Nous ou rien.

Chapitre 5

Aaron

Martika me sert dans ses bras avant d'enlacer sa fille.

-Maman.. tu m'étouffes.

Elles rient et je m'extirpe pour déposer les cadeaux dans le salon, sous le sapin que Martika a décoré avec soin. Chaque année, elle prend du temps pour la décoration du sapin et de l'intérieur de la maison. Elle y met tout son coeur, contrairement à mon père qui n'en avait rien à faire. Il aimait Noël seulement pour les réductions sur sa bière.

-Aaron.

Charles me tend sa poignée de main que je serre doucement. Sa poigne est ferme, mais il me sourit au côté de sa copine blonde platine.

-Charles. Dis-je doucement. Ça fait un bail.

-Pas si loin. On s'est vus au club, tu ne te rappelles pas ?

Je ris jaune. Je n'aime pas trop assumer devant Katya que je vais dans des clubs. Ça validerait cette image qu'elle se fait de moi.

-Oui.. avec ta copine.

-Emilia. Dit-elle en me serrant la main.

Emilia est aussi grande que Charles et moi. Ses obus sont imposants pour sa silhouette mince et élancée. Elle n'en reste pas moins canon, mais je prends doucement conscience que ce genre de fille ne m'intéresse que pour une chose, baiser.

-Aaron ! Rit Luke en m'accordant une accolade.

D'aussi loin que je me souviens, je n'ai jamais reçu d'accolade de mon propre père. Peut-être des coups, des insultes, des hurlements, mais jamais d'accolades.

Le dîner du réveillon n'a rien à voir avec mes dîners en tête à tête avec ma tante Miranda. Luke mène l'ambiance en parlant fort, haut et en lançant toutes sortes de blagues, tandis que Martika nous gâte de nourriture. Je suis déjà à ma deuxième assiette de riz en sauce avec de la dinde.

Katya rit de bons coeurs en charriant son petit frère qui daigne rester en notre présence sans ses jeux vidéo. L'ambiance est détendue et j'apprécie ce cadre bienveillant et bombé d'amour.
Quelque part, au fond de moi, j'aimerais créer ma petite famille et apprécier ces moments simples qui rendent secrètement heureux. Mais je suis réaliste. Je ne peux pas. Je ne serais jamais suffisamment stable pour espérer ce mirage.

J'ai envoyé en cendres la maison de mon enfance pour brûler mes tourments avec. J'ai observé les flammes s'embraser et en l'espace d'une seconde, j'ai voulu laisser Noah à l'étage pour l'envoyer rejoindre mon père. Il ne m'a fallu que quelques secondes pour me battre avec moi-même et refuser cette idée. Bordel. J'étais prêt à le laisser à l'étage et brûler la maison.
J'ignore pourquoi ma vengeance s'est calmée pour m'offrir la possibilité de lui pardonner sa faute.
Je ne dis pas que je lui ai totalement pardonné. Je pense seulement que nous faisons une trêve qui me permet de réfléchir à toute cette merde.

-Aaron ?

Je relève la tête. C'est Martika qui me parle.

-Tu veux encore de la dinde ?

Je secoue la tête.

-Non, j'ai déjà du mal à finir mon riz. Je n'ai plus de place. Souriais-je en pointant mon ventre du doigt.

-Arrête, tu es maigre comme un clou. Rit Luke.

Je fronce les sourcils.

-Maigre ? Tu te moques de moi ? J'ai des muscles.

Il explose de rire en sifflant sa bouteille.

-Non. Je ne te crois pas. Charles est musclé. Regarde-le. Il va à la salle quatre fois par semaine.