Le lendemain matin, Alice et Henry furent sur le pied de guerre très tôt ; il fallait éviter les soupçons de leur famille, bien sûr, mais William Karevell était déjà parti quand ils prirent leur petit déjeuner, et Isabelle Karevell bien trop occupée avec ses listes concernant le futur mariage de Henry pour leur prêter la moindre attention.
C'est en sellant leurs chevaux que les choses se corsèrent, car Michael déboula dans les écuries avec l'air de celui qui prépare un mauvais coup.
_ Où allez-vous ? demanda-t-il d'un ton inquisiteur.
_ Pas tes affaires, rétorqua Henry sans lui accorder le moindre regard.
_ Je crois que si, Père m'a demandé de te surveiller, ce matin, dit Michael d'un air très satisfait.
Alice fronça les sourcils, tandis que Henry se retournait et toisait son frère ; il demanda avec raideur :
_ Et pour quelle raison ?
_ Il m'a simplement demandé d'empêcher quiconque dans cette maison de quitter les lieux, répondit Michael. Notamment toi.
_ Je n'ai pas très envie de t'obéir, rétorqua Henry.
_ Je doute que Père soit ravi de l'apprendre.
_ Qu'est-ce qu'il mijote ? interrogea brusquement Alice.
_ Ma douce Alice, ce serait plutôt à moi de te retourner la question.
Alice pinça les lèvres, et prit les rênes que lui tendait Henry ; Michael se planta devant les portes, et dit tranquillement :
_ Hors de question que l'un de vous sorte. Peu m'importe ce qui peut t'arriver, mon frère, mais je n'ai pas envie qu'il arrive malheur à ma sœur.
_ Père ne me fera rien si je lui désobéis, dit Alice d'une voix impérieuse.
_ Lui non, mais ce qui se passe en ville c'est autre chose.
_ Et que se passe-t-il ? demanda Henry avec impatience. Toi qui a l'air de tout savoir.
_ Je sais juste que Père a des affaires à régler, affaires qui pourraient causer quelques dégâts.
Henry et Alice échangèrent un regard, et Michael reprit :
_ Et je sais, et lui aussi, que vous savez très bien de quoi il s'agit. Mais il est temps de cesser de vous mêler de ce qui ne vous regarde pas.
Les deux frères se défièrent du regard, et Henry dit d'un ton glacial :
_ Je n'ai pas l'intention de laisser passer cette occasion.
_ Je ne sais pas ce que tu as en tête Henry, mais à ton avis, pourquoi as-tu perdu autant de choses en si peu de temps ? Ton associé d'affaires illégales, ton petit esclave rapporteur, ton temps aussi... Tu veux aussi perdre ta vie ?
Michael disait ces mots avec un air railleur qui rendit fou Henry ; sans prévenir, il donna un coup de poing à son frère, et les chevaux hennirent derrière eux. Il attrapa les rênes du sien tandis que Michael se tenait la tempe en grimaçant ; il s'écarta des portes, et dit d'un ton sifflant :
_ Parfait, pars faire ton malin... J'espère que tu vas y rester, toi aussi. Bon débarras.
Henry lui jeta un regard noir et enfourcha son cheval ; Alice voulut faire de même mais Michael lui attrapa le bras, et Henry dit d'une voix tremblante, tellement il était furieux :
_ Reste ici, Alice. S'il te plaît.
_ Non ! protesta A lice en dégageant son bras.
_ Fais le, s'il te plaît ! Lucy et Sophie sont déjà là-bas. Si quelque chose tourne mal...
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Les Colonies
Historical FictionComme beaucoup de familles anglaises, c'est confiants et sûrs d'eux que les Karevell quittèrent l'Angleterre pour la Caroline du Sud afin de profiter des richesses des colonies britanniques, en plein cœur du XVIIIème siècle. Henry Karevell pensait...