[L.2] LOVE & SONG

Chapitre dix-neuf : Peter

Cette femme est un calvaire. Incapable de gérer son temps pour être à l'heure. On a une demi-heure de retard quand on arrive au restaurant. Dois-je préciser que le temps de voiture est de cinq minutes ? Je m'installe en face d'elle sur une terrasse au-dessus de l'eau. Le restaurant est sur pilotis et il y a des éclairages dans l'eau. Ashley porte une robe blanche... magnifiquement repassée même je me suis battu avec les plis au niveau de la ceinture. Je crois que je vais devenir anti-robe, anti-vêtement. Vive les femmes à poils !

  Bordel je disjoncte, il faut que je baise.

   La serveuse est en train de distribuer les menus et de clairement reluquer la main d'Ashley pour voir si elle a une bague. Bientôt, elle va reluquer mes poches pour voir si j'ai une boîte qui ressemble à un petit cube dans lequel pourrait contenir une alliance. C'est une idée qui s'accompagne sûrement d'une balle de huit millimètres chez ma colocataire du moment. Ashley ignore la serveuse et se penche au-dessus de l'eau pour regarder les poissons.

- Tu sais si on a un masque dans la maison ?

- Non.

- On ira voir les poissons ?

- Sans moi.

- Cool.

Elle se fige et se redresse en me regardant. Je peux voir dans ses yeux qu'elle réalise ce qu'elle a dit.

- Je ne voulais pas dire cool sans toi mais cool, j'irai les voir.

- J'ai compris.

Elle a laissé ses cheveux lâches et elle porte un maquillage très léger. Ça lui va bien. Je l'ai déjà vue plus maquillée et je crois que je la préfère comme ça. Ça fait plus naturel. Elle ne quitte jamais son collier en platine avec une pierre précieuse bleue au milieu, il faut dire qu'il lui va bien. Sacrément bien.

    Elle a pris des couleurs à Miami. Sa grand-mère m'a dit qu'elle n'était pas sortie. Ça, je l'ai bien vu sur mon GPS. J'ai hésité. Quatre jours à tourner comme un lion en cage, j'ai bien cru que je devenais fou. Alors j'ai arrêté de réfléchir et je me suis retrouvée à Miami, avec un séjour aux Maldives réservés.

- Peter ?

- Mmh ?

J'aime cette façon qu'elle a de toujours m'interpeller avant de me parler.

- Tu crois que je peux prendre une entrée à la place d'un plat ? Je n'aurai jamais assez faim.

- Fais ce que tu veux, tu es le client.

- Pourtant, tu ne traites pas tes clients de la même façon, dit-elle en souriant.

Ça c'est clair. Je décide, ils prennent ou ils refusent mais ils savent que je suis le meilleur sur le marché. Personne ne m'impose quoi que ce soit.

    J'espère que l'emmener au restaurant le soir ne va pas la contrarier. Quand je vois ce qu'elle est capable de manger, parfois j'ai peur qu'elle s'évanouisse d'un coup. Comment elle fait pour avoir autant de force et d'énergie en ne mangeant que si peu ?

- T'y crois ça ? Il n'y a qu'un cocktail avec de la téquila !

Je crois que la téquila est la réponse à tout. Avec Eryne, elles doivent faire vivre les industriels de la téquila. Sans oublier Mila dans l'équation. Le pire c'est qu'elles ne boivent pas de petites quantités ! Non, un jour je les ai vues en prendre au petit-déjeuner avec un bol de céréales. Elles sont complètement tarées.

- Je t'offrirai une bouteille si j'ai le droit d'en boire sur ton corps.

- Non merci, j'irai m'en acheter une.