[L.2] LOVE & SONG

Chapitre dix-sept : Ashley

"Your kiss, my cheek
Ton baiser, ma joue
I watched you leave
Je t'ai regardé partir
Your smile, my ghost
Ton sourire, mon fantôme
I fell to my knees
Je suis tombée à genoux"
Taylor Swift - This Love - XY

- Madame, Monsieur, en vue de notre prochain atterrissage nous vous invitons à regagner vos sièges et à attacher votre ceinture. Assurez- vous que vos bagages à main sont situés sous le siège devant vous ou dans les coffres à bagages. Les portes et issues doivent rester dégagées de tous objets encombrants. Le temps à Miami est ensoleillé et la température est de 66°F. Nous espérons que vous avez passé un agréable moment durant ce vol et nous vous souhaitons un bon séjour.

    Trois heures de vol. J'ai pris le premier avion. Aya m'a déposée chez moi, j'ai pris les premières affaires que j'avais sous la main et je suis partie. Miami. Mon refuge. Ma véritable famille.

    Lorsque je sors de l'avion avec ma valise cabine et mon manteau sur le bras, je m'empresse de rejoindre l'aire des taxis déjà pleine à cette heure-ci. Il y a une queue pas croyable mais rien ne me fera faire demi-tour. Peter a mal agi. Ces paroles n'auraient pas dû sortir de sa bouche. Il y a des limites. Il vient d'en dépasser une. Je le déteste. Je peux lui pardonner ce qu'il m'a fait au lycée parce qu'il m'a... non, il ne m'a pas pardonnée. Peter ne pourra jamais me pardonner ce que je lui ai fait et il ne me pardonnera sans doute jamais la trahison que je suis sur le point d'accomplir.

    Jonas. Les Parisi. Plus Peter me défend, plus ils me veulent et plus ils m'ont. Comment dire non quand on vous menace de retourner en enfer ? Je préfère mourir. Le cancer, son retour, bien sûr que j'étais vigilante, bien sûr que j'ai guetté son apparition jusqu'à... jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Il semble.

    Je ne veux pas de l'amour de Peter. Je ne veux pas de ces belles phrases qu'ils hurlent comme s'il tenait à moi. Ça va le briser, l'anéantir et comment il pourra se relever s'il dit m'aimer ? Il ne doit pas le dire. Moins on en dit, moins c'est réel. C'est mieux comme ça.

    Alors je quitte New York. Je ne veux plus le croiser, le voir, sentir son regard sur moi. Je veux être seule. Je ne veux briser personne autour de moi.

     Un homme en costume me regarde bizarrement et je n'ai pas d'armes sur moi. Je n'aime pas ça. Dans les avions de ligne, on ne peut pas avoir d'armes sur nous. C'est l'avantage du jet. Maya nous tuerait pour la planète que l'on crame et si Peter n'était pas un patron aussi peu indulgent, elle le démontrait pièce par pièce. Juste pour emmerder le monde. Juste pour qu'on ne l'utilise pas.

    L'homme se dirige vers moi et je reste bien au milieu de la file d'attente pour le taxi. Il arrive à mon niveau, me regarde de haut en bas, attirant les regards sur nous.

- Vous êtes Ashley Walker ?

- Peut-être.

- J'ai ceci pour vous.

    Il me tend un papier. Une carte de visite sur lequel il est inscrit un mot :

"Tu es toujours mon employée.
Ne perds pas de temps à faire la queue, la vie est précieuse.
Le patron qui veut se faire pardonner pour avoir dit une grosse connerie."

    Je souris et range le papier dans ma poche. C'est toujours bon à prendre. Je suis l'homme jusqu'à un SUV. Peter a vraiment merdé et je ne veux pas que ça se reproduise alors j'ai décidé de partir. Je ne sais pas si je rentrerai à New York. Toutes mes affaires sont prêtes, il n'y aura rien à faire. Enfin si, signaler ma mort à Aya et elle déclenchera le processus. Des personnes viendront chercher mes affaires pour les donner à des associations du quartier. Le reste, ce n'est qu'une bombe à retardement.