Bonus 17

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Le lundi, l'employé du complexe chargé du courrier leur amène une enveloppe épaisse venue de Washington. Anahéra toute tremblante la monte à Nora.

- oh... voilà des nouvelles...

- je te laisse si tu veux...

- non, bien sur que non, et puis, j'ai la trouille de ce qu'il peut bien y avoir la dedans...

- moi aussi.

Nora l'ouvre. Et lit à haute voix ce qu'elle découvre.

C'est un mot de la directrice du centre. Le docteur Martins y décrit la première semaine de son patient.

Mathieu se remet bien de sa blessure. Il a accepté de suivre tous les ateliers qu'on lui a proposé. Il s'est ennuyé ferme pendant l'atelier méditation par le coloriage mais a proposé ses services pour aider le factotum dans son travail, ce que les soignants ont encouragé.

Elle parle d'un état psychologique stable mais dépressif. L'enfermement lui pèse mais elle promet qu'il va s'y faire.

Elle parle ensuite de l'enveloppe cachetée qui est dans la première. C'est le résultat d'une semaine de travail avec une intervenante spécialisée dans les relations sociales. Le but était de produire un écrit à remettre à la personne qui doit le plus souffrir de son absence. Le docteur Martins explique encore que la personne toute désignée pour être la destinataire de ce travail était Nora mais comme elle est aussi la source de sa chute psychologique, ils ne l'ont pas autorisé. Ce sera un peu l'examen final dans trois mois. La doctoresse ajoute que si on désire lui répondre, le courrier sera lu et pas forcement remis à Mathieu.

Nora ne cherche pas à l'ouvrir et la tend à Anahéra puisque son nom est mentionné dessus, elle a reconnu l'écriture de son frère.

- va la lire tranquille, conseille t elle.

- non, moi aussi j'ai peur...

Il n'y a, en fait, pas qu'une lettre. Il y a plein de pages pliées en quatre, certaines sont mouillées de larmes, d'autre raturées, un dessin d'un homme au visage cruel avec un fouet à plusieurs queues à la main, tout gribouillé, un coloriage de la reine des neiges soigneusement colorié, un collage avec des fleurs séchées. Les mots 'pardon' et 'je t'aime' sont sur chaque page. Un poème, enfin une tentative de poème, froissé et barré avec la mention NUL en travers. Elle déplie toutes ces pages passant du rire aux larmes à chaque fois et arrive à la lettre.

Une lettre d'amour, de remord, de manque... de dégoût de lui... On voit bien qu'elle a été froissée, jetée, récupérée dans la corbeille... tellement de fois. Les phrases sont barrées réécrites, soulignées... La consigne semble avoir été 'pas de deuxième feuille'...

Nora respecte la lecture de la jeune femme, elle ne cherche pas à savoir ce que contiennent toutes ses feuilles froissées. Elle rit quand Anahéra lui montre la reine des neiges. Les deux filles finissent enlacées sur le lit.

- je vais lui répondre mais quoi?

- fais le marrer, conseille Nora, ça a pas l'air d'être la fête là bas.

Et elles impriment un coloriage de Olaf le bonhomme de neige de la reine des neiges qu'Anahéra s'applique à bien colorier. Elle le termine, et décide que colorier l'a détendue. Elle en imprime plein de ce bonhomme et les colorie avec la même application. Pour finir, elle écrit sur chaque feuille un message laconique mais important «je t'aime» «tu me manques» «reposes toi» «ton remplaçant est un con» «je suis impatiente de t'épouser» «si on a une fille, j'aime bien Nina comme prénom».

Un soleil dans ma nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant