Chapitre 11 : Pagaille sur le port

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Sophie se recula lentement, mais voyant l'air furibond de Alice elle sembla capituler et l'entraîna un peu à part ; Alexander et James étaient en grande conversation, et ne remarquèrent pas leurs messes basses.

_ Henry cherche simplement des preuves, murmura Sophie. Lucy a de son côté beaucoup de contacts avec des esclaves qui voient et entendent beaucoup de choses. Ils réunissent leurs informations.

_ Mais pourquoi ? interrogea Alice, furieuse. Pourquoi fait-il ça ? Pourquoi est-ce qu'il t'en parle, en plus ? Et pourquoi à elle aussi ? Il est complètement idiot !

_ Il n'est pas idiot, seulement blessé des agissements de votre père.

_ Il est idiot ! rétorqua Alice, des larmes de fureur perlant au coin de ses yeux. Il va nous faire tomber, tous ! Lui avec nous !

Elle planta là Sophie et s'éloigna, loin de la véranda, de la réception, se dirigeant droit vers le couvert des arbres. Elle avait besoin d'être seule, elle avait envie de hurler sa rage mais bien sûr, elle ne pouvait pas !

Henry avait non seulement complètement ignoré ses demandes, mais en plus il avait cherché à se faire des alliés en la présence de Sophie Menedis et de Lucy Jenkins ! Voilà, les choses stupides que Alice redoutait qu'il fasse. Ce ne serait pas pour autant qu'il arriverait à ses fins, William Karevell l'arrêterait avant. Forcément. Il savait tout, avant tout le monde !

C'était donc à Alice de saboter les plans de son frère, afin de le protéger ; de protéger sa famille. Elle ne pouvait pas le laisser tout détruire.

Elle aussi, il lui fallait des alliés.

Elle essuya les larmes de rage qui avaient coulé sur son visage et tenta de reprendre contenance, respirant calmement ; elle regarda autour d'elle, appréciant le couvert des arbres qui apportait un peu de fraicheur en cette chaude après-midi. L'été serait brûlant, il faisait déjà tellement chaud pour le mois de mai... Alice regrettait parfois de ne pouvoir pas juste porter son jupon et une simple chemise ; que ce serait agréable ! Sa robe en soie avait beau être magnifique, elle était aussi longue et chaude... Et vu l'état d'énervement dans lequel Alice était, il n'était pas étonnant qu'elle ait l'impression de bouillir de l'intérieur.

_ Alice ? Tout va bien ? interrogea soudain une voix derrière elle.

Alice fit volte face et découvrit James, la regardant avec suspicion ; il demanda à nouveau :

_ Qu'est-ce qui peut bien vous mettre dans cet état ? Toujours Henry ? J'ai cru comprendre pourtant que ça avait l'air de vous faire rire, finalement.

_ C'est autre chose, répliqua Alice, toujours énervée.

_ Et de toute évidence, cela vous rend complètement...

_ Complètement quoi ? le coupa Alice. Folle ?

Elle le foudroya du regard et il éclata de rire, avant de répondre en s'approchant doucement d'elle :

_ J'aurai plutôt dit bouleversée, en fin de compte. Ce qui est assez étonnant, car vous avez plutôt l'air d'être glaciale et sans âme, d'après Sophie Menedis.

Alice leva les yeux au ciel et dit d'un air dégoûté :

_ C'est elle qui dit cela ?

_ Et si nous allions vous changer les idées, Alice ? lança James. Cela vous intéresserait de partir d'ici et d'aller sur le port ? J'y ai des affaires en cours, mais je serai surtout ravi de m'y promener avec vous.

_ Vraiment ? s'étonna Alice.

Puis, réfléchissant un instant, notamment sur le mot « affaires » utilisé par James, elle demanda :

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