Chapitre neuf : Ashley

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"Yeah you got that something
Ouais tu possèdes ce petit quelque chose
I think u'll understand when I tell you that
Je crois que tu comprendras quand je te dirai que
I wanna hold your hand
Je veux tenir ta main"
The Beatles - I want to hold your hand - XY
PS : Ceci n'est pas sarcastique mais impossible

    On est arrivé dans l'usine de fabrication du Mexique. Peter en a plusieurs dans le monde mais celle-là fait partie des plus proches de New York. Je ne sais pas vraiment pourquoi il a voulu que je vienne mais je l'ai senti. Ca faisait plusieurs jours qu'il rentrait tard et généralement, au bout d'un moment, il craque et me demande de venir avec lui.

     Joanne s'occupe de l'aspect financier et c'est Kate qui gère les relations. Je suppose que je dois prendre sa relève. Malheureuse, je sais que je n'aurai aucune indulgence. Après ce qu'il vient de se passer avec Eryne, je n'arrive pas à reprendre le dessus. Je me sens mal de lui avoir craché toutes ces paroles à la figure mais il le fallait. Pour elle. Pour moi. Je ne sais plus comment faire. La phrase tourne en boucle dans ma tête comme un disque rayé. Parfois, j'entends ces hommes la prononcer. Mes mains se mettent alors à trembler et mon pouls a s'accélérer. Ma tête tourne. Mon corps me fait mal. Ce n'est pas une crise de panique. Je sais que ce n'en ai pas une. J'aurai préféré. Vraiment.

    On rentre dans le premier entrepôt, celui où les armes sont fabriquées. Il y a des machines et des hommes qui vérifient à la loupe chaque objet. A peine on pose un pied dedans que tous les regards se lèvent et plus personne n'ose parler. J'avais oublié l'effet que peut faire la famille Jones. Les gens vous respectent. Ils seraient même prêts à leur lécher les chaussures pleines de merde si ça pouvait éviter la mort, une balle perdue par un Peter énervé. Peter n'a jamais eu aucune délicatesse. Eryne est la première personne extérieure à la famille envers qui il a eu de l'intention et dès qu'elle a pris le parti de Nate, il a aussitôt remis sa casquette de maçon. Il érige des murs avec tout le monde et sa confiance n'est pas à gagner, ni à mériter. Elle ne sera jamais, et je dis bien, jamais acquise.

   Le gérant de l'usine discute avec Peter pendant que je regarde autour de nous. Tous les ouvriers sont plutôt âgés sauf un. Je me dirige vers lui et ne m'arrête qu'une fois à son niveau.

- Comment tu t'appelles ? Je demande en espagnol.

    Un enfant. Pourquoi on les recrute si jeune, si innocent ? La réponse est simple. Ils ont besoin de travail. On a besoin de main d'œuvre. Les recruter le plus tôt possible c'est s'assurer avec plus de certitude leur dévouement envers l'organisation. Ils n'ont pas le temps d'aller voir ailleurs, de goûter à mieux et nos valeurs deviendront vite les leurs.

- Julian.

- Julian, puis-je voir cette arme ?

- Oui madame.

    Je saisis l'arme qu'il me tend. C'est un croisement entre un Glock 17 et Beretta 92FS. Un poid convenable mais encore trop lourd, un chargeur correct, 15 balles, un canon au design efficace. Je me place en position de tire. Le canon est de travers. Peter va être fou. Je désactive la sécurité, vise les croisements de quatre briques et tire. Je rate ma cible. Je ne rate jamais ma cible. Je me retourne et Peter me foudroie du regard mais je n'en tiens pas compte, je lui lance l'arme. Il l'attrape à la volée. Puis je passe à la personne suivante. Je prends l'arme, l'analyse, tire et ne manque pas ma cible. Je continue sur une vingtaine de personnes. Je n'ai pas besoin de regarder Peter pour savoir qu'il est énervé, ça se sent dans tout le bâtiment, mais il prend sur lui. Je récupère les armes défectueuses et m'avance vers le gérant.

- Je veux voir l'ingénieur.

   Je suis une femme alors forcément, il regarde Peter et Joanne avant de répondre à ma demande. Putain de monde patriarcal et de règles. Je hais les règles qui régissent votre vie, vos relations sociales ou votre manière d'être. Plusieurs fois j'ai voulu m'affirmer. Plusieurs fois j'ai été punie. Un coup de couteau à plat sur le bout des doigts, une noyade dans l'évier de la cuisine ou encore le fait de récurer la maison comme cendrillon parce que j'ai osé faire tomber un morceau de pain sur mes genoux. Mon père avait des méthodes et je n'avais pas besoin d'aller chercher bien loin pour savoir qu'il les tenait de son patron : Monsieur William Jones.

[L.2] LOVE & SONGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant