Chapitre six : Peter

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Septembre, Douze ans plus tôt

- Comme ça j'apprends que tu es toujours nul au tir. C'est une fille ! Tu es un homme. Tu vas être son patron ! Comment veux-tu te faire respecter si tes employés sont meilleurs que toi ?

Je baisse la tête comme à chaque fois. Mon père suit mon programme à la seconde près. Il analyse mes résultats, les décortique et me remet en place. C'est toujours la même chose, le même discours. C'est lassant.
Il bifurque à droite pour entrer dans une immense propriété. Ce soir, mon oncle organise une soirée et... elle y sera, elle y est toujours.

- Je te préviens, si je te vois poser les yeux sur elle, tu peux dire adieu à tes vacances.

Des vacances ? Je ne sais pas ce que c'est. Mes vacances, comme il dit si bien, consistent en une série de cours et un programme surchargé. En ce moment, je les déteste tous. C'est à peine la rentrée scolaire qu'il me menace avec des potentielles vacances, mais au fond, je sais que c'est toujours mieux que si je ne pars pas.

Brendon m'explique que pendant ses vacances, il part à la plage, il boit un peu de bière, fume en cachette et drague des filles. Ce n'est pas du tout ma vie. Les filles ? Je les trouve à l'école. L'alcool ? Dans ce genre de soirée. La cigarette ? Je n'ai qu'à entrer dans certains bureaux de tabac et dire que je suis un Jones et c'est comme si on me donnait un paquet gratuitement. Brendon et moi ne vivons pas dans le même monde même si on côtoie la même école ultra chic de Manhattan. Mes parents ont une maison à Manhattan et une autre beaucoup plus grande, avec un immense jardin et une salle de réception à l'extérieur.

- Peter ! Tu réponds quand je te parle !

- Ok.

Je n'en avais rien à faire de ses menaces. Elles ne valaient pas un clou même si je sais que j'allais être privé de sortie et qu'au passage, je récolterai sûrement une gifle ou plusieurs.

Je descends de la voiture dans mon costume parfaitement lisse. Mon frère et ma sœur sont devant, derrière mes parents. Ouais, moi je reste derrière, à l'affût. Je cache mon regard. On arrive dans les derniers et c'est bien mieux. Je déteste ces soirées où il faut sourire à tout va et être hypocrite à souhait. Quand j'aurai mis la main sur l'organisation, ils pourront toujours rêver pour que j'organise ce genre de soirée ou alors... elle sera ma petite distraction. Mon père ne croit pas une seconde que je vais lui obéir et il a bien raison. Ça fait des années que ça dure et ça va continuer. Elle sera mon employée, je ferai ce que je veux d'elle. Je l'enverrai le plus loin de moi. Mon père croit que je suis nul au tir mais s'il savait... Il ignore que depuis qu'il m'a mis un putain de jouet qui ressemble à une arme je m'entraine. Les cours de tir sont nul à chier mais elle... elle fait une bonne cible.

- Alors Peter comment se passe l'école ?

Ah oui, j'ai quinze ans, je suis le major de promo, l'héritier d'une organisation criminelle et tout ce qu'on trouve à me demander c'est "comment ça va à l'école ?". Si vous saviez à quel point ça va bien à l'école...

- Très bien merci. Et vous, comment se portent les affaires ? Toujours en guerre contre Harley Beans pour leur nouveau prototype ?

Ma question le surprend. Tu me prends pour qui ? Un petit novice ? Je vais avoir le monde entre mes mains. Je suis déjà prêt à le gouverner. Plus que trois petites années et tu seras à mes pieds en train de ramper pour pas que je te tue.

Mais sa réponse, je n'en ai rien à foutre. Je ne l'écoute que d'une oreille alors qu'elle rentre. Elle porte une magnifique robe bleu nuit avec des perles nacrées dispersées sur sa poitrine. Depuis quelques années, elle change. Elle devient une femme et aujourd'hui, on est passé dans la cours des grands.

[L.2] LOVE & SONGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant