Chapitre 2

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Aaron

Il est minuit lorsque je franchis le pas de la porte de l'appartement. Un silence pèse entre les murs. Katya doit probablement dormir.

Je me dirige vers la cuisine pour prendre un verre de lait. Cette boisson me ramène souvent à mon enfance, à ma tante Miranda qui m'a élevé.

J'avale d'une traite ma boisson laiteuse avant de m'essuyer la bouche du revers de la main.

J'ai dîné avec Gwen en l'écoutant bavasser sur son nouveau mec. Je n'aurais peut-être pas dû sympathiser avec elle. C'est la patronne de la bijouterie et c'est un nouveau travail. Quoique, je ne compte pas finir mes jours en étant agent de sécurité. J'ai accepté ce poste pour avoir un deuxième petit salaire. J'aimerais bêtement tenter une formation pour devenir sapeur-pompier, mais mes idées reçues me poussent à croire qu'il me faut un casier vierge, ce que je n'ai pas.

Devant la porte de la chambre de Katya, je l'ouvre légèrement pour vérifier qu'elle est là. C'est une vieille habitude que de vérifier qu'elle dort chaque nuit. J'aspire à veiller sur elle, m'assurer qu'elle va bien, qu'elle ne manque de rien. C'est un peu hypocrite étant donné qu'elle paye pratiquement tout le loyer. Être issue d'une famille aisée a ses avantages.

J'entre dans ma chambre, celle en face de la chambre de Katya et me jette sur mon lit en attrapant mon téléphone. En le déverrouillant, je tombe sur ma conversation avec ma colocataire. J'ignore ce qui m'a pris de lui sous-entendre que j'avais une touche avec Gwen. Je ne vais pas coucher avec ma patronne, je ne suis pas débile. Certes, elle est mignonne, mais je connais mes limites. Pourtant, rendre jalouse Katya est tentant même si ce n'est pas l'idéale. Quelque part, j'ai envie d'être certain qu'elle éprouve quelque chose pour moi. Mais d'un autre côté, je ne ferais jamais avancer les choses. Je dois me contenter de son amitié. Jamais je ne lui imposerais mes tourments qui sont aussi nombreux que l'écume des mers.

                                         ***

Adossé contre le plan de travail de la cuisine, je sirote mon café noir pour digérer ma nuit courte. J'ai l'impression de ne pas avoir passé mon temps avec Katya depuis une éternité. Je rêverais de poser ma tête sur ses cuisses et qu'elle me caresse les cheveux une bonne partie de la nuit en regardant une vieille série musicale qu'elle aime tant.

-Oh, tu es déjà debout ? Demande-t-elle en entrant dans la cuisine.

Je repense bêtement à hier matin, dans la salle de bain. J'étais à deux doigts de me retrouver nu devant elle, mais ça n'avait pas l'air de lui déplaire. Elle a soutenu le regard sur ma taille.

Je frotte doucement ma main moite contre mon jean. Je devrais arrêter de penser à ces deux fois où j'ai pu toucher son corps. Ces nuits sont gravées dans ma mémoire et je tuerais n'importe qui qui essayera de me les enlever.
À cette époque, je jouais avec le feu et j'avais franchi la limite à ne pas franchir. J'étais con, bête et complètement jaloux de ce petit con de Jayden. Voir Katya heureuse avec ce type me donnait envie de gerber et me renvoyer à mes sentiments les plus profonds. J'aime éperdument cette femme et je n'ai pas su contrôler ma passion.

-Courte nuit..? Demande-t-elle doucement.

Elle se dirige vers le placard pour en extraire un paquet de céréales. Je m'arrête un instant sur sa jupe noire plissé avant de remontrer sur son visage. Elle a lissé ses cheveux, ce qu'elle ne fait que rarement. Je serre doucement le poing avant de me détendre, même si cette action est bien trop difficile.

Quand elle sortait avec Jayden, elle lissait souvent ses cheveux, car Monsieur le chanteur qui gueule, trouvait que ça lui allait mieux. J'emmerde ce petit con. Elle n'a pas besoin d'avoir les cheveux lisses pour être belle. Elle l'est au naturel, sans artifices.

Nous ou rien.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant