashley

874 48 82
                                    

"Willst du bis der Tod euch scheidet...
Veux-tu jusqu'à ce que la mort vous sépare...
Treu ihr sein für alle Tage
être fidèle tous les jours
Nein
Non"
Ramstein - Du hast - XY

Je cours. Je cours au milieu des arbres. Les ombres jouent sur le sol. Le vent fait hérisser mes poils. Il fait nuit. La lune est recouverte par un nuage blanc. Il me donne l'impression d'être un filtre entre la lumière et moi.

Je suis pieds nus et je ne porte qu'une légère robe qui vole dans le vent que je crée. Je ne porte jamais de robe en mission. L'air est frais, les sapins se balancent au rythme du vent mais je n'ai pas le temps de regarder autour de moi. Il faut que je continue de courir. J'ai mal au cœur. J'ai dû mal à respirer mais je n'ai pas le droit de m'arrêter. Il est derrière moi. Je peux sentir sa présence. Il se rapproche. Mon pouls s'accélère. Ma respiration est forte, saccadée. Elle fait brûler mes poumons. Il fait de plus en plus noir. Mes pieds heurtent les brindilles et les feuilles. Je manque de trébucher sur une racine mais je continue de courir. Si je m'arrête, il remettra la main sur moi. Il se rapproche. Si je m'arrête, il m'enfermera dans cette cave. Je ne suis pas prête. Les souvenirs sont encore trop proches, trop réels. Je serai incapable de survivre une nouvelle fois. Je préfère mourir que d'y retourner.

Ashley... Mon coeur... Tu sais que tu aimes ça.

Cette voix. Cette voix est différente de celle de l'homme qui me court après. La voix résonne dans la forêt. Il est là, quelque part. Cet autre homme. Je peux leurs échapper. J'ai un espoir de leurs échapper. Il faut y croire ou tout est perdu. Je suis perdue. Mon corps. Mon âme. Mes souvenirs. Mes émotions. Mais je peux me sauver. Gratter encore quelques grains de sable dans le sablier. Je ne suis pas faible.

Il faut que je m'arrête ou mon corps s'arrêtera pour moi. Je sens mes forces disparaître peu à peu. J'ai mal partout mais il me faut une cachette. Je regarde autour de moi, mais il n'y a rien d'autre que des arbres. Je plisse les yeux tout en courant. Il n'y a rien. Je cours. Je sprint. Je m'essouffle. J'ai toujours détesté la course à pied.

Ne t'arrête pas ou tu finiras entre ses mains.

Je plisse les yeux et découvre une grosse pierre au loin. Ça fera l'affaire. Elle est plate, à moitié enfouie dans le sol. Je pourrais me cacher dessous. Je cours, regarde autour de moi. Il n'est pas là. Je cours. Je me glisse dessous et attends. Je tends l'oreille vers l'extérieur mais tout semble se calmer. Tout est calme. Trop calme. Je coupe ma respiration, me focalise sur les sons autour de moi mais tout semble avoir disparu. C'est trop calme. Il y a un problème. Ils connaissent ma cachette.

Je me réveille en sursaut, une arme dans la main droite. La sueur recouvre mon corps et mon autre main tremble. La douleur à la poitrine m'arrache une grimace. Je regarde l'arme, le cran de sécurité est enlevé. Merde. Je le replace et analyse les murs. Est-ce que j'ai tiré ? Cette arme est censée être dans ma table de nuit, sous mon matelas ou sous un oreiller mais sûrement pas dans ma main. Je la range à sa place et me lève comme si tout était normal. Il faut y croire ou je m'enfoncerai dans la peur.

J'ai toujours aussi mal. Toujours aux mêmes endroits. Alors j'attrape un cachet, l'avale et fait le tour du lit pour rejoindre la salle de bain. Il y a toujours mon costume en boule. Il faut que je le brûle. Je ne dois laisser aucune trace.

Je me glisse dans la baignoire remplie d'eau chaude et de savon que j'ai fait mousser. Mes muscles se détendent et je laisse ma tête tomber contre le rebord de la baignoire. Il me faut un mensonge. Je ne peux pas leur dire la vérité. Pas encore. C'est trop tôt. Aya a raison, avant je me droguais à la meth, je m'en servirai comme excuse. Peter sait que j'en consommais en soirée, ça ne l'étonnera pas. Avec un peu de chance, il ne cherchera pas plus loin. Peter...

[L.2] LOVE & SONGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant