Chapitre 14 : Un rendez-vous secret pas si secret

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Le soir même de cette rencontre, Henry avait prévu de retrouver Sophie cette fois pas très loin de chez elle, derrière la plantation de son père.

Il l'attendait de pied ferme bien avant l'heure du rendez-vous, et s'en mordit très vite les doigts en voyant Oliver Menedis au loin, en train de rudoyer les esclaves qui avaient fini leur journée. Henry se dissimula derrière un bosquet, maudissant Sophie qui avait dit que Oliver et Alexander seraient absents ce jour. De toute évidence, elle s'était trompée.

_ Bonsoir Henry, murmura soudain une voix derrière lui.

Henry se retourna vivement et sourit à Sophie ; en à peine une enjambée il était près d'elle, et il la serra contre lui en fermant les yeux, appréciant ce contact. La suite de la soirée serait sûrement moins agréable. Il avait omis de lui parler du mariage arrangé avec Helena, et il était plus que temps qu'il lui annonce que la fête de fiançailles aurait lieu dans moins de quinze jours.

A la demande des Ferewoll, les Menedis seraient invités ; eux n'avaient pas de soucis avec cette famille. Mieux valait que Sophie n'apprenne pas la chose le jour de la fête...

_ Tu avais dit que ce serait sûr de se retrouver ici, mais je t'avoue que voir Oliver pas loin ne me plaît pas trop, dit Henry à voix basse.

_ Il ne vient jamais par ici, répondit Sophie sur le même ton en l'entraînant vers les bois.

Ils se mirent à l'abri des regards sous le couvert des arbres, et Sophie dit avec un air de conspiratrice :

_ J'ai passé la journée avec Lucy et Hermione, à entendre les témoignages des esclaves des plantations des Jenkins, des Ferewoll et des Mandinier. Bien sûr, on ne leur a pas parlé de ton père, uniquement de ces deux hommes d'après les descriptions d'Achille. C'était plutôt concluant...

_ Vraiment ? s'étonna Henry.

Il n'avait pas vraiment compté sur ces témoignages ; même sans mentionner le nom Karevell, il pensait que les esclaves refuseraient de dire quoi que ce soit.

_ Et alors, qui sont-ils ?

_ Ils sont restés en ville quelques semaines seulement, révéla Sophie. Deux frères, blancs...

_ Exactement ce que Achille nous avait déjà dit, s'impatienta Henry.

_ Ecoute moi jusqu'au bout, bêta ! se défendit Sophie. Ce sont des Ecossais, ils ont pris le bateau pour la Jamaïque juste après l'incident, mais d'après certains esclaves qui ont eu affaire à eux, ils reviendront car ils ont des affaires en cours. Ils avaient prévu d'acheter une petite plantation ici, dans quelques mois.

_ Quand l'affaire se sera tassée, j'imagine...

_ Exactement. Des esclaves nous ont dit que des planteurs riches de Charleston leur avait proposé des terres. C'est vraiment génial, Henry. Ils vont revenir !

L'enthousiasme de Sophie gagna Henry et il lui sourit largement, ravi d'entendre ces bonnes nouvelles ; il dit avec exaltation :

_ Il ne nous reste plus qu'à préparer leur retour ! Comment pourrait-on les intimider ? Il faudrait que Lucy nous concocte quelque chose... En tant que sorcière, elle pourrait les intimider !

_ Attention à cela, Henry, prévint Sophie. Lucy ne doit courir aucun danger.

_ Elle n'a pas besoin de se montrer, dit nonchalamment Henry. Il va falloir que je lui en parle ! Demain ! Dès demain matin.

Sophie rit, et prit délicatement le visage de Henry entre ses mains ; elle l'embrassa tendrement, et dit avec douceur :

_ Tu l'auras ta justice. Ton père finira par payer.

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