Chapitre 26

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Le docteur avait sorti Erin du coma artificiel après trois jours ; son pronostic était suffisamment bon, l'œdème bien résorbé. Elle avait prévenu la famille qu'Erin pouvait être désorientée, ne montrer aucun signe de communication, mais que cela était tout à fait normal, de ne pas paniquer. C'est une chose de se le faire dire, c'en est une autre de le vivre. Les yeux d'Erin erraient, ne se fixaient sur rien ni personne. Elle ne parlait pas non plus. C'était dur de la voir allongée dans son lit, le visage violacé, un bras dans le plâtre, une gaine enserrant son torse pour ses côtes fêlées, une minerve autour du cou afin de maintenir ses vertèbres bien alignées et soulager sa nuque. Questionnant le docteur, celle-ci expliqua qu'Erin avait ouvert les yeux, mais n'avait pas encore repris conscience, que cela se ferait par paliers.

Brooke ne quittait pas Erin. Charlotte passait le matin et revenait le soir, apportant des vêtements propres pour Brooke, lui faisant un point sur les messages et les appels. Elles n'avaient pas annoncé la sortie du coma, attendant qu'Erin soit réellement de retour. Elle restait assise, lui tenant la main, lui parlant, racontant des anecdotes, comme celle d'Amanda qui s'occupait de tout, dormant peu. Elle avait signé son contrat sans le lire, disant simplement à Amy : « Je vous fais confiance ». Amy récupéra le contrat en souriant avant de lui donner une enveloppe.

« À lire tranquillement chez toi », dit Amy.

Amanda était allée dans son bureau quand Amy se leva péniblement en entendant un vacarme terrifiant, craignant qu'un meuble mal fixé soit tombé dans le bureau d'Amanda. Celle-ci avait ouvert l'enveloppe et tenta de s'accrocher à sa bibliothèque quand ses jambes cédèrent, renversant tout sur son passage.

« Je t'avais demandé de l'ouvrir chez toi », soupire-t-elle.

Amanda pleurait avant de s'accrocher au cou d'Amy, la couvrant de baisers en la remerciant. Celle-ci tendit son bras au maximum pour récupérer le chèque, juste pour vérifier qu'elle n'avait pas mis un zéro de trop.


« B... Brr... Brrooke. »

Erin se concentra de toutes ses forces, s'épuisant pour prononcer son prénom et lui serrer la main, son pouce la caressant. Tout était flou, difficile. Mais quand enfin elle se fixa sur elle, celle qui était près d'elle, son nom lui revint, ses sentiments pour elle.

« Bonjour, mon amour, tu vas bien ?

— Qu'est-ce que je fais là ? J'étais avec Charlotte au Centre Commercial et on regardait les étoiles... mais le tracteur est en panne, il faut que je sorte le vieux.

— De quoi parles-tu, mon cœur ? » s'inquiète Brooke.

« La récolte, Amy arrive et... Brooke, j'ai mal au crâne, il faut que...

— Reste allongée, je m'occupe de toi. »

En sortant de la chambre, Brooke est en larmes. Une infirmière s'approche, la reconnaît.

« Bonjour, vous vous souvenez de moi ?

— Infirmière Erika ? Oui.

— Que se passe-t-il ? Parlez-moi.

— Je ne sais pas ce qu'il se passe, Erin vient de me parler, me reconnaît, mais ensuite elle semble ailleurs, ce qu'elle dit est incompréhensible. Elle se plaint de maux de tête.

— Restez ici, s'il vous plaît », dit-elle en entrant dans la chambre, avant de ressortir au bout de quelques minutes. « C'est normal d'être désorientée après un coma, j'ai eu peur qu'elle soit aphasique. J'ai fait des tests, elle répond bien aux commandes verbales et motrices, comme bouger les doigts, les jambes, tirer la langue, ça l'amuse d'ailleurs. Elle est un peu désorientée, il faut la stimuler. Je vais prévenir son médecin. Retournez lui parler, ça lui fait du bien.

ÉchoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant