Chapitre un : Peter

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Je serai ton arme, ton bouclier et ton soldat. Ensemble, on s'en remettra.

Avril, Onze ans plus tôt.

    Ce matin j'ai reçu un mail. Il n'était pas simple. Il n'était pas anodin. J'ai souris comme un con assis sur mon lit. Et encore devant mon petit-déjeuner et encore maintenant dans cette église pendant que le prêtre dit son sermon.

- Mes bien chers Frères, Comme c'est curieux ! Comme c'est étonnant ! Comme c'est mystérieux ! En ce Vendredi-Saint la nature n'est pas en deuil , le soleil est radieux, contrairement au jour de la crucifixion de Jésus où les ténèbres se firent sur la terre entière. La nature est même très généreuse  ces-jours ci : les fleurs sont abondantes, les arbres fruitiers reverdissent.

    S'il savait. Lui et tous les autres à quel point je suis heureux. Je n'ai qu'une envie, sortir de cette église, mettre fin à cette messe de Pâques interminable pour rentrer et lui préparer de quoi la faire sourire. Encore. Pour toujours. Elle s'est relevée.

- Arrête de sourire comme un con, papa ne va tarder à te remettre à ta place.

- Mais voyons Kate, la nature est généreuse, les oiseaux chantent et le monde est beau. Souris au lieu de tirer la gueule.

    Mon père, je n'en ai rien à foutre. Depuis dix-huit mois mes parents sont plus durs, mon frère m'a à l'œil et ma sœur me protège comme si j'étais son poussin. Mais bordel, je suis heureux, en ce moment. Je m'en fous de porter les bleus que mon père m'a donnés pas plus tard qu'hier parce qu'il a surpris mon tatouage sur ma clavicule. Il a hurlé, gueulé, braillé puis face à mon silence, il a frappé. Il est comme ça. Tant qu'il ne touche pas mère ou Nate et Kate, je m'en fous.

- Qu'est-ce qui te fais sourire ? me chuchote Nate en douce.

- Ta gueule. Tu as un sourire d'ange et un corps divin.

- T'es con.

- Pas autant que toi.

    Il sourit et lève les yeux au ciel. Voilà comment on est entre frère et soeur et c'est parfait. Je ne pouvais pas rêver mieux.

    Je n'écoute pas le sermon, je préfère me réciter le mail que j'ai reçu ce matin à quatre heures cinquante-deux.

"Cher... inconnu,

Oui parce que soyons honnêtes, depuis quatorze mois, je ne sais pas comment tu t'appelles, à quoi tu ressembles ou encore moins ton plat préféré. Merci pour ton cadeau. Encore. Encore et toujours. J'ai souris comme un gamin à noël. Je ne sais toujours pas comment tu fais pour le déposer devant ma fenêtre mais j'ai adoré le voir en rentrant.

La chanson d'Adèle collait parfaitement et sache que je ne sous-estimerai jamais de quoi tu es capable. Après tout, tu es le seul qui me fait sourire et qui l'a fait quand mon monde s'est écroulé. Que l'adolescence est affreuse et que j'ai hâte de prendre mon envole.

Au fait, j'ai pensé à toi l'autre jour. J'ai écouté Rihanna (of course, c'est ma reine) et j'avais la chanson Push up on me. Je n'ai pas arrêté de rigoler toute seule dans ma chambre lorsque j'ai entendu "It's getting later baby, and I'm getting curious". J'ai pensé à toi. Bon, clairement on passera sur le fait que cette chanson est à caractère sexuel et je crois que j'étais un peu stone à ce moment mais j'ai décidé d'être curieuse alors je te propose un jeu. À chaque fois que tu me déposeras quelque chose au bord de ma fenêtre, tu t'engages à récupérer un bout de papier et à répondre à ma question. Promis, je serai gentille (mais vicieuse).

Sinon, à la base je t'envoie ce mail (à une heure tardive, soyons honnête et je n'arrive pas à dormir, tellement je suis heureuse) pour te faire part d'une bonne nouvelle. Parce que oui, tu peux être mon confident pour les mauvaises mais aussi pour les bonnes nouvelles. J'avais envie de t'écrire dès que je l'ai su mais... mes parents m'ont confisqué mon portable et tout objet électronique et je suis allée le récupérer en cachette. Alors voilà, je t'annonce officiellement qu'en septembre je reviens. Finis les nausées, les courbatures et... merde, je dois dire adieu à l'alcool et la drogue aussi. Bon, entre nous, je trouverai bien un moyen de fumer de temps en temps. La vie est une chance, il faut en profiter. Tu vas sûrement me voir arpenter les couloirs du lycée et chanter du Rihanna à tue-tête mais je m'en fous, je veux vivre et que les autres aillent se faire foutre.

[L.2] LOVE & SONGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant