Chapitre 27

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Aaron

-Monsieur Davis, c'est l'hôpital psychiatrique à l'appareil.

-Je sais.. Dis-je nerveusement. Un problème ?

-Votre mère souhaite vous parler.

Je plisse les yeux en cherchant les prunelles claires de Katya. Ma mère veut me parler ? Je n'ai pas la force de recevoir ses attaques, mais j'accepte quand même. Au moins, personne ne m'a annoncé son décès. Comment je réagirais face à ça ? Est-ce que j'en pleurerais comme avec tante Miranda ? Est-ce que ça ne m'affectera pas ?

-Je vous la passe.

Un petit blanc s'installe et je me laisse tomber sur les marches d'escalier, le téléphone à l'oreille.

-Aaron.. mon fils..

Je déglutis.

-Oui ?

-Pourquoi tu me laisses seule pour le réveillon..?

Elle renifle et j'ai comme l'impression qu'elle se met à pleurer.

-Maman.. je.. on n'a jamais fait le réveillon ensemble.

Mes parents ne m'ont jamais offert de Noël digne de ce nom. Ils n'ont même jamais célébré cette fête. Tata Miranda m'offrait un cadeau et me cuisinait un bon repas, mais après sa mort, je n'ai connu que des Noël merdiques avant d'entrer dans la famille de Katya.

-Tu vas me laisser mourir dans cet endroit.

-Non, ils te soignent.

-Non ! S'écrit-elle. Ils sont pleins, ils m'observent. Ils veulent me tuer.

-De quoi tu parles ? Qui ?

-Je les entends !

Est-ce qu'elle parle des voix dans sa tête ? Elle délire complètement depuis des mois et ces foutus médecins ne réussissent même pas à la soigner. Je devrais sans doute désespérer. Il était trop tard quand nous l'avions ramené.

-Maman.. ça va. Je viendrais te voir dans deux jours.

-C'est trop long.. Ramène Noah avec toi..

-Il n'est pas là. M'agaçais-je. Je te l'ai dit la dernière fois, il est sur Seattle.

Je sens la douce main de Katya se poser sur mon épaule. Mes muscles se crispent. Je parle à un mur.

-Oh..

Elle semble se mettre à pleurer et je me frotte le front, impuissant. Elle me bouffe mon énergie à elle seule même si je montre le contraire.

-Je dois te laisser. Prend soin de toi.. Chuchotais-je.

Je raccroche sans attendre d'elle une quelconque phrase. Elle est si bipolaire qu'il m'est impossible de prévoir ses réactions.

-Comment tu te sens ? Demande Katya.

-Comme d'habitude. Fatigué. Soupirais-je.

-Tu as le droit d'arrêter de la voir.

-Mais je ne peux pas ! M'agaçais-je. Si je le fais, personne n'ira la voir !

Ma copine m'offre une douce grimace et je me lève pour traverser le couloir. J'ai besoin d'une autre clope.

En ouvrant la porte d'entrée, je tombe nez-à-nez avec Charles et sa copine.

-Salut. Dit-il.

-Salut. Grognais-je avant de les contourner pour aller fumer tranquillement ma clope.

Nous ou rien.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant